Centre ville de Tunis : Au deuxième jour, le confinement n’est pas vraiment respecté (Reportage)

10-05-2021

Ce lundi, la Tunisie entame son deuxième jour sous confinement général. Un confinement d’une semaine, du 9 au 16 mai, décrété vendredi dernier par le gouvernement afin de freiner la propagation du Covid-19 à l’approche de la fête de l’Aïd-el-Fitr, alors que les contaminations et les décès ne cessent d’augmenter depuis plusieurs semaines.

Le pays vit son deuxième confinement général depuis le début de la pandémie en mars 2020. Si les mesures restrictives ont été suivies il y a un an, elles semblent être, aujourd’hui, prises à la légère par les citoyens.

En temps normal, l’Avenue Habib Bourguiba, principale artère de Tunis la capitale grouille de monde.

Ce lundi matin, elle est fermée aux voitures et c’est un silence presque religieux qui s’impose. Pourtant à la différence du premier confinement, beaucoup plus de personnes circulent dans les rues, que ce soit en voiture ou à pieds.

Les bancs qui ornent l’allée centrale de l’Avenue sont tous pris. Rassemblés en groupes, des citoyens ont décidé de braver l’interdit et de se promener. « Nous avons décidé de sortir et de profiter du beau temps.
Le ramadan, ajouté à un confinement ce n’est pas vivable… », nous explique un homme retraité assis sur un banc avec 4 de ses amis.

Pourtant, le confinement a imposé aux boutiques non-essentielles de fermer leurs portes. Ainsi, les rideaux sont presque tous baissés à l ‘exception des épiceries, boulangeries, pâtisseries, banques et autres agences de téléphonie mobile.

Des patrouilles de police sont postées à chaque coin de rue de l’avenue Habib Bourguiba. Mais ils n’effectuent aucun contrôle sur les personnes présentes dehors. Interrogé anonymement, un policier nous explique que le confinement n’est pas vraiment respecté. « Tout le monde se balade comme si de rien n’était et nous nous n’avons pas assez de moyens humains pour réprimander toutes ces personnes », nous dit-il dépité.

Ce dernier renvoie la balle à la conscience des citoyens, qui pour lui ne se rendent pas compte que la situation sanitaire est grave.

Un peu plus loin, au niveau de la Rue Charles de Gaulles, un passant a été contrôlé par la police pour non-port du masque. Pourtant, ils sont nombreux à ne pas porter de masque. Encore une fois, le manque de moyens humains ne permet pas de réprimander tous ceux qui dérogent aux gestes barrières, laissant la porte ouverte aux infractions liées au confinement.

A l’approche de l’Aïd, ce confinement a mis à mal les commerçant de vêtements. Direction le souk de la médina afin de se rendre compte de l’ampleur des dégâts. Les ruelles, à l’accoutumée noir de monde à la veille de l’Aïd-El-Fitr, sont désertes. Tous les rideaux des magasins sont baissés.

Mais au détour de l’une d’elle, nous retrouvons Mohamed, propriétaire d’une boutique de prêt-à-porter. Lui aussi a décidé de ne pas respecter les consignes. Depuis ce main, il a ouvert son commerce. « Moi je ne fermerai pas. J’ai acheté de la marchandise, en échange de chèques que je dois honorer. Si je n’y arrive pas j’irai en prison! », lance-t-il.

Et il n’est pas le seul. Dans la nuit de dimanche à lundi, de nombreuses vidéos  ont circulé sur les réseaux sociaux montrant des quartiers de Tunis, notamment le cité Ettadhamen, où les vendeurs ambulants, boutiques et autres cafés étaient ouverts avec une clientèle au rendez-vous. Sur les mêmes images, des camions de police étaient bien là sans pouvoir agir, tant la foule était nombreuse et les tensions palpables. A cet égard, Mohamed, le vendeur de vêtements de la Médina, a décidé lui aussi qu’il continuerai à travailler. « Si c’est la loi alors il faut l’appliquer à tous », souligne-t-il.

En ce qui concerne les barrages de police mis en place sur les routes et autoroutes, le contrôle des véhicules semble difficile pour la police. En effet, sur la GP8 qui relie le centre ville de Tunis à la route de Bizerte, pas moins de 3 check-points ont été installés formant des embouteillages.

Les véhicules sont beaucoup plus nombreux que pendant le confinement de mars dernier. Impatients, les conducteurs n’hésitent pas à klaxonner afin de mettre la pression aux policiers en vue de laisser passer tout le monde. Une technique qui à l’air de fonctionner. En effet, après 10 minutes de contrôle individuel des véhicule, les policiers décident finalement de lâcher prise et de laisser passer tout le monde sans le moindre contrôle.

 

Malgré le confinement, le gouvernement a décidé de poursuivre sa campagne de vaccination. Ainsi, les personnes détentrices d’une convocation ont le droit de se rendre dans les centres dédiés. Avec le confinement et la mise en place d’un service minimum dans les transports, il est à craindre que de nombreuses personnes ne se rendent pas à leur rendez-vous pour se faire vacciner. Mais, pourtant, devant le centre de vaccination de l’Ariana, les citoyens étaient bien là. Un embouteillage monstre s’est même formé devant l’établissement et ils étaient des centaines de personnes à faire la queue en plein soleil sans aucune mesure de distanciation.

Retrouvez dans la vidéo-ci dessus des images du centre-ville de Tunis en ce deuxième jour de confinement.

Wissal Ayadi