La Tunisie, première destination du tourisme de santé en Afrique

22-03-2022

La Tunisie a toujours été une destination phare pour le tourisme médical. Pourtant depuis plusieurs années cette activité est en déclin à cause de nombreux freins qui altèrent son développement.

Afin de faire un état des lieux du tourisme de Santé, la Chambre syndicale nationale de soutien aux activités de services de santé, relevant de l’UTICA a organisé ce mardi 22 mars une conférence de presse.

L’objectif étant également de montrer a quel point, l’export de services de santé peut être un véritable levier de croissance pour la Tunisie.

Un des secteurs les plus compétitifs

D’après la dernière étude datant de 2017, le tourisme de Santé a généré entre 2016 et 2017, 2500 millions de dinars de recettes, soit plus de 40% des recettes du secteur du tourisme et près de 2% du produit intérieur brut. Ce chiffre réunit les bénéfices du tourisme médical, du tourisme de bien-être et du tourisme des séniors.

Pour le président de la chambre syndicale, Ghazi Mejbri, il s’agit d’une niche porteuse dans laquelle il faut investir. Elle génère des devises et fait travailler une main d’œuvre qualifiée, à savoir des médecins ». Tout en sachant que le nombre de médecins qui quitte la Tunisie chaque année ne cesse d’augmenter. « A chaque dinar investi, il en rapporte 100 », ajoute Mejbri.

Un dernier rapport publié par le ministère du Développement en juin 2021, indique que l’indice ACR (l’avantage comparatif révélé (ACR) correspond à la part des exportations d’un produit j par rapport à l’ensemble des exportations d’un pays donné divisée par la part des exportations de ce produit dans le total des exportations d’une zone de référence), de ce secteur est de 18,52, le plaçant en tête de liste, devant les produits miniers ou encore les technologies de l’information et de la communication.

« Personne ne s’attendait à ce que secteur soit aussi compétitif. Même le ministère du développement a été surpris », affirme Ghazi Mejbri.

Ainsi, la Tunisie se pose comme étant la première destination pour le tourisme médical en Afrique.

Les freins au développement

Si la Tunisie occupe la première place du podium sur le continent Africain, au niveau mondial, elle a perdu deux places en l’espaces de deux ans, la situant dans le bas du tableau, à la 38ème place sur 46 pays, derrière la Turquie.

« Cette régression est due à la baisse de l’indice sur l’environnement du pays », précise le syndicaliste.

En effet, le secteur du tourisme de santé fait face à de nombreux obstacles qui empêchent son développement alors que les compétences et les infrastructures sont là. D’abord le premier frein demeure dans l’accès au pays. L’obtention du visa reste encore fastidieuse, sachant que la majorité des patients qui viennent consulter en Tunisie viennent d’Afrique Sub-saharienne et doivent détenir un visa.

« Nous perdons beaucoup de marchés à cause de cette barrière », assure Ghazi Mejbri.

Un représentant du ministère des Affaires étrangères, présent lors de cette conférence de presse, a assuré qu’un travail était en cours afin de délivrer des « visas santé ». Mais l’avancée la plus intéressante est dans la mise en place d’n service de « E-Visa » qui faciliterait les démarches administratives. D’après le MAE, cette initiative est en cours de finalisation.

Autre frein au développement de cette activité… la desserte de la destination Tunisie. En effet, la compagnie nationale Tunisair ne dispose pas d’une couverture importante en Afrique. Seules quelques capitales sont desservies par la compagnie, mettant de côté des parts de marché importantes sur le continent. « Nous avons des patients qui ne peuvent pas se permettre d’attendre 2 ou 3 heures lors d’escales faute de vols directs. Ils se tournent alors vers d’autres destinations plus accessibles comme la Maroc ou la Turquie », nous explique Mejbri.

Les professionnels du secteur déplorent également les difficultés pour les patients étrangers lors de l’accueil à l’aéroport, de leur transfert vers leur lieux de villégiature, et également pour faire entrer des devises sur le territoire tunisien afin de payer leur parcours de soins.

A cet égard, le représentant de Tunisair, présent pour l’occasion a rappelé que la compagnie, qui est entrée dans un plan de restructuration, dispose d’une flotte de seulement 15 avions, l’obligeant à baisser le nombre de destinations.

Autant d’obstacles qui ont fait sensiblement baisser l’indice d’attractivité de la Tunisie au profit d’autres destinations de la région comme le Maroc ou la Turquie.

De son côté, le ministère de la Santé, représenté par le Dr Nadia Fenina, Directrice Générale de l’Unité centrale de promotion des exportations des services de santé au sein du département, a indiqué que le tourisme médical était un secteur dans lequel le ministère misait beaucoup.

« C’est vrai que nous l’avons un peu mis de côté ces deux dernières années avec le Covid, mais maintenant que cela s’est un peu calmé, nous allons reprendre nos travaux avec les principaux acteurs de ce secteurs afin de le développer et de redorer le blason de la Tunisie en la matière ».

A cet égard,  Dr Fenina s’est félicitée de l’adoption (après de 10 ans d’attente) d’un cahier des charges pour les maisons de convalescences, ou EPHAD, qui se développent de plus en plus en Tunisie. Autre avancée, celle de l’adoption d’un décret régissant les activités de télé-médecine qui ont connu un vrai boom avec la pandémie de Covid-19.

Wissal Ayadi