Tunisie/ Locations d’été : Les Tunisiens se ruent sur la côte et se regroupent pour minimiser les coûts

31-05-2022

Plus que quelques semaines avant le coup d’envoi des grandes vacances d’été. Soleil, plage et farniente vont rythmer cette période sacrée pour les Tunisiens qui n’hésitent pas à casser leur porte-monnaie pour en profiter un maximum.

A chacun sa méthode : résidence secondaire, maison de famille, hôtel… Mais avec une crise économique qui fragilise le pouvoir d’achat des citoyens, les locations périodiques de villas et d’appartements sont de plus en plus prisées.

Un moyen plus économique

C’est bien sûr toute la côte qui est la plus demandée par les vacanciers, la proximité avec la mer étant la principale motivation.

Ahmed, 50 ans et père de famille avec deux enfants, loue pour chaque été depuis de nombreuses années une villa. Ses régions préférées sont le Cap Bon et Bizerte. Mais cette année, il a décidé de découvrir d’autres horizons et s’est dirigé vers le Sahel. « J’ai dirigé les recherches de Sousse à Mahdia. Et j’ai finalement opté pour la ville de Rejiche ». Connue pour ses plages paradisiaques, cette destination accueille chaque année des milliers de touristes locaux en quête de changement et de dépaysement.

Ahmed explique que la location de biens immobiliers chez des particuliers est bien plus économique qu’un hôtel. « Pour un séjour dans un complexe hôtelier, il faut compter environ 100DT par personne chaque jour. L’appartement que j’ai loué, un S+2, à Rejiche me coûte 1000DT pour 10 jours que je partage avec la famille de mon frère », nous dit-il. Ainsi, Ahmed dépensera seulement 500DT pour les 4 membres que compte sa famille.

« Il est vrai que ce n’est pas aussi confortable que l’hôtel, car nous devons faire à manger et nettoyer notre logement, mais au moins nous sommes indépendants et surtout au calme », indique-t-il.

En effet, la saison touristique qui se présente s’annonce sous les meilleurs auspices pour la Tunisie. Certains hôtels situés dans les plus célèbres stations balnéaires du pays affichent déjà des taux de réservation à 100%, pour juillet et août. Pour éviter la foule et pour plus de tranquillité, la location périodique semble être la solution la plus adéquate.

Locations de luxe

De plus en plus de propriétaires de villas de luxe n’hésitent pas à mettre en location leurs biens pour la saison touristique. Piscine extérieure, maison pieds dans l’eau, personnel pour le ménage, la cuisine et le jardin… Un service digne des plus grands hôtels…mais à la maison.

C’est la formule qu’ont choisi cinq familles issues de la capitale avec qui nous nous sommes entretenus. Chaque année, ils passent une semaine dans un véritable château dans la région du Cap Bon… Le prix semble être exorbitant: 13.000DT pour 6 nuits. Mais en divisant cette somme par cinq, cela revient à environ 2500DT pour chaque famille composée de quatre personnes, soit en tout 20 personnes.

Mauvaises surprises…

Si Ahmed a pris le soin de visiter l’appartement qu’il a loué à l’avance, d’autres offres alléchantes visibles sur internet peuvent réserver parfois de mauvaises surprises.

C’est ce qui est arrivé à Nabil et Sana, un jeune couple qui a voulu profiter des eaux cristallines de la côte Bizertine. « Nous avons réservé un chalet en bord de mer pour 4 nuits à 750DT. Les photos étaient magnifiques. Alors nous n’avons pas hésité », nous dit Sana. Pourtant à leur arrivée sur place, la déception a été grande. « Le bien était sale, les draps aussi et il n’y avait pas d’eau chaude! », déplore-t-elle. De plus, seul un des 7 bungalows disponibles avait une vue sur la mer contrairement à ce qui était indiqué sur l’annonce. Après plusieurs réclamations, en vain, auprès du propriétaire, le couple a abrégé son séjour au bout de deux nuits.

Evasion fiscale

Rares sont les propriétaires qui proposent des contrats de location. Par conséquent, aucun recours en justice n’est possible.

De plus, qu’il s’agisse de maisons d’hôtes non déclarées ou de villas privées, les transactions touristiques générées  par ce genre de locations, représentent un manque à gagner important pour l’Etat  en termes de recettes fiscales. Et ce sans parler des transactions faites en devises grâce aux réservations réalisée via des sites étrangers à image de « Airbnb ».

Une vraie source de revenus non déclarés qui se transforme en évasion fiscale pour des propriétaires qui n’hésitent pas à quitter leur propre domicile pour le mettre en location périodique.

Wissal Ayadi