Dimanche, la conférence de Berlin sans la Tunisie : Enjeux et résultats attendus !
La conférence de Berlin en vue d’une sortie de crise en Libye, se tiendra demain, dimanche 19 janvier 2020, en l’absence de la Tunisie, qui n’y a pas été conviée. L’attitude de l’Allemagne qui a excepté Tunis de la participation à cette conférence, alors qu’elle y a invité l’Egypte et l’Algérie, suscite étonnement et interrogations en Tunisie.
Dans une interview avec DW, l’ambassadeur de Tunisie en Allemagne, Ahmed Chafra, avait exprimé cette semaine « le grand étonnement » de la Tunisie, face à son exclusion de cette conférence.
Du côté de la présidence et du ministère des Affaires étrangères, c’est silence radio. Aucune réaction officielle n’a été exprimée envers ce geste discourtois, voire inamical de l’Allemagne.
L’ambassadeur d’Allemagne à Tunis, Andreas Reinicke, a imputé les causes de l’absence de la Tunisie de Berlin, demain dimanche, à « des propositions sécuritaires des Nations-Unies, ayant appelé à écarter les parties agissantes en Libye de la conférence ». « La présence de la Tunisie est nécessaire à la conférence de Berlin et la Tunisie voudrait y participer, mais le nombre de participants est limité, et c’est pour cela que la Tunisie n’était pas présente », a-t-il déclaré jeudi dernier sur Express.
Faiblesse de la diplomatie tunisienne
L’absence de la Tunisie semble, néanmoins, imputée à la faiblesse de sa diplomatie, et au fait que la classe politique tunisienne sortie des urnes, est nouvelle, et n’a pas encore fait ses armes sur le plan diplomatique.
L’attitude du président Kaïs Saied envers la cause palestinienne, et son rejet de toute forme de normalisation avec Israël, pourrait explique, selon certains, observateurs, l’exclusion tunisienne, d’une réunion décisive qui décidera de la destinée de son voisin du Sud-Est, dont la situation l’impacte grandement sur les plans économique et sécuritaire.
En attendant que les autorités allemandes expliquent les vraies raisons d’écarter les autorités de Tunis, la capitale allemande abritera demain ce rendez-vous international attendu de longue date, qui rassemblera les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, en l’occurrence, les Etats-Unis, la Russie, la France, la Grande-Bretagne et la Chine, ainsi que les Emirats, la Turquie, le Congo, l’Italie, l’Egypte et l’Algérie.
Par ailleurs, quatre organisations internationales et régionales y prendront part : les Nations-Unies, l’Union européenne, l’Union africaine et la Ligue arabe.
Le président du conseil présidentiel du gouvernement d’union nationale libyen, Faez el-Sarraj, prendra part aux travaux, alors que son rival, le Maréchal Khelifa Haftar s’est limité à donner son accord de principe d’y être présent.
Dans une déclaration relayée par Dutch Wella (DW), le ministre des Affaires étrangères allemand, Heiko Maas, a fait savoir que « le Maréchal Khelifa Haftar avait exprimé ses dispositions à consentir à une trêve en Libye, et à être présent dimanche à la conférence de Berlin ».
Sarraj et Haftar ont été présents mardi dernier à Moscou pour signer un accord de cessez-le-feu sous co-parrainage russo-turc, mais le premier a signé, et le second a quitté la capitale russe sans le faire, demandant à mener au préalable des concertations avec des parties, qu’il n’a pas nommées.
Selon l’agence de presse Russe TASS, la conférence de Berlin proposera de répartir le règlement de la crise libyenne en six paniers :
Cessez-le-feu :
La déclaration finale incite les belligérants en Libye à un cessez-le-feu, saluant la baisse de l’intensité des combats depuis le 12 Janvier, ainsi que les concertations qui ont eu lieu à Moscou le 14 janvier dernier pour préparer les conditions d’un accord de cessez-le-feu,
Embargo sur les armes :
Dans le projet de déclaration, les participants s’engagent à se soumettre d’une manière complète et sans conditions, aux résolutions du Conseil de sécurité y afférentes, et appellent le C.S. à imposer des sanctions aux pays qui violent l’embargo sur les armes et l’accord de Cessez-le-feu,
Processus politique :
La déclaration appelle à la formation d’un conseil présidentiel agissant et d’un seul gouvernement d’unité qui sera validé par le parlement libyen. Elle incite les parties en conflit à retourner au processus politique sous le parrainage des Nations-Unies, en vue de la tenue d’élections présidentielle et législatives libres et indépendantes.
Réformes sécuritaires :
Le projet de déclaration dit le besoin de réformer le secteur de la sécurité en Libye, appelant l’Etat à monopoliser l’usage légal de la force. Les participants à la conférence appuient la création de forces armées libyennes unifiées, et de forces de police sous le contrôle des autorités civiles centrales,
Réformes économiques :
La déclaration de Berlin prône des réformes économiques structurelles, et suggère la création d’un comité d’experts, en vue de faciliter de telles réformes,
Situation humanitaire :
Le dernier panier appelle à la nécessité de respecter les droits de l’Homme en Libye, à améliorer la prestation des institutions judiciaires, et à mettre un terme aux arrestations arbitraires, etc.
Ce faisant, le chef du gouvernement grec a menacé, au cours de la visite cette semaine de Maréchal Haftar en Grèce, qu’Athènes allait rejeter tout accord de paix, au sein de l’Union européenne, tant que l’accord controversé entre Ankara et le gouvernement de Tripoli n’est pas abrogé.
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a affirmé que « la voie menant à la paix en Libye passe par la Turquie », considérant que « l’Europe allait être confrontée à de nouvelles menaces, si le gouvernement légitime en Libye venait à être destitué », rapporte ce samedi, l’agence de presse turque, Anatolie.
La Rédaction