La Tunisie remet son économie en marche et tente de panser ses plaies

04-06-2020

Les Tunisiens renouent en ce jeudi 4 juin 2020 avec une vie quasi-normale. Finis les restrictions aux déplacements, le travail à effectif réduit, la surveillance stricte imposée à nos habitudes familiales, sociales, spirituelles, festives, sociétales, et on en passe…Excepté les quelques dérogations qui demeurent, comme la séance unique en deux périodes pour l’administration jusqu’à la mi-juin, ou la capacité réduite à 50 % imposée au transport inter-régional…tout retrouve une certaine normalité.

Ce jeudi marque la reprise intégrale de l’activité économique. Les secteurs de l’industrie, du BTP, des services, ainsi que l’administration travailleront à 100 % de leur effectif.

Les mosquées, les cafés, les restaurants, les établissements touristiques, les salles des fêtes etc. rouvriront. La libre-circulation entre les différentes régions du territoire national reprendra ses droits.

Les Tunisiens résidant à l’étranger auront la possibilité de revenir au bercail, d’une manière progressive en attendant le 27 juin, date annoncée par la Tunisie pour la réouverture de ses frontières aériennes,terrestres et maritimes.

Même si dans le lexique gouvernemental, on parle de la troisième et dernière phase de la stratégie dite de « confinement ciblé Â», la décade du 4 au 14 juin correspond plutôt au déconfinement conditionné à un seul mot-d’ordre, le respect des protocoles sanitaires.

Chaque secteur s’est doté d’un protocole spécifique, et trouve une certaine fierté de l’annoncer, pour que la reprise soit sécurisée, et immunisée, autant que faire se peut, contre tout risque de rebond du virus.

Où trouver l’argent à injecter dans l’économie ?

La parenthèse du Coronavirus étant a priori fermée, en attendant que les bons résultats de la Tunisie soient confirmés, et qu’elle parvienne à circonscrire les cas importés venant d’ailleurs, la priorité sera maintenant d’ordre socio-économique.

Le gouvernement annonce un plan de relance, dont l’élaboration aurait déjà été entamée au sein de commissions économiques, pour revitaliser l’économie et l’aider à panser ses plaies béates, des suites de la pandémie, du confinement, et de l’arrêt net de l’activité.

Ce travail devra commencer par un diagnostic de la situation, le recensement des secteurs les plus touchés, la valeur du manque à gagner pour chaque secteur et pour l’économie, l’identification et la budgétisation des besoins, le volume des financements exigés et leur provenance…Où trouver l’argent à injecter dans l’économie, à l’heure même où le  secteur financier et bancaire commence déjà à se lamenter, et à mettre en avant ses contraintes et la baisse de ses rentrées financières, et où les bailleurs de fonds croulent sous les demandes des Etats qui cherchent une bouée de sauvetage leur permettant de remonter la pente après cet épisode pandémique éprouvant pour tous. 

Faire du succès sanitaire tunisien, un argument de vente

Un grand chantier dont l’issue est incertaine au regard des retombées fatales portées par le Covid-19 à un tissu économique déjà fragilisé et peu résilient. Sans compter la facture salée qui sera celle des entreprises publiques, plongées depuis longtemps dans un déficit abyssal, l’exemple de la compagnie nationale Tunisair, menacée de banqueroute, si rien n’est fait, est illustratif de l’ampleur des dégâts auxquels la Tunisie aura à faire face.

Les conséquences sont aussi d’ordre social ; l’épidémie qui a mis à nu des réalités socio-économiques dramatiques n’aura fait que creuser les inégalités, la précarité et la pauvreté, autant de problèmes endémiques face auxquels les gouvernements successifs ont semblé démunis.

La Tunisie qui est parvenue à maîtriser plus ou moins le virus, et a réussi là où des puissances mondiales, de loin mieux loties en termes de système de santé et de moyens ont échoué, saura-t-elle joindre des succès sociaux et économiques à ses bons résultats sanitaires. Pourquoi pas, si elle arrive à bien se positionner dans l’après-coronavirus, à faire de sa réussite sanitaire un argument de vente de son image et son marché, et si le génie tunisien qui s’est superbement exprimé pendant la pandémie, soit revalorisé et doté des moyens et des conditions propices pour exceller encore et encore.

Le principal frein à même de bloquer toute volonté d’avancer est sans doute cette désarticulation politique qui met en péril l’Etat, ses institutions et les intérêts suprêmes de la nation. Il n’y a qu’à se référer au spectacle parlementaire de la veille pour s’en convaincre.

H.J.