Les députés réclament la présence de Chahed à l’Assemblée pour l’interroger sur le drame de la Rabta

12-03-2019

Les députés des différents blocs parlementaires ont été unanimes ce mardi 12 Mars à réclamer une plénière de dialogue avec le chef du gouvernement, dans les plus brefs délais sur le drame de la Rabta, où 12 nourrissons ont trouvé la mort au service de gynécologie-obstétrique et de néonatologie. Enchaînant les points d’ordre au début de la plénière, allant jusqu’à en chambouler l’ordre du jour, les élus ont tenu le gouvernement pour responsable de cette tragédie, pour avoir cédé aux injonctions du FMI de décréter une politique d’austérité, de geler les recrutements, et de ne pas remplacer les compétences qui partent à la retraite, ou à l’étranger.

La députée Zeineb Brahmi a pointé le problème des parturientes qui meurent à l’accouchement, dans les régions intérieures en l’absence de gynécologues-obstétriciens. Pour Noôman el-Euch, la tragédie de la Rabta est la goutte qui a fait déborder le vase. Le député a appelé à ouvrir le dossier de la santé publique, et à plancher sur les problèmes dont souffrent les hôpitaux, liés à l’équipement, au budget et au corps médical, réclamant la présence du chef du gouvernement et de la ministre de la Santé par intérim, à l’Assemblée dans les deux prochains jours pour répondre aux questions des élus du peuple.

Pour Mabrouk Hrizi, la catastrophe dépasse le poids l’infection nosocomiale, et a touché entre 20 et 25 jeunes qui sont décédés à Kasserine, à cause de la rougeole, pour ne pas avoir été vaccinés.

Souheil Alouini, président de la commission de la santé à l’Assemblée, a affirmé que celle-ci veut être présente au sein de la commission d’enquête sur le décès des nouveau-nés, afin d’en accélérer les travaux et d’informer l’opinion publique de ses résultats.

Adnen Hajji a évoqué une situation « affligeante et honteuse », pointant « le démantèlement, voire l’effondrement de l’Etat ».

« La coalition au pouvoir adopte des budgets catastrophiques, entérine des départs de retraite anticipées et le départ des compétences, et suit les politiques du FMI visant à étrangler l’Etat », s’est élevée Samia Abbou.

Fatma Msedi a appelé à activer l’article 97 de la constitution, pour voter une motion de censure contre le gouvernement.

Pour Tarek Ftiti, l’assemblée ne représente pas la majorité des Tunisiens, « c’est une assemblée de bourgeois ». « Ils ne veulent pas interrompre leur week-end et leur Sonna ». Qu’en est-il du suivi de l’affaire des stents périmés, de l’anesthésiant contaminé, s’est-il interrogé.

La députée Houda Slim a condamné la montée de la violence verbale à l’Assemblée, estimant que « l’on est face à de grandes difficultés et de problèmes profonds, ce n’est pas une question de chef du gouvernement ou de ministres », selon ses dires.

Pour Ajmi Lourimi, « ceux qui œuvrent à l’effondrement du dispositif de la Santé sont ceux-là même qui œuvrent à l’effondrement de l’Etat ».

Brahim Ben Saïd a déploré la dégradation de tout ce qui est public. « L’enseignement, le transport, la santé, tout s’érode ». Il a pointé le départ des médecins, compétences et cadres supérieurs qui ne sont pas remplacés, car le FMI s’y oppose.

Hajer Ben Cheikh Ahmed a appelé au respect des procédures régissant les institutions. « Le chef du gouvernement ne pourrait pas être présent à l’Assemblée en appuyant sur un bouton ». La députée a déploré l’instrumentalisation de ce drame par certains députés pour faire campagne.

Leila Hamrouni a abondé dans le même sens, appelant « à ne pas investir dans les maux et les douleurs des familles ». Elle a considéré que ses collègues participaient à la déception du peuple qui a attend des solutions pour le secteur de la santé. Selon son opinion, le chef du gouvernement doit venir à l’Assemblée après la fin de l’enquête afin qu’il puisse donner des réponses et des solutions pour le secteur de la santé.

Lotfi Nabli rejette « les accusations arbitraires qui consistent à qualifier ce drame de crime d’Etat ». Il a reconnu qu’il y ait des problèmes et des manquements, mais il ne s’agit point de crime. « Arrêtons avec la récupération », a-t-il asséné.

Gnet