Confinement Vs Déconfinement en Tunisie : l’erreur sémantique du gouvernement

23-04-2020

Le gouvernement Fakhfakh a présenté hier, mercredi 22 avril, les axes majeurs de ce qu’il qualifie de stratégie de confinement ciblé, qui sera menée sur 4 étapes. La première commencera le 4 mai prochain et concernera la levée progressive du confinement sur certains secteurs stratégiques et vitaux, lourdement affectés par les restrictions imposées par l’Etat pour freiner la propagation du virus.

Le gouvernement semble être en difficulté à appréhender ce processus de déconfinement par étapes, notamment à la date du 4 mai, et les immenses préparatifs logistiques et organisationnels qu’il requiert, d’autant que rien n’est encore joué en termes de moyens de prévention nécessaires : masques, gel, etc.

La Tunisie n’est pas seule dans cette situation, tous les pays qui comptent s’engager dans une proche échéance dans le déconfinement marchent sur des œufs, de crainte que les choses se passent mal, que les lourds sacrifices consentis en stoppant net l’activité économique, et le coût incommensurable qu’ils engendrent à l’échelle des individus, des ménages, des entreprises, des Etats, se révèlent vains, si un rebond de l’épidémie, ou une deuxième vague comme tout le monde semble le redouter, venait à intervenir.

Navigation à vue

Face à cette pandémie sans aucune autre commune mesure dans l’histoire contemporaine de l’humanité, il y a une certaine navigation à vue planétaire. On pèse, et on sous-pèse, on allège et on durcit, on ajuste et on réajuste, on confine et on déconfine au fil du temps, selon l’évolution de la situation épidémiologique. Rien n’est moins sûr ; aucune planification à court ou à moyen termes n’est possible, soit une situation marquée par l’incertitude qui risque de perdurer longtemps, tant qu’un traitement et un vaccin ne sont pas trouvés, pour venir à bout du virus.

Ainsi, au milieu de ce printemps, différents pays aux quatre coins de la planète évoquent des politiques ou des plans de déconfinement ; un processus compliqué pour les uns, un casse-tête pour les autres, mais quoi qu’il en soit, la perspective d’une levée des restrictions donne l’espoir de retrouver un soupçon de vie normale et de remettre la machine économique en marche, même si rien n’est gagné d’avance.

La Tunisie qui a décrété le confinement depuis plus d’un mois (dimanche 22 mars à 6h du matin), s’apprête elle aussi, à lever cette assignation à résidence d’une manière sélective, comme le recommande la communauté scientifique, et la cadence imposée par l’évolution de la propagation du virus. C’est bien beau, et ça donne de l’espoir, malgré les craintes et les difficultés. Le problème réside néanmoins dans la sémantique, le gouvernement parle d’ »une stratégie de confinement ciblé », or il est plus exact d’évoquer un plan de déconfinement ciblé et orienté vers certains secteurs économiques et corps de métiers, comme il en est question un peu partout. Le but n’est-il pas de s’acheminer peu ou prou vers un rétablissement de la situation et de laisser le confinement derrière nous, a fortiori que ce plan s’étend jusqu’à la fin du mois de Juin ?

L’on se rend compte de ce fait de l’importance du discours officiel. Car les termes choisis par les décideurs sous-tendent normalement une vision et une stratégie fondée sur une politique.

La communication de crise obéit à des règles strictes de clarté et de précision, ne devant souffrir aucune interprétation ou cacophonie, risquant de compromettre l’objectif suprême à atteindre.

Une rectification s’impose !

H.J.