Effets de la guerre sur le Tourisme : « Les réservations stagnent, pas d’annulations mais la situation est sous contrôle »

03-11-2023

Le conflit au Proche-Orient provoque d’importantes conséquences négatives dans le secteur du tourisme, notamment dans le monde arabe.

Si des pays comme l’Egypte et la Jordanie subissent d’ores et déjà les effets de cette guerre, d’autres destinations comme la Tunisie pourraient en pâtir également.

Pour en savoir plus, nous nous sommes entretenus avec plusieurs professionnel du secteur.

Stagnation des réservations

Les conséquences économiques de la guerre entre l’entité sioniste et le Hamas se font déjà sentir. Même si cette question n’a pas été mise au premier plan au regard du drame humanitaire qui se joue actuellement dans la bande de Gaza, elle fait tout de même l’objet d’inquiétudes, notamment pour les opérateurs du secteur touristique.

Anis Suissi est le directeur de la filiale Tunisienne de la centrale de réservation hôtelière Clicngo. Il explique que qu’il a observé une stagnation et quelques annulations de réservations.

« Le débit de réservations pour la Tunisie s’est ralenti. En ce qui concerne d’autres destinations, comme l’Egypte ou la Jordanie, il est presque à l’arrêt ».

Si pour le moment, les impacts restent modérés pour la Tunisie, Suissi indique que l’engagement aérien dans la moyenne et la haute saison peut être touché si le conflit vient à se prolonger.

« Les TO ne s’engageront plus sur des vols charter mais sur ce qu’on appelle des « bloc siege »; c’est à dire des groupe de sièges loués sur un avion par une agence de voyages et qu’elle sous-loue ultérieurement.

La question sécuritaire au cœur de préoccupations

Si la Tunisie a toujours été en faveur de la cause palestinienne, le président Kaïs Saïed est venu renforcer ce soutien, par une position ferme pour la libération de la Palestine et l’instauration d’un Etat palestinien indépendant et souverain.

Tunis, ainsi que d’autres villes de Tunisie ont été le théâtre de nombreuses manifestations de soutien au peuple palestinien, laissant craindre aux chancelleries étrangères des débordements, même si pour le moment aucun rassemblement n’a fait l’objet de quelconques actes malveillants ou violents.

Ainsi, la question sécuritaire est venue s’insérer dans le développement de la destination Tunisie auprès des tours opérateurs étrangers. Sami Ben Saidane, dirigeant d’une agence de voyage à Hammamet et vice-président de la Fédération tunisienne des agences de voyage (FTAV) témoigne:

« L’agence de voyage que je dirige est partenaire d’un tour opérateur canadien. Cette semaine a été prévu pour des clients venus en Tunisie une excursion à Sousse, puis une autre en direction du nord de la Tunisie. Si tout allait bien, nous avons été surpris de voir que le bus transportant les touristes a été escorté par la police tunisienne, sans que l’agence n’ait été mise au courant de ce dispositif exceptionnel. Cela a perturbé les touristes qui se sont demandés s’ils étaient vraiment en sécurité », nous dit-il.

Deux jours plus tard, une autre excursion était prévue dans la région du Cap Bon qui a été finalement annulée par le TO Canadien en raison de risques sécuritaires.

« Nous avons essayé de comprendre ce qui s’est passé avec le commissariat régional au tourisme, qui n’était lui-même pas au courant. Nous attendons encore des réponses du ministère », poursuit-il.

« Pour le moment, nous n’avons pas vraiment reçu des annulations mais on peut s’attendre à un ralentissement de l’activité en raison de la baisse de l’engagement de certains TO quant à la moyenne et la haute saison », s’inquiète ben Saidane.

Pas d’inquiétudes mais il faut rester vigilant

Pour Abdessattar Badri, Directeur Général de TTS, qui est  la plus grande agence de voyage du pays, mais également membre de la FTAV, souligne qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter pour le moment.

« Nous avons pu constater que dans des pays comme l’Egypte, les conséquences ont été immédiates et très fortes. Jusque maintenant en Tunisie, nous n’avons pas vraiment ressenti les effets du conflit, surtout en ce qui concerne les marchés classiques comme la France et le Royaume Uni. J’ai pris récemment connaissance que certains groupes américains ont annulé leur séjour en Tunisie, mais c’est tout », nous confie-t-il.

Il précise dans ce sens qu’il n’y a pas eu d’annulations dites anormales ou de masse mais que la situation doit rester sous contrôle car la possibilité qu’il y ait des impacts néfastes sur le tourisme en Tunisie ne peut être négligée, notamment pour la haute saison.

« Les manifestations en Tunisie en faveur de la cause palestinienne pourraient encourager les Tours Opérateurs à se désengager de la destination pour des raisons sécuritaires », affirme Badri.

Selon nos interlocuteurs, la moyenne saison en Tunisie a été bonne. Les mois de septembre et octobre ont été particulièrement réussis contrairement aux autres années. Des marchés ont pu être récupérés suite au tremblement de terre qui est survenu au Maroc et à la situation tendue en Egypte.

En ce qui concerne la saison qui arrive, les professionnels du secteur relèvent que les tour-opérateurs classiques affichent leur optimisme pour un développement de la destination Tunisie.

Wissal Ayadi