Hamas, ou la différence de perception : mouvement de résistance ou « organisation terroriste » ?

26-10-2023

La différence de perception du mouvement de résistance islamiste, Hamas, considéré, à juste titre, comme un mouvement de résistance et de libération nationale, pour le monde arabe et dans plusieurs autres parties du monde, des pays comme la Russie, la Chine, des pays asiatiques, la Turquie…et un mouvement terroriste pour l’Occident (Etats-Unis et Union européenne, notamment), défraye la chronique au fur et à mesure que l’entité sioniste poursuit ses raids aveugles, meurtriers et dévastateurs à Gaza.

Dans tous les conflits et les guerres survenues au fil de l’histoire, les mouvements de résistance et les combattants pour l’indépendance ont tendance à être qualifiés de terroristes…par les forces occupantes et coloniales, c’est le cas de notre région ( les combattants et membres du mouvement national en Tunisie, en Algérie…étaient considérés en tant que tels par la colonisation française).

Dans le cas d’espèce, l’occident, médias et politiques, développent, à quelques exceptions près une espèce d’automatisme, à taxer Hamas de terrorisme, sans discernement, et sans contextualisation, en lien avec l’histoire du conflit arabo-israélien et palestino-israélien.

C’est toute la genèse et l’historique de ce conflit qui sont occultés dans une analyse partiale, orientée et totalement alignée sur les thèses sionistes.

Le contexte dans lequel a germé l’idée de la création d’un foyer national juif en Palestine, les exactions, les spoliations, et la violence perpétrées par les colons en 1947, la création de l’Etat d’Israël en 1948 (la Nekba, grande catastrophe), la manière dont les Palestiniens ont été chassés de leurs terres, massacrés, déportés, le fait que ceux qui sont partis vers le camps un peu partout dans le monde arabe, notamment dans les pays limitrophes, n’ont plus droit au retour, et puis toute cette histoire des guerres arabo-israéliennes…avec leurs illusions, leurs désillusions, les humiliations, les traumatismes et les cicatrices laissés chez les peuples arabes et palestiniens…sont passés sous silence.

Tout autant que la politique expansionniste menée par l’Etat hébreu, les colonies qui empiètent sur les territoires occupés, censés abriter le futur Etat palestinien indépendant et souverain, prôné par l’initiative arabe, et soutenu, dans les discours, par l’Occident, mais qui ne semble avoir jamais figuré à l’agenda israélien, dont les projections portent sur l’oppression et l’extermination des Palestiniens, voire leur déportation ; comme le traduit ce dernier conflit, en encourageant les Palestiniens de Gaza à migrer vers l’Egypte, et ceux de Cisjordanie de se rendre en Jordanie, en judéisant al-Quds, en s’attaquant à la mosquée al-Asqsa, et en menaçant de la détruire dans le cadre de fouilles pour déterrer l’imaginaire et supposé temple de Salomon..

La rhétorique de Bush fils remise au goût du jour

Réduire Hamas à un groupe terroriste, c’est renier le combat national des Palestiniens pour l’indépendance, incarné par d’autres factions palestiniennes autre que Hamas même si c’est en proportions moindres, et balayer d’un revers de main 75 ans de l’histoire du conflit.

Entretenir les amalgames et la confusion (Hamas/ Daesh), comme le font depuis le 07 Octobre les médias français, vise-t-il aussi à justifier la proposition malvenue de Macron « d’une coalition internationale et régionale contre Hamas », donc contre Gaza et contre la Palestine ; ce qui ne nous empêche pas de penser que l’Occident a tout fait, a détruit l’Irak, la Syrie…, a semé le chaos et l’anarchie au Moyen-Orient, pour aboutir au Nouveau Moyen-Orient prôné par Bush fils, d’autant que la même rhétorique employée par l’administration américaine lors de la deuxième guerre d’Irak, sur l’empire du mal et l’axe du mal, et sur les fait que les démocraties occidentales soient menacées d’anéantissement nous est servie de nouveau par Joe Biden, pour légitimer la barbarie israélienne, et l’invasion terrestre qui s’annonce destructrice et d’ampleur…

Mise à part une malhonnêteté intellectuelle, et la volonté, manifeste, de diversion et de déformation, ce qui fait dire à l’Occident que Hamas est Daesh procède de considérations idéologiques, étant donné que Hamas se revendique de l’Islam politique ; tous ceux qui portent une telle idéologie sont mis dans le même sac par l’occident, sans discernement aucun.

Or, dans les faits, Hamas qui administre Gaza depuis 2007, a chassé les combattants de Daesh, lorsqu’ils ont essayé d’investir le territoire palestinien ces dernières années, et leur a signifié que son combat et le leur ne sont pas les mêmes, chose jamais relevée par l’Occident.

Hamas se définit et est dans les faits un mouvement de résistance ; son combat est tourné vers l’entité sioniste, pour la libération des terres occupées, la récupération des droits palestiniens spoliés, et l’avènement d’un Etat palestinien indépendant et souverain, ayant pour capitale al-Quds el-Sherif.

Autre rappel des  faits :  Hamas, doté d’une aile politique et une aile militaire, a été élu démocratiquement en 2006, dans des législatives démocratiques et transparentes ; aux dires mêmes des observateurs occidentaux. L’occident a refusé de reconnaitre les résultats des urnes, et de traiter avec Hamas, qu’il accuse de vouloir la destruction d’Israël ; la dégradation de la situation a provoqué une guerre fratricide entre le Fatah de Mahmoud Abbas, et le Hamas, alors mené par le duo Khaled Mechaâl/ Ismaïl Haniyeh, donnant lieu à une scission des rangs palestiniens ayant lourdement impacté la cause palestinienne avec deux gouvernements distincts, l’autorité palestinienne, à Ramallah en Cisjordanie, et le Hamas à Gaza, transformée en une grande prison à ciel ouvert, du fait d’un blocus asphyxiant qui lui est imposé par l’occupation depuis 17 ans…

En l’état actuel, Hamas semble incarner le contre-projet, du projet israélo-occidental dans la région, celui qui a cru avoir enterré et s’être débarrassé de la cause palestinienne par la vague de normalisations avec Israël, en vertu des accords d’Abraham, et ceux qui les ont précédés, l’Egypte après Camp David, et la Jordanie, dans la foulée des accords  d’Oslo (1993), désormais caducs.

La Rédaction