La Tunisie voit sa note abaissée à « CCC- » par l’agence de notation Fitch Ratings

10-06-2023

L’agence de notation Fitch Ratings vient de dégrader la note de la Tunisie à « CCC-« . Cette note reflète l’incertitude concernant la capacité du pays à mobiliser suffisamment de fonds pour répondre à ses importants besoins de financement. Fitch Ratings souligne également l’échec de la mise en œuvre des mesures préalables nécessaires pour débloquer le financement bilatéral associé au plan de financement de la Tunisie, tel qu’agréé avec le FMI. Selon l’agence, il est prévu qu’un accord entre la Tunisie et le FMI soit conclu d’ici la fin de l’année, mais cette échéance est beaucoup plus tardive que les prévisions précédentes et les risques demeurent élevés.

Fitch Ratings estime également que les besoins de financement du gouvernement tunisien seront élevés, représentant environ 16 % du PIB en 2023 (environ 7,7 milliards USD) et 14 % du PIB en 2024 (7,4 milliards USD), bien au-dessus de la moyenne de 9 % observée de 2015 à 2019, et parmi les plus élevés parmi les pays notés « C »/ »D ». Cette situation découle de déficits budgétaires élevés et d’échéances de dette importantes, tant au niveau national (le gouvernement recourant de plus en plus à des financements nationaux à court terme pour pallier le manque de financements extérieurs) qu’au niveau international, y compris les remboursements d’euro-obligations (500 millions d’euros en 2023 et 850 millions d’euros en 2024).

En outre, le plan de financement du gouvernement repose largement sur un financement extérieur de plus de 5 milliards USD (soit 10 % du PIB). Fitch Ratings estime que la majeure partie de ce plan dépend d’un programme avec le FMI et qu’il ne sera probablement pas entièrement mis en œuvre cette année, même en cas d’accord conclu avec le FMI au second semestre de 2023.

Selon leur scénario central, la Tunisie pourrait obtenir environ 3,5 milliards USD de financement extérieur prévu pour 2023. Cela entraînerait des besoins de financement intérieur d’environ 13,5 milliards de dinars tunisiens (8,5 % du PIB), soit environ 25 % de plus que la moyenne des trois dernières années et plus de trois fois la moyenne de la période 2015-2019. Fitch Ratings estime que cela mettra à rude épreuve la capacité du marché intérieur à absorber la dette publique, principalement couverte par le système bancaire, et nécessitera des injections continues de liquidités de la part de la banque centrale.

En l’absence d’un accord avec le FMI, Fitch Ratings estime qu’un financement extérieur d’environ 2,5 milliards USD pourrait être obtenu en 2023, principalement de l’Algérie, d’AfreximBank, de prêts-projets de partenaires multilatéraux et d’une augmentation des subventions de partenaires bilatéraux, ce qui aggraverait les difficultés de financement. Les sources de financement alternatives pour 2024 ne sont pas claires selon l’agence.

Gnetnews