Nouvelles restrictions en Tunisie : ça rassure un peu, mais la perplexité reste de mise !

05-10-2020

La batterie de mesures préventives visant à limiter la propagation du Coronavirus en Tunisie, annoncée par le chef du gouvernement Hichem Mechichi, a secoué les Tunisiens. Désormais, c’est un vrai sentiment d’inquiétude qui les gagne.

Port du masque obligatoire dans tous les espaces publics et transports communs, interdiction de tout type de rassemblement, qu’ils soient sportifs, culturels ou festifs, application du système de séance unique sous la forme de rotation d’équipes dans la fonction publique, confinement dans les gouvernorats considérés comme zones rouges, suspension de la prière dans les mosquées….

Mechichi a tiré la sonnette d’alarme et l’Etat ne peut plus compter sur la conscience des Tunisiens. Des sanctions sévères et des amendes seront infligées aux contrevenants.

En effet, les citoyens semblent être satisfaits par le renforcement des restrictions. C’est ce que nous avons pu constater en s’adressant à des habitants de La Marsa, en banlieue Nord de Tunis.

Un hic néanmoins, plusieurs personnes interrogées qui appellent à la fermeté en matière d’application des mesures de prévention ne portaient pas de masque, ou le portaient mal, signe que ce geste anodin, mais qui reste le meilleur rempart contre la propagation de l’épidémie, a du mal à entrer dans les habitudes quotidiennes des Tunisiens.

Pour cet homme rencontré sur la terrasse d’un café, ces décisions vont, sans doute, aider à mieux contrôler la pandémie, mais elles interviennent un peu tard.

« Après tout, l’augmentation du nombre de personnes contaminées a commencé à croître dès le mois de juin avec l’ouverture des frontières. Toutefois, toute mesure préventive est la bienvenue ».

Notre interlocuteur s’interroge également sur les transports en commun dans lesquels aucun contrôle n’est de mise quant au respect des gestes-barrières.

Un peu plus loin, nous rencontrons deux amies assises sur un banc en train de discuter. Pour elles, le respect des mesures sanitaires est le premier pas vers la baisse de la propagation du virus. « Il y a encore beaucoup trop de gens qui ne sont pas conscients du danger qui nous guette et qui ne prennent aucune précaution. Ils ont besoin de sanctions fermes pour les appliquer ». A cet égard, les autorités ont prévu une amende de 60 dinars à tout contrevenant au port du masque.

A partir du mardi 06 octobre, les administrations publiques travailleront en rotation d’équipes entre le matin et l’après-midi. Objectif, faire baisser la pression dans les transports en commun.

Une nouvelle qui satisfait à moitié un quinquagénaire rencontré en bord de mer.

« Cette mesure est une bonne chose car notre réseau de transport n’est pas adapté à la crise sanitaire que nous vivons ».

Il ajoute que la crise du Covid-19 n’a fait qu’aggraver une situation économique et sociale déjà très difficile en Tunisie. « Les gens ne savent plus où donner de la tête. Crise sanitaire et crise économique, c’est beaucoup trop de pressions pour eux ».

Si pendant le confinement, le bilan quotidien des contaminations (moins de 50 cas) provoquait une psychose ambiante, aujourd’hui les milliers de cas découverts chaque jour ne semblent pas faire effet.

Pour cet habitant de La Marsa, les mesures restrictives ne suffisent pas, il faut conscientiser avant de restreindre. « Je pense que l’Etat ne nous donne pas assez d’éléments sur la réalité de la situation. Il y a beaucoup trop de contradictions dans le discours scientifique et cela prête à confusion. Pour ma part, je ne sais plus si le port du masque par exemple est vraiment efficace ».

Hichem Mechichi a annoncé, il y a quelques semaines, qu’un confinement total n’était pas envisagé. Pour autant, certains pensent que c’est une solution pour éviter la catastrophe. « Je suis pour un confinement total d’au moins une quinzaine de jours voire même pour un mois car je suis persuadé que personne ne respectera les mesures restrictives », nous confie un passant pessimiste quant au succès de la Tunisie face au Coronavirus.

Reportage réalisé par Emna Bhira et Wissal Ayadi