Décès de Foued Mebazaa : L’ancien président par intérim s’est éteint à l’âge de 91 ans

24-04-2025

Foued Mebazaa, figure politique de premier plan de la Tunisie post-indépendance, est décédé ce mercredi 23 avril 2025, à l’âge de 91 ans. Président de la République par intérim au lendemain de la révolution de 2011, il aura traversé plus d’un demi-siècle de vie politique, occupant de nombreuses fonctions ministérielles et diplomatiques sous les présidences de Bourguiba et Ben Ali.

Né à Tunis en 1934 dans une famille bourgeoise – commerçants du côté paternel, dignitaires religieux du côté maternel – Mebazaa a été formé au prestigieux Collège Sadiki, avant de poursuivre ses études à Paris, où il obtient une licence en droit et sciences économiques.

Engagé très tôt dans la vie publique, il est successivement nommé ministre de la Jeunesse et des Sports en 1973, ministre de la Santé en 1978, puis ministre des Affaires culturelles et de l’Information en 1979. En parallèle de ses fonctions gouvernementales, il est nommé ambassadeur à Genève auprès des Nations unies (1981-1986), puis au Maroc (1986-1987).

Sous le régime de Ben Ali, il retrouve brièvement le portefeuille de la Jeunesse et des Sports, avant d’être élu, en 1997, président de la Chambre des députés – un poste stratégique qui fera de lui, des années plus tard, le successeur constitutionnel du chef de l’État en cas de vacance du pouvoir.

Après la chute de Ben Ali, le 14 janvier 2011, Mebazaa est désigné président de la République par intérim par le Conseil constitutionnel, en application de l’article 57 de la Constitution de 1959. Dans un contexte de transition chaotique, il prend une décision historique le 3 mars 2011 : convoquer une élection pour une Assemblée constituante chargée de rédiger une nouvelle Constitution.

Le 12 décembre 2011, il transmet solennellement les pouvoirs à son successeur élu, Moncef Marzouki, au terme d’un mandat transitoire qu’il a assuré avec retenue et sens de l’État. Cette passation, marquée par une sobriété toute républicaine, reste l’une des rares transmissions pacifiques de pouvoir dans l’histoire récente du pays.

Outre ses fonctions nationales, Foued Mebazaa a également été maire-gouverneur de Tunis (1969-1973), de La Marsa (1975-1980) et de Carthage (1995-1998), témoignant d’un ancrage profond dans la gestion municipale.

Avec la disparition de Foued Mebazaa, la Tunisie perd un homme d’État discret mais déterminant, qui aura incarné, dans un moment critique de l’histoire contemporaine du pays, la continuité républicaine et le passage pacifique vers une nouvelle ère.

Gnetnews