La Tunisie célèbre la journée anti-tabac, alors que la cigarette se répand parmi sa population

31-05-2023

A l’instar de la communauté internationale, la Tunisie célèbre ce mercredi 31 Mai la Journée mondiale anti-tabac. Cette journée internationale, instituée en 1987 par l’Organisation mondiale de la Santé, est axée sur les dangers du tabac pour la santé, et les actions menées ici et là dans le monde pour lutter contre ce fléau rampant,  à des degrés variables d’un pays à l’autre.

Le tabagisme est considéré par l’OMS, comme étant une épidémie, dont les effets sont mortels. « Le tabagisme est la plus importante épidémie évitable à laquelle les soignants sont confrontés », indique l’Organisation mondiale de la Santé.

Un arsenal législatif peu respecté

En Tunisie, le tabagisme est en train de prendre de l’ampleur parmi la population. Les adeptes de la cigarette sont de plus en plus nombreux parmi les hommes, les femmes, voire, ce qui est encore plus catastrophique, parmi les jeunes et les enfants.

Les campagnes de sensibilisation anti-tabac menées, d’une manière épisodique, n’ont que peu d’effets sur les inconditionnels de la nicotine et ne semblent pas avoir réussi à en tirer vers le bas, le nombre. Et pourtant, ce ne sont pas les lois qui manquent.

Un important arsenal législatif régit la lutte contre le Tabac en Tunisie. Parmi ces textes, il convient de citer la loi n° 9817 du 23 février 1998, relative à la prévention des méfaits du tabagisme, le  décret n° 982248 du 16 novembre 1998, fixant les lieux affectés à l’usage collectif dans lesquels il est interdit de fumer, et l’arrêté du ministre de la santé du 20 mai 2014,  fixant les modalités d’inscription des mentions qui doivent être portées sur la couverture extérieure des paquets et des emballages, les méthodes d’analyse permettant de mesurer la teneur en nicotine et en goudron dans lesdits produits ainsi que les modalités de vérification de l’exactitude de ces mentions, outre des textes régissant l’adhésion de la Tunisie à différents protocoles et conventions de l’OMS…

Cette législation reste peu respectée, notamment celle relative à l’interdiction de fumer dans les espaces publics, et à l’aménagement d’espaces fumeurs, et d’autres non-fumeurs, qui est, allégrement, transgressée, au grand dam des non-fumeurs, souffrant à leur corps défendant, des conséquences, non moins nuisibles, du tabagisme passif…

En Tunisie, la prévalence du tabac fait peur, notamment parmi les jeunes. Selon l’enquête mondiale sur le tabagisme chez les jeunes, un étudiant sur dix âgé de 13 à 15 ans fume actuellement du tabac, et parmi ceux qui fument
des cigarettes, 76,1 % ont déclaré pouvoir en acheter– malgré leur âge – au cours des 30 derniers jours.

La jeunesse tunisienne est également exposée passivement à la fumée de tabac.

Selon un rapport réalisé par le ministère de la Santé, et le Programme des Nations-Unies pour le développement, PNUD (Juin 2021), plus de 13,200 Tunisiens  meurent chaque année des suites de maladies liées au tabac, soit 20% de tous les décès du pays. Les maladies liées au tabac coûtent à la Tunisie 2  milliards de TND chaque année, et 1,8 % de son PIB en 2019.

Un plaisir momentané, des conséquences mortelles

La cigarette reste en effet un facteur déclenchant, sinon aggravant des maladies cancéreuses, cardiovasculaires, et est à l’origine de complications mortelles, d’autant si elle est accompagnée d’un mode de vie marqué par la sédentarité, le stress, et tous les problèmes de la vie moderne.

La Tunisie dit engager une lutte contre la cigarette, à travers la mise en oeuvre d’un programme anti-tabac, mais là aussi, les résultats se font attendre, au vu de la propagation de la cigarette dans la société tunisienne, notamment dans ce climat de spleen ambiant.

Les fumeurs invoquent plusieurs raisons, pour expliquer leur recours à la cigarette, la première porte sur ses effets euphorisants, qui finissent par donner lieu à une addiction chez la personne en question, dont il lui est difficile de s’en débarrasser, pourtant il suffit d’avoir la volonté, et de s’inscrire dans une démarche de sevrage pour s’en affranchir…

La tabagisme au féminin est aussi en train de se répandre en Tunisie, d’un manière surprenante, la cigarette étant perçue, comme une manière d’émancipation et de réalisation de soi dans une société où le paraître tend de plus en plus à l’emporter sur l’être.

Pour les jeunes et les enfants, la cigarette est perçue comme une manière d’entrer dans le monde des adultes, un symbole de virilité pour les garçons, et un signe de liberté pour les filles, avec une prédominance de cette propension d’imiter l’entourage familial, a fortiori si les parents, ou les frères et sœurs aînés fument.

Toute campagne de lutte devra prendre en considération tous ces aspects pour venir à bout de ce problème épineux, dont le plaisir est éphémère, mais les conséquences sont durables et lourdes tant à l’échelle individuelle et familiale, sur la santé, la qualité de la vie et le budget, que pour la collectivité nationale en termes de dépenses de la santé, de production, de productivité, d’économie, etc.

La Rédaction