Confinement obligatoire : Les hôtels s’y adaptent, les Tunisiens de l’étranger crient à l’injustice (Enquête)

19-05-2021

Depuis le 3 mai dernier les passagers en provenance de l’étranger en direction de la Tunisie sont soumis à un confinement obligatoire de 7 jours à leurs frais dans un hôtel dédié.

Une mesure prise par les autorités pour la deuxième fois, cette année, afin de limiter la propagation du Covid-19 et notamment les variants.

Afin d’en savoir plus sur les conditions d’accueil dans ces hôtels, nous avons receuilli quelques témoignages d’hôteliers mais surtout de Tunisiens résidant à l’étranger pour qui, ce confinement est une véritable contrainte.

Des hôtels transformés en centres de confinement

Ainsi, 27 établissements à travers le pays ont été transformés en centres de confinement. Il s’agit de 7 hôtels à Sousse, 7 à Tunis, 5 à Hammamat, 3 à Monastir, ainsi que d’un hôtel à Djerba, un à Hammam-Chott, un à la Marsa, un autre à Ennasr 2 et un à Bizerte.

Le confinement obligatoire à l’hôtel doit être accompagné d’un test PCR négatif de moins de 72 heures.

Avant même l’embarquement à l’aéroport, les voyageurs doivent montrer leur réservation dans un de ces hôtels sélectionnés par le ministère de la Santé. Celle-ci doit être payée pour ne laisser place à aucun moyen de contourner ce confinement.

Une fois arrivés à l’aéroport, des bus attendent les passagers pour les conduire dans les établissements qu’ils ont choisis. Afin de pouvoir satisfaire toutes les bourses, plusieurs gammes d’hôtels sont disponibles ; du petit hôtel 2* au luxueux 5*.  Les prix oscillent, quant à eux, entre 87DT et 400DT.

Parmi eux, il y a l’hôtel Président (4*) , situé dans la célèbre station balnéaire d’Hammamet devenue aujourd’hui une ville fantôme, faute de touristes.

Anis Suissi, conseiller principal chargé du département commercial, nous explique que la conversion de son établissement en centre de confinement s’inscrit dans une logique de rentabilité. « Avec le Covid-19, il n’y a pas de touristes. Alors au lieu de laisser l’hôtel fermé et le personnel au chômage, nous avons choisi de travailler avec le confinement obligatoire ».

Anis Suissi indique qu’une campagne de marketing dédiée a été organisée sur les réseaux sociaux et auprès des agences de voyage, qui depuis peu, proposent des offres de confinement. L’hôtelier dit également qu’une offre promotionnelle a été mise en place. Pour 7 nuitées à 95 dinars la nuit, 2 seront offertes.

Il souligne par ailleurs, que les hôtels en question subissent un contrôle au préalable des ministères du Tourisme et de la Santé afin d’être agréés. « Une visite de contrôle est établie par les services du ministère de la Santé afin de vérifier si le protocole sanitaire est respecté et si un circuit covid a été mis en place afin d’accueillir au mieux les clients », nous dit-il.

A l’intérieur de l’établissement, les clients sont conduis à leur chambre directement, d’où ils n’en sortiront pas avant la fin de leur période d’isolement.

Les repas sont livrés à chaque chambre à travers un room service, sans qu’aucun contact ne soit établi entre le personnel et le client.

« Nous servons des repas équilibrés avec une entrée, un plat (viande, volaille ou poissons), un dessert et des boissons softs. Si le client veut quelque chose en extra, il peut demander au room service et nous lui apportons. Ils seront ajoutés à sa facture en sortant », nous dit Suissi.

Au bout du 5ème jour, les clients sont soumis à un Test PCR à leur charge (170DT) qui déterminera s’ils peuvent sortir ou non au bout du 7ème jour. Un prélèvement effectué par des laboratoires qui se déplacent directement à l’hôtel. Un personnel du ministère de la Santé est, par ailleurs, présent en permanence à l’hôtel, assure-t-il.

Il ajoute par ailleurs, que cette décision a été prise également afin de préparer la saison touristique qui arrive à grand pas. En effet, ce confinement obligatoire est pour le moment en vigueur jusqu’au 6 juin prochain. L’hôtel Président a prévu son ouverture au public le 12 juin prochain.

Mécontentement des TRE

L’annonce de ce confinement obligatoire de 7 jours a entraîné une vague de mécontentement, notamment parmi les Tunisiens résidents à l’étranger (TRE). En effet, cette mesure est arrivée en même temps que la fête de l’Aïd-El-Fitr, période durant laquelle de nombreux ressortissants voulaient revenir en Tunisie.

S’ils ont été nombreux à annuler leur départ, d’autres ont décidé tant bien que mal de venir. Ainsi, depuis début mai, sur les réseaux sociaux beaucoup de TRE ont critiqué l’accueil dans les hôtels.

Hygiène, nourriture désastreuse, service médiocre…les commentaires négatifs n’en finissent pas. De plus, ces derniers considèrent que cette mesure constitue une forme de discrimination et demandent aux autorités l’annulation de ce confinement et le remboursement par l’Etat du test PCR.

A cet égard, le 17 mai derniers quelques députés de l’Assemblée des Représentants du Peuple, pour la plupart députés de l’étranger, ont adressé une correspondance au Chef du Gouvernement afin de lever cette mesure.

Zied Ghanney fait partie des signataires. Contacté par téléphone, le parlementaire d’Attayar explique qu’il s’agit d’une mesure discriminatoire. « Nous ne pouvons pas imposer un confinement de 7 jours à des personnes venant de l’étranger quand en Tunisie, tout est ouvert et que la vie continue son cours comme, s’il ne se passait rien », nous dit-il.

A noter qu’en mars dernier, l’isolement obligatoire de 7 jours avait été levé sous la pression de quelques députés mais aussi des hôteliers qui misent, notamment sur les Tunisiens résidents à l’étranger afin de sauver la saison estivale.

Wissal Ayadi

1 Auteurs du commentaire
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Ben redjeb

Voilà comment nous sommes remercie comme des chiens….!
Pour infos la diaspora a envoyé près de 1,5 Milliard D’euros sur l’année 2018 a2020 , soit 5,7 Milliard de Dinar Tunisien.
Bien plus que sur le tourisme 2017 , 18 , 19 et 2020
Que faut-il y penser de la façon comme ils nous traite !