Covid : « Le pic des contaminations devrait arriver d’ici six semaines », estime Dr.Rafik Boujdaria

07-01-2022

La Tunisie témoigne d’un rebond de la pandémie, enregistré depuis le mois de décembre 2021. Une explosion des contaminations a été enregistrée , allant d’une centaine de cas positifs par jour au mois de novembre 2021, à plus de 2300 cas quotidiens en janvier 2022…

Après une vague mortelle dû à la propagation du variant delta durant l’été dernier, ce début d’année démarre avec une hausse exponentielle de la propagation du virus Omicron, annonçant le début de la 5ème vague de la pandémie du covid-19. Cette dernière, risque d’être plus contagieuse mais moins dangereuse, nous a confirmé Dr.Rafik Boujdaria, chef de service de médecine d’urgence, à l’hôpital Abderrahman Mami, de l’Ariana, dans un entretien accordé à Gnetnews, soulignant que ce variant est néanmoins préoccupant, vu qu’il a déjà muté 32 fois avant.

Ce caractère mutant lui permet de contourner l’immunité acquise. Mais jusqu’à maintenant, l’Omicron n’a pas engendré une hospitalisation massive des malades, ou encore causé de multiples décès, comme ceux enregistré en été, suite à la propagation du variant delta. Les courbes d’hospitalisation demeurent plates, pourtant 70% des tests confirment une contamination par l’Omicron…Il est donc fort probable que ce nouveau variant laissera des impacts moins graves sur la santé des patients. A moins qu’il mute encore fois, a-t-il averti.

D’après les pronostics du chef du service des urgences à l’Hôpital Abderrahman Mami, le pic des contaminations par l’Omicron, devrait arriver d’ici six semaines, vu la forte vitesse de sa transmission. « Ce virus se propage à vive allure partout dans le monde. Il  est déjà  majoritaire aux Etats Unis et en France. Ceci est déjà le cas en Tunisie actuellement ».

Par ailleurs, Dr. Boujdaria a insisté sur la rapidité avec laquelle le virus se propage, qui pose une réelle problématique. Il faut anticiper et organiser la riposte, recommande-t-il.

D’abord il faut plus contrôler les zones frontalières terrestres, notamment avec la Libye, qui est un pays très ouverts aux mouvements transafricains. Outre la présentation d’un test PCR négatif à l’entrée au sol Tunisien via les aéroports, les voyageurs devraient réaliser un deuxième PCR, 2 jours après leur arrivée.

Endurcir l’application des gestes barrières notamment dans les endroits publics fermés serait de mise, notamment dans les magasins, administrations, établissements scolaires/universitaires, et dans les moyens de transport commun. Le port du masque ainsi que la distanciation sociale doivent être obligatoires pour tous les âges dans ces espaces.

Bien qu’il soit moins virulent, l’Omicron risque de mettre en péril la santé des malades souffrant de pathologies chroniques, il serait  donc nécessaire d’accélérer la vaccination des plus que 50 ans, afin qu’ils achèvent leur schéma vaccinal complet, qui doit englober aussi les doses de rappel, a préconisé Dr.Boujdaria.

L’inquiétude des Tunisiens face à cette 5ème vague

Cette hausse rapide et inattendue des cas positifs en Tunisie a stimulé l’inquiétude des Tunisiens, qui se sont retournés à peine à la normale il y a quelques mois. Après de longues périodes de confinement, de couvre-feu, de télétravail, et de fermeture des cafés, restaurants et établissements touristiques. Le bilan sanitaire s’est alourdit encore une fois, les entrainant ainsi dans un état d’incertitude, concernant la virulence du virus et les retombés de sa prolifération.

Nous avons contacté Karim, cadre dans une entreprise privée. Selon ses dires, il a échappé par miracle à une éventuelle contamination, il y a une semaine.

«  La période des fêtes a empiré la situation sanitaire en Tunisie. Les groupements privés, à l’occasion du réveillon de Noel et du jour de l’an, ont fait que le nombre des contaminations a explosé. Dans mon entourage, nombreuses personnes ayant eu pas moins de 2 doses du vaccin, ont été contaminées le lendemain du 31 décembre. D’autres, ont déjà été testés positifs la dernière semaine du mois…Cette hausse des cas, a été bien prévue, vu l’absence des gestes barrières également dans les boites de nuit, hôtels, et restaurants…Ce taux de positivité passé de 4% à 20% en moins de 4 semaines, n’est autre que la conséquence d’un laisser-aller aussi auprès des Tunisiens », déplore-t-il.

Dans le cas de Maya, directrice dans un laboratoire pharmaceutique, plusieurs de ses collègues ont été contaminés ces dernières semaines par le coronavirus.  « Vu que nous organisons souvent des symposiums, séminaires et formations dans lesquels sont présents des médecins et formateurs venant de différents pays, dont le Liban, la Turquie et la France, il y a eu certainement un contact avec des personnes positives mais asymptomatiques », nous dévoile-t-elle. Par conséquent, l’entreprise a imposé aux départements disposant d’au moins un cas positif au télétravail, en attendant que cette vague passe…

Emna Bhira