L’insomnie touche de plus en plus de Tunisiens : origines, conséquences et traitement !

09-12-2022

Selon les études sur le sujet, l’insomnie chronique frapperait entre 10 et 30% des adultes. Un fléau qui est de plus en plus répandu à cause des nombreux défis de la vie quotidienne et du stress ambiant.

Un constat qui est également palpable en Tunisie, où les cabinets psychiatriques accueillent une demande en perpétuelle hausse pour des problèmes de troubles du sommeil et notamment d’insomnie.

Pour en savoir plus sur cette pathologie, nous nous sommes adressés au Docteur Mohamed Turki, pneumologue, et président de la Société tunisienne de médecine du sommeil.

Qu’est ce que l’insomnie ?

L’insomnie correspond à une insuffisance de sommeil en quantité ou qualité, alors que les conditions environnementales sont favorables au sommeil.

En pratique, elle se caractérise par des difficultés d’endormissement, des éveils nocturnes et/ou un réveil trop précoce, avec la sensation de ne pas avoir récupéré suffisamment.

Le Docteur Mohamed Turki explique que la gravité de l’insomnie peut varier. « Il y des insomnies de courte durée (entre 3 et 4 jours) liées à un problème à un événement en particulier, comme un deuil, un accouchement, une opération chirurgicale ou encore la douleur », nous dit-il.

D’autre part il existe l’insomnie dite « chronique ». Cette dernière est diagnostiquée à partir de plus de 6 semaines de troubles. Elle peut persister des mois, voire même des années.

Les conséquences de l’insomnie

Au quotidien, l’insomnie se traduit par une irritabilité, des difficultés de concentration, mais aussi de la fatigue ou une somnolence dite « diurne » qui ont des conséquences importantes à titre individuel et collectif.

« A long terme l’insomnie sévère peut avoir des conséquences sur l’organisme. Elle peut engendrer des troubles cardio-vasculaires, l’hypertension, favoriser le trouble du rythme cardiaque, des troubles métaboliques, une résistance à l’insuline et donc provoquer un diabète. Elle est même à l’origine de certains cancers », souligne le Dr Turki.

L’insomnie joue également un rôle sur  la concentration et la vigilance ( ex: risque accru d’accident). Elle provoque aussi des pertes de mémoire, une irritabilité et une fatigue importantes.

Les origines de l’insomnie

En Tunisie, de plus en plus de personnes sont concernées par des troubles insomniaque nous indique le pneumologue. Un phénomène qui résulte du stress et de l’anxiété exacerbée par la crise économique et sociale du pays. « Dans le monde, ce fléau a pris un telle ampleur que l’insomnie est devenue un véritable problème de santé publique ».

Environ 40% des Américains ont consulté au moins une fois dans leur vie pour un problème d’insomnie. Problème de santé publique.

Si la plupart des personnes touchées par cette pathologie vont consulter les cabinets de psychiatrie, il existe d’autres parcours sanitaires pour guérir. 

Traitement

En cas d’insomnie, le Dr Mohamed Turki préconise dans un premier temps de consulter son médecin traitant afin d’identifier les origines et la nature du traitement. « Si au bout de quelques jours, et malgré la disparition de la cause, le médecin traitant orientera le patient vers un spécialiste », affirme le Dr Turki. En effet, cette orientation se fera en fonction du degré de gravité de l’insomnie. 

Si l’insomnie s’avère être chronique, la personne souffrante peut être renvoyée vers un psychiatre, un rhumatologue, un neurologue, un spécialiste en médecine interne ou alors vers un médecin du sommeil. « La prise en charge de ces patients se fait à travers un traitement cognitivo-comportemental, qui consiste en des conseils et des technique de sommeil », indique le président de la Société tunisienne de médecine du sommeil.

Quelques conseils

« Il faut éviter au maximum l’utilisation de médicaments à l’instar des somnifères, à moins qu’ils ne soient prescrits par un médecin », prévient le Dr Mohamed Turki. Et ce, dans le but d’éviter l’addiction.

Ce dernier préconise dans un  premier temps de mettre à l’arrêt tous les écrans électroniques au moins une heure avant l’heure du coucher. « Je conseille de mettre en place des rituels pré-sommeil. Il faut se détendre pour évacuer le stress et l’anxiété, éviter le tabac, l’alcool ou les sodas car ce sont des produits excitants ». Au moment de se mettre dans son lit, il faut veiller que la pièce soit à bonne température et faire en sorte d’avoir un minium de bruit autour de soi.

Si le sommeil ne vient toujours, pas, il ne faut surtout pas paniquer précise le médecin. « Si au bout de 30 minutes on ne dort pas, il faut alors se lever, sortir du lit, et aller dans une autre pièce. La lecture, par exemple, est un moyen très efficace pour le sommeil. L’Important est de ne pas se précipiter, car l’envie de dormir arrivera à un moment ou à un autre », conclut le Dr Mohamed Turki.

Wissal Ayadi