Tunisie : Lecture critique des JCC, à l’approche de leur 31ème édition

17-09-2020

Le comité d’organisation des Journées Cinématographiques de Carthage (JCC) a tenu un point presse au milieu de la semaine à la cité de la culture pour divulguer les résultats des panels du forum JCC, qui s’est étalé sur 5 mois, baptisé  « Hier, aujourd’hui et demain».

Le forum est organisé dans le cadre de la ligne directrice de la 31ème  édition des journées cinématographiques de Carthage qui consiste à revisiter la mémoire du festival, en ayant un regard sur l’avenir tout en évaluant le présent avec toutes ses problématiques et ses enjeux.

Il a été axé sur plusieurs panels : Industrie, marché et diffusion de films, rayonnement du Festival, Archives, promotion du patrimoine et réception critique, et devenir des JCC.

« Les JCC ont une âme, mais pas de corps « 

Ibrahim Letaeif directeur artistique des JCC, réalisateur et producteur, a expliqué qu’avec la participation de 80 cinéastes, professionnels, techniciens, académiciens, et experts, ils sont soulevés des questions de forme et de fond, en mettant le doigt sur les vraies problématiques des JCC.

« Comment le ministre des  affaires culturelles peut-il désigner chaque année un directeur des JCC alors que ce festival n’a pas un cadre législatif qui confirme son autonomie financière ou qui définit la nature de son travail…Le comité d’organisation permanent ne sert pas à grand-chose si les JCC ne durent qu’une dizaine de jours…Faut-il penser à le maintenir tout le long de l’année? ».

A ces questionnements, Letaief a répondu que « les JCC sont désormais une coquille vide voire un décor. C’est une manifestation culturelle éphémère qui devrait durer toute l’année, et aller vers les régions pour une démocratisation de la culture. En plus ce qui fait sa précarité, c’est l’absence d’une structure qui gardera sa continuité… ».

Kamel Ouannes, directeur du forum, critique de cinéma et professeur universitaire, a indiqué que seule la mise en place d’un dispositif administratif et juridique permettra de faire exister le festival d’une manière perpétuelle. « Jusqu’à présent, les JCC ont une âme sans corps. »

« Nous avons fait appel à des experts en matière de droit, finances, législation, qui ont suggéré pas mal d’idées, que nous allons fignoler, et peaufiner, pour que la formulation de telles propositions soit suffisamment claire et explicite. Nous allons soumettre tout ça, le 07 novembre, date de l’ouverture des JCC, et cela, à tous ceux qui sont concernés par la culture. 

A la recherche de la mémoire perdue des JCC depuis 1966

Le directeur du forum a souligné que le  public tunisien se distingue par sa passion et son amour pour le cinéma tunisien. Chose qui impressionne les auteurs de films venus de tous les coins du monde pour assister à la projection de leurs films durant ce festival. « Toutefois, ce public ne doit pas regarder le cinéma comme un défilement d’images, mais plutôt comme étant des contenus culturels diffusés, riches de leurs symboliques et significations… ».

« Pour arriver à ce stade d’appréhension, il faut comprendre d’où vient le festival, son évolution, son patrimoine et historique, et s’enrichir des œuvres précédentes, qui ont donné la naissance à la filmographie d’aujourd’hui. La question qui se pose ici, comment rendre accessibles aux cinéphiles de demain les anciens films primés, sélectionnés en compétition ou hors compétition aux JCC depuis 1966 ? Ces jeunes qui, dans la culture cinématographique, ne doivent pas se limiter au dernier film projeté. Il faut interpeller cette conscience de giration entre cinéastes », analyse-t-il.

A cet égard, un  long travail d’archivage de films, d’articles de presse, et de critique, des négatifs de films et de supports numériques, a été lancé pour constituer une mémoire complète des JCC.  

C’est ce qu’a confirmé Saida Bourguiba, chargée de section archive et documentation JCC, qui a dévoilé que la collecte des travaux cinématographiques a déjà démarré, en collaboration avec la télévision et la radio tunisienne, Tunis Afrique Presse (TAP), l’archive nationale, la médiathèque, les réalisateurs en question, fédération tunisienne des ciné-clubs, Société anonyme tunisienne de production et d’expansion cinématographique (SATPEC)…

Concernant la 31ème édition des JCC, le directeur des journées cinématographiques de Carthage, Ridha Behi, a indiqué qu’elle se tiendra dans des conditions exceptionnelles, à cause des restrictions sanitaires liées au coronavirus. Il a annoncé aussi, que pour cette année, il y aura des projections de films dans une vingtaine de salles au lieu de 7, question permettre à ces espaces culturels de rattraper le manque à gagner,  à cause du confinement.

Les journées cinématographiques de Carthage JCC, se tiendront du 07 novembre au 12 novembre 2020. La cérémonie d’ouverture se tiendra à la Cité de la Culture.

Emna Bhira