Les Tunisiens gaspillent, alors que le pays compte 500 000 sous-alimentés

01-08-2019

Alors que la Tunisie compte près de 500 000 personnes sous alimentées, un chiffre qui reste constant depuis 2009, le coût du gaspillage alimentaire en Tunisie (2016), s’élève à 17 dinars mensuels par famille, soit l’équivalent de 5% des dépenses alimentaires. Un chiffre non moins alarmant : la Tunisie compte quelque 2.3 millions d’obèses.

Des statistiques frappantes, divulguées lors d’un récent atelier à Tunis, clôturant le Projet « Réduction des pertes et gaspillage alimentaires et développement des chaînes de valeur pour la sécurité alimentaire en Egypte et en Tunisie », élaboré par la FAO.

«Les pertes alimentaires désignent tout ce qui est perdu lors de la chaîne d’approvisionnement, et qui va du producteur au marché, en tenant compte des difficultés trouvées dans la récolte, comme les infestations parasitaires, ainsi que les problèmes rencontrés lors de la récolte pendant la période de manipulation, d’entreposage, d’emballage ou du transport de cette nourriture », a souligné le représentant du bureau sous régional de la FAO pour l’Afrique du Nord, à Tunis.

Au Moyen-Orient et l’Afrique du nord, la quantité de nourriture perdue est d’environ 1.3 milliards de tonnes par an, soit près d’un tiers de toutes les denrées alimentaires qui sont produites dans le monde.

Les pertes de nourriture dans ces deux régions sont estimées à plus de 250 kilos par personne et par an, soit l’équivalent de 60 milliards de dollars par an qui sont ainsi perdus par les producteurs, et les commerçants.

L’étude a révélé aussi que les régions du Proche-Orient et de l’Afrique du Nord, importent plus de 36 millions de tonnes de blé par an, mais en gaspillent plus de 16 millions par année, jusqu’à 30% de leurs ressources naturelles et énergétiques dédiées à l’agriculture.

Les pertes et les gaspillages concernent surtout les céréales. Ils varient entre 15% et 20% dans la région, en plus de 16% pour les produits carnés, et 27% pour le poisson et les fruits de mer, et 50% des fruits et légumes sont gaspillés chaque année.

En Afrique du nord uniquement, les chiffres sont un peu plus bas, les pertes et gaspillage sont estimés à 210 kilos par personne et par an. Soit 85% représentent des pertes de produits entre producteur et vendeur, et 15% de gaspillage sont liés au consommateur.

Le gaspillage alimentaire fait référence aux aliments saints qui sont produits pour la consommation, mais qui sont jetés ou détournés vers des utilisations non alimentaires. Il existe différents types de gaspillage ; ils concernent les produits extraits qui n’ont pas la bonne forme, ou la bonne taille, et qui doivent être retirés des chaines alimentaires.
Il concerne aussi les aliments éliminés qui se rapprochent de la date de péremption, les grandes quantités d’aliments qui sont jetées dans les usines, ou dans les établissements de restauration.
Parmi les causes les plus importantes de perte des produits alimentaires, on trouve le manque d’infrastructure ou des marchés, les mécanismes de prime ou aussi l’absence du cadre juridique.
Sécurité alimentaire et obésité

« Ces pertes alimentaires ont des répercussions sociales et environnementales », a déploré le représentant du bureau sous régional de la FAO pour l’Afrique du Nord à Tunis. « Elles engendrent de très mauvaises utilisations de l’eau, d’énergie, de la terre, et des autres ressources naturelles utilisées pour la production ».

« L’excès de poids et l’obésité sont en rapport directe avec la sécurité alimentaire », a-t-il expliqué en indiquant qu’à l’échelle mondiale, le coût économique de la malnutrition est astronomique : « le surpoids et l’obésité coûtent environ 2000 milliards par an ».

Les résultats élaborés par la FAO ont révélé aussi que, près d’un tiers des adolescents dans le monde, sont en surpoids. En 2016, c’était 130 millions d’enfants, âgés de 5 à 9 ans. Et, plus de 207 millions d’adolescents, et 2 milliards d’adulte sont en surpoids ».

Lors de cet atelier, deux chartes nationales ont été signées entre plusieurs partenaires. Soit une charte pour la « Réduction des pertes dans la chaîne de valeur lait en collaboration avec le GIVLAIT », et une autre pour la « Réduction du gaspillage alimentaire en collaboration » avec l’INC.

Ce projet a été financé par l’agence italienne pour la coopération au développement, et mené depuis 2017 en collaboration avec le Ministère de l’agriculture, des ressources hydrauliques et de la pêche, avec un focus prioritaire sur le lait et les céréales.

Emna Bhira