Le SNJT alerte sur les poursuites judiciaires contre les journalistes

Le Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT) tire la sonnette d’alarme face à l’escalade des poursuites judiciaires visant des journalistes et des professionnels des médias, ainsi qu’à la détérioration préoccupante de la santé des journalistes emprisonnés Mohamed Boughalleb et Chadha Haj Mabrouk.
En continuant à criminaliser l’exercice du métier de journaliste, la justice tunisienne examine, à partir d’aujourd’hui, trois affaires impliquant des journalistes et des professionnels des médias.
Condamnation et reports d’audiences
Le 24 janvier, la cour d’appel de Tunis a condamné Sonia Dahmani, avocate et animatrice, à 18 mois de prison, sur la base du décret 54 relatif aux crimes liés aux systèmes d’information et de communication.
Aujourd’hui, la cour d’appel de Tunis a reporté au 24 février 2025 l’examen de l’affaire de Khalifa Guesmi journaliste accusé en vertu de la loi antiterroriste pour avoir publié une information obtenue d’une source sécuritaire officielle. Ce journaliste avait initialement été condamné, le 15 mai 2023, à cinq ans de prison, un verdict cassé par la Cour de cassation.
Par ailleurs, Chadha Haj Mabrouk, en détention depuis juillet 2023, comparaîtra demain devant la deuxième chambre du tribunal de première instance de Tunis. D’après le SNJT, son état de santé continue de se dégrader en raison de troubles médicaux non pris en charge dans des conditions adéquates.
Auditions dans des affaires financières
Le SNJT a également signalé que le juge d’instruction auditionnera, aujourd’hui et mercredi 29 janvier, les journalistes Mourad Zeghidi et Borhane Bsaies dans le cadre d’enquêtes financières.
État de santé alarmant des journalistes emprisonnés
Le syndicat alerte sur la situation critique de Mohamed Boughalleb, atteint de diabète, dont l’état de santé continue de se détériorer faute de soins adaptés. M. Boughalleb fait face à plusieurs poursuites judiciaires, principalement sur la base du décret 54.
Un appel urgent à la responsabilité
Le SNJT dénonce fermement les condamnations privatives de liberté et les poursuites basées sur des lois controversées, telles que le décret 54 ou la législation antiterroriste, en lieu et place de la loi spécifique régissant la presse et l’édition. Il appelle à cesser ces procédures qu’il qualifie d’inconstitutionnelles et réclame la libération immédiate des journalistes détenus.
Le syndicat souligne également l’urgence d’une prise en charge médicale appropriée pour Mohamed Boughalleb et Chadha Haj Mabrouk et demande au ministère de la Justice d’assumer sa responsabilité juridique et humaine pour protéger leur santé et leur sécurité.
Enfin, le SNJT met en garde contre les graves répercussions de ces pratiques sur la liberté de la presse et le rôle des journalistes dans le traitement des affaires publiques et la surveillance des politiques publiques. Il appelle les autorités à ouvrir un nouveau chapitre basé sur un dialogue public et inclusif autour des questions d’intérêt général, dans le respect de la pluralité des opinions et des droits fondamentaux.
Gnetnews