Cancer du sein : 2500 cas/ an en Tunisie, l’Octobre rose 2021 focalise sur la sensibilisation

19-10-2021

Le cancer du sein est le cancer le plus diagnostiqué chez les femmes à travers le monde. La Tunisie enregistre chaque année 2500 cas, 11% des patients sont âgés  de moins de 45 ans.  Il s’agit d’un réel fléau qui touche autant les malades, que leur entourage et leur famille.

L’Octobre rose est le mois de sensibilisation au dépistage précoce, qui pourra sauver les milliers de vies.

Durant ce rendez-vous annuel, des campagnes de communication et d’orientation des femmes sont lancées à travers tout le pays, par les associations spécialisées, en collaboration avec le ministère de la Santé.

Dans un entretien accordé à Gnetnews, la secrétaire générale de l’Association tunisienne d’assistance des malades du cancer du sein (ATAMCS), Raja Mrabet, a indiqué que cette année, les efforts seront focalisés sur la sensibilisation.

« A cause de la pandémie du Covid-19, nous avons préféré reporter la campagne de dépistage dédiée au grand public », dévoile-t-elle.

 En revanche, des caravanes de sensibilisation et d’orientation sont en cours. Des recommandations seront vulgarisées massivement durant ce mois, concernant l’importance de la prévention précoce. Des dépliants sur l’importance de l’autopalpation après chaque période de menstruation, seront distribués au cours de ce mois, en collaboration avec le Croissant rouge, et cela dans différents quartiers, magasins, cliniques, instituts, salles de sport, et dans d’autres espaces publics.

Par ailleurs, Raja Mrabet a rappelé que les femmes pourront bénéficier d’une mammographie gratuite à l’hôpital Salah Azaiez et Abderrahman Mami non seulement lors de la campagne, mais aussi durant toute l’année. Pour les jeunes ayant des antécédents familiaux, il est recommandé d’effectuer une mammographie dès l’âge de 20 ans. Les plus de 45 ans, sont appelés à la faire régulièrement, soit une fois par an Â».

Bien que l’ATAMCS assiste les malades du cancer du sein, elle leur offre aussi des accessoires essentiels, après une ablation du sein, ou encore pour celles traitées par une chimiothérapie ou radiothérapie.

 « Les malades du cancer du sein endurent aussi de lourds traitements, qui sont pénibles à supporter physiquement et psychologiquement. Elles y perdent leurs cheveux, sourcils et cils. D’autres, dans des cas plus avancés, sont contraintes de faire une ablation du sein. Afin d’assister psychologiquement ses adhérentes, l’ATAMCS, offre en plus des prothèses mammaires externes, des sous-vêtements adaptés et des perruques, et cela à titre gratuit Â».

Salima, 56 ans, membre de l’ATAMCS a eu un cancer du sein il y a 4 ans. Elle suit encore une hormonothérapie. Elle nous a confié qu’une fois elle a terminé sa chimio, elle a eu recours à l’ATAMCS.

« J’avais besoin de parler, et d’échanger avec des femmes qui sont passées par le même parcours que moi. Grace à la thérapie de groupe, je me suis sentie moins seule et plus forte moralement. J’ai appris à accepter plus facilement mes changements physiques».

Jalila, une autre femme d’une quarantaine d’années nous a aussi parlé de son combat avec la maladie. « J’avais peur que mon mari me quitte, si je perds une grande  partie de ma féminité. Les divorces sont très courants dans les cas de malades chroniques », dénonce-t-elle.

« Malgré la fatigue, et les nuits blanches à cause de la douleur, je me reprenais le matin, pour prendre soin de moi rien que pour éviter les regards de pitié de mon entourage. Durant ce chemin vers la guérison, la malade profondément brisée par son destin, a besoin de soutien et d’acceptation. Il faut donc l’aider à reprendre ses forces, par tous les moyens réparateurs, qu’ils soient médicaux ou encore esthétiques», recommande-t-elle.

L’importance des soins de support

Sarra Gharbi, ingénieur qualité, hygiène et sécurité, propriétaire aussi du centre ElyssArt, une  académie spécialisée dans les soins de support et la socio-esthétique, a insisté sur la double souffrance des femmes atteintes du cancer du sein.

Dans un entretien accordé à Gnetnews, elle a évoqué le choc émotionnel qui survient lors de la perte de cheveux, à partir de 2 à 3 semaines de la première séance de cure de chimio. Les patientes n’arrivent plus à se regarder dans la glace après une perte des sourcils et des cils. En effet, le traitement s’attaque directement à la féminité des patientes. Ces derniers viennent au centre Elyssart, dans un état psychologique chaotique. Certaines demandent une pigmentation des sourcils. D’autres, ayant opté pour une reconstruction mammaire, se présentent pour refaire l’aréole du sein.

D’après Sarra Gharbi, ce genre de soins  esthétiques, dédié à des personnes immunodépressives, exige un pigment de haute qualité.

« Certains produits sont cancérigènes. Ils sont utilisés en Tunisie, dans des centres qui ne respectent pas les règles d’hygiène, a-t-elle dénoncé. D’ailleurs, cet acte médico-esthétique, doit être réalisé dans une cabine stérilisée, avec une nouvelle seringue à usage unique. Elyssart demande aussi la validation du médecin oncologue, qui selon  l’Etat de sa patiente, approuve ou pas la pigmentation », souligne-t-elle.

Les malades sont appelées à ne pas confier leur corps à des centres non certifiés, et n’ayant pas reçu une formation adéquate en matière de soin de support.

Tout de même, ces petites retouches du visage ou encore du corps, ont un effet immédiat sur les malades du cancer du sein.  « Une fois les sourcils refaits, elles redeviennent enthousiastes. Grace à ces soins, les femmes retrouvent leur dignité. », nous a confié Sarra Gharbi.

Emna Bhira