Les Tunisiens appréhendent la rentrée, dans un contexte morose !

21-08-2020

En cette fin d’été, les Tunisiens n’ont pas la moral. Il faut dire que l’année 2020 n’a pas été celle des plus facile à vivre. Crise sanitaire sans précédent, instabilité politique et un pouvoir d’achat qui ne cesse de se dégrader… A la veille de la rentrée scolaire, les citoyens expriment leur inquiétude face à un avenir de plus en plus flou…

Sur l’Avenue Habib Bourguiba, les masques ont fait leur retour sur le visage des Tunisiens. Difficile donc d’entrevoir un sourire ou même une expression. Nous les avons donc interrogé sur l’ambiance qui règne dans le pays en ce moment. Quelles sont leurs craintes ? Comment appréhendent-t-ils la rentrée scolaire ? Se sentent-ils en sécurité ?

Rentrée scolaire

Annoncée pour le 15 septembre prochain, la rentrée scolaire approche à grands pas. C’est donc le moment pour des millions de familles de la préparer dans un contexte, cette fois-ci très particulier. Nous parlons avec une mère de famille accompagnée de sa fille collégienne. « J’ai très peur pour elle. Le virus semble revenir en Tunisie et je ne sais pas comment appréhender cette rentrée ». Elle déplore par ailleurs le manque de communication du ministère de l’éducation concernant les conditions qui seront mises en place dans les établissements scolaire. « Nous ne savons rien encore. Nous ne savons pas s’ils seront contraints de porter es masques, s’il y aura à disposition des élèves des points d’eau propres afin qu’ils se lavent les mains… », nous dit-elle. « C’est à l’Etat de faire le nécessaire, nous les parents, nous sommes prêts ».

Depuis plusieurs années, l’école publique est laissée à l’abandon. Il n’est un secret pour personne que les infrastructures scolaire en Tunisie sont laissées à l’abandon. Vitres cassées, absence de chauffage, portes de toilettes cassées, etc, nos élèves étudient dans des conditions très difficiles.

Alors, il est légitime pour ces parents inquiets de se demander comment la rentrée se fera avec un contexte sanitaire aussi extrême.

Nous rencontrons une étudiante à la faculté des sciences de Tunis. Elle vient tout juste de terminer ses derniers examens et elle explique qu’à l’intérieur de l’université aucune mesures sanitaires n’ont été prises. « Dans chaque amphithéâtre nous sommes une centaine, venus des 4 coins du pays. La seule chose que l’on nous donne c’est un peu de gel à l’entrée », déplore-t-elle.

A noter que pour le moment ni le Ministère de l’éducation, ni celui de la Santé n’ont donné de protocole sanitaire à adopter.

Insécurité

Vols à l’arraché, effractions, braquages sur les routes. La violence connaît une ascension fulgurante. Il ne se passe pas une semaine sans entendre une affaire. La dernière en date et qui a fortement choqué la population est celle d’une journaliste d’une radio attaquée au couteau à bord de sa voiture.

« Nous ne sommes plus en sécurité en Tunisie. La police essaie de faire son travail tant bien que mal, mais les actes de violence sont devenus de plus en plus nombreux », nous dit un passant de l’Avenue Habib Bourguiba.

« Le grave contexte économique et social de la Tunisie a laissé place à une augmentation inquiétante de la délinquance », ajoute-t-il.

Instabilité politique

Depuis l’élection de Kais Saïed, il y a presque un an, deux chef de gouvernement se sont succédé (Youssef Chahed et Elyès Fakhfakh), sans compter la tentative de Habib Jemli, qui n’a même pas abouti malgré les deux mois de délais prévus par la constitution, et enfin le gouvernement attendu qui doit être annoncé dans les jours à venir par Hichem Mechichi. Cette instabilité politique, qui en réalité dure depuis la révolution de 2011, ne fait qu’aggraver la situation de la Tunisie. « Je n’ai plus confiance dans aucun parti, ni aucune personnalité politique », nous dit un homme que nous avons interrogé.

Les Tunisiens semblent être complètement désintéressés de la politique. Ils assistent, sans pouvoir agir, à un ballet incessant de ministres et de députés qui n’ont pas pu donner de feuille de route, ni de stratégie ni de vision pour le futur du pays. Les changements de gouvernements ne pouvant pas assurer une continuité des politiques publiques.

Si il y encore quelques années, les Tunisiens pouvaient encore réfléchir à leur avenir, aujourd’hui, ils semblent vivre au jour le jour sans savoir ce que demain sera fait.

Retrouvez ci-dessus la vidéo de notre micro-trottoir.

Wissal Ayadi