Habib Jemli n’est pas pressé et attend de recevoir les CV pour choisir ses ministres

09-12-2019

Le chef du gouvernement désigné, Habib Jemli, a poursuivi hier dimanche 08 décembre les concertations en vue de la formation du futur gouvernement.

Le successeur désigné de Youssef Chahed prend tout son temps et ne semble pas être pressé. Il avait laissé supposer ce week-end que la première période d’un mois que lui accorde la constitution soit dépassée, affirmant que la formation du gouvernement devra prendre le temps qu’il faudra, et qu’on ne devra pas se précipiter.

Chargé le vendredi 15 novembre par le président Kaïs Saïed de former un gouvernement, le candidat indépendant d’Ennahdha, devra remettre la composition de son cabinet cette semaine au chef de l’Etat, et l’annoncer dans la foulée, avant le dimanche 15 décembre. Mais tout porte à croire qu’il va demander la prorogation constitutionnelle d’un mois, pour remplir cette tâche, à l’issue de quoi, il  passera à l’Assemblée pour demander la confiance à son gouvernement s’il réussit, et sera remplacé s’il échoue, par une personnalité qui sera, le cas échéant, désignée par le président de la république.

L’ancien secrétaire d’Etat au ministère de l’Agriculture dans le gouvernement de la troïka, a dit avoir demandé aux différents partis ayant exprimé leurs dispositions à participer à l’équipe gouvernementale de lui faire parvenir les Curriculum vitæ (CV) pour choisir les futurs ministres, insistant que les critères de compétence, et d’intégrité seront déterminants en matière d’attribution des portefeuilles ministériels.

Parler de CV pour des ministres parait quelque peu impertinent, car les responsables de l’Etat sont choisis selon leur compétence, mais aussi leur vision, et leur stature, et qui devront plus est, être rompus aux rouages de l’Etat, autant de qualités qui devront transparaître dans leur biographie.

A fortiori que cette conjoncture critique et les attentes populaires pressantes, requièrent un gouvernement tourné immédiatement vers l’action, des ministres directement opérationnels, et des politiques claires à mettre en œuvre sans tergiversations, ni atermoiements.

A ce stade, le chef du gouvernement désigné n’a exprimé aucune vision sur les priorités de la prochaine étape et les mesures urgentes à prendre pour le sauvetage du pays, et ses déclarations versent plutôt dans les généralités et l’esquive.

Or, tout gouvernement devra voir le jour sur la base d’un programme, et d’une stratégie, étant entendu qu’un chef du gouvernement est avant tout un stratège qui fixe un cap, et non un responsable de ressources humaines.

A quelques jours de l’expiration de la première période dont il dispose, et après des concertations manifestement pénibles et laborieuses ayant touché les milieux politique, économique, social, civil, culturel, etc. Habib Jemli semble être en difficulté, et avoir du mal à prendre le contrôle de la situation.

Ce faisant, le chef du gouvernement désigné avait récusé samedi les fuites relayées par les médias et les réseaux sociaux sur la composition du futur gouvernement.

Il avait par ailleurs estimé, auparavant, peu probable, la baisse du nombre de ministères ou la fusion de certains d’entre eux, comme il l’a préconisé lors de sa désignation, chose qui annonce un gouvernement pléthorique, comme ceux qui l’ont précédé depuis la révolution.

Une commission chargée de préparer le programme du futur gouvernement a été mise en place, mais rien ne filtre sur ses travaux. C’est le flou artistique qui est de mise, l’ambiance qui prévaut à l’hémicycle ne fait que renforcer ce climat d’incertitude. L’espoir né de l’élection de Kaïs Saïed, est en train de s’étioler peu à peu…

Gnetnews