La relance économique ne pourra se faire sans une réponse à la problématique climatique

21-05-2020

L’économiste  et directeur général de l’Institut Tunisien de la Compétitivité et des Etudes Quantitatives, Zouheir El Kadhi a averti contre les conséquences des déversements des déchets phosphogypses dans le Golfe de Gabes. Même chose pour la salinisation de la nappe profonde en Tunisie.

«  Une telle catastrophe écologique coutera cher pour l’Etat » a-t-il lancé, lors d’un « café climatique » organisé par la fondation Friedrich Ebert Stiftung-Tunisie sur la question de la « Lutte contre le changement climatique après COVID : Quel rôle des acteurs clés pour la relance ? ».

Le tourisme doit être aussi repensé, sachant qu’il est parmi les domaines  économiques qui consomment le plus d’eau, a-t-il souligné.

Zouheir El Kadhi a par ailleurs appelé les entrepreneurs à investir dans l’agriculture, le secteur  le moins touché par le choc économique lors de la crise liée à la pandémie..

« Il faut en faire un secteur plus vert et plus écologique pour garantir sa pérennité », recommande-t-il, en prévoyant que les industries polluantes perdront de l’importance dans l’avenir en contrepartie.

L’experte en droit de l’environnement et de développement durable, Afef Hammami Marrakchi, a d’autre part souligné que la baisse de l’émanation du CO2 ainsi que de la diminution de la pollution, ne sont que des résultats temporaires liés au confinement général.

Elle a rappelé dans ce sens que la crise sanitaire du Covid-19 nous a bien montré aussi que les pays les plus pollués étaient les plus sinistrés que ce soit par le nombre de contaminations ou encore de décès…

« La question qui reste à prouver est la suivante : la reprise économique prendrait-elle en considération les recommandations de l’Organisation des nations unies (ONU) appelant à inscrire les changements climatiques à l’échelle des priorités, pour éviter une autre catastrophe sanitaire », a-t-elle ajouté.

« La relance économique serait-elle orientée vers des changements climatiques, si oui, avec quelle gouvernance et quels acteurs, sachant que la COP-26 a reporté son sommet pour une date ultérieure».

 « S’il y a une chose à retenir de cette pandémie, c’est que la santé comme l’environnement font partie du patrimoine mondial, et des problématiques globales partagées par toute l’Humanité. On ne parle désormais plus de l’international mais du « transnational »,  a ajouté Afef Hammami Marrakchi.

Samira Nefzi, également experte de l’environnement, a rappelé  que les organisions mondiales se sont mobilisées pour intégrer le développement durable dans les politiques de relance économique. Comme la banque mondiale (FMI) qui a publié durant le mois d’avril 2020, une grille d’évaluation de la durabilité appliquée aux interventions  de soutien à la reprise économique avril 2020.

« Cette grille d’évaluation repose sur des considérations à court terme tels que l’impact sur l’emploi, sur l’activité économique ainsi que sur l’évaluation de la rapidité et le risque. Quant aux considérations à long terme, elles reposent sur la durabilité de cette réforme en mettant l’accent sur l’impact du capital humain et social, l’impact sur les principales défaillances du marché, ainsi que le renforcement de la résilience et des capacités d’adaptation sans oublier la décarbornisation, la croissance durable et risques à long terme ».

Emna Bhira