Tunisie : Sucre, café, huile…la nutritionniste Yosra Bornaz présente des alternatives pour contrer la pénurie

23-09-2022

Sucre, café, thé, lait, riz… les pénuries se suivent et les plaintes des Tunisiens, férus de ces produits alimente un stress de plus en plus pesant sur leur moral.

Cette crise, palpable aussi bien en Tunisie qu’au niveau mondial, a incité de plus en plus de personnes à changer leur alimentation afin de s’adapter à ces manques.

Ainsi, ne serait-il pas le moment pour nous aussi, Tunisiens, épicuriens dans la nourriture à outrance, de changer nos habitudes alimentaires ? Une occasion de revoir à la baisse nos apports en sucre et en graisse, qui font qu’aujourd’hui une bonne partie de la population souffre de diabète et d’hypertension.

Pour nous aider à emprunter le chemin de la « Healthy food » (nourriture saine), nous nous sommes adressés à Yosra Bornaz, nutritionniste à Tunis.

Les alternatives au sucre sont nombreuses

Qui n’a pas vu les vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrant des centaines de Tunisiens se battre dans les supermarchés, ou prêts à faire la queue pendant plusieurs heures pour un paquet de sucre ? Un spectacle affligeant qui pousse à réfléchir sur l’indispensabilité du sucre raffiné dans notre quotidien alimentaire.

Ce n’est un secret pour personne : le sucre blanc est très nocif pour la santé. Si dans certains secteurs, tels que les pâtisseries, le sucre est une nécessité, au niveau domestique (à la maison), la pénurie peut être une occasion d’en consommer moins ou autrement.

« Le sucre raffiné est composé d’une fusion entre glucose et fructose, qui donne la saccarose. La valeur en sucre dans un carreau est de 5 grammes. Les Tunisiens ont généralement tendance à mettre au minium deux sucres dans leur café, ce qui donne donc 10 grammes, sans compter les ajouts tels que le sucre présent dans le lait, le chocolat en poudre ou le café soluble », explique Yosra Bornaz.

L’Organisation mondiale de la santé préconise de ne pas dépasser 10% de l’apport journalier total. Si quelqu’un a besoin de 2000 calories par jour, l’apport en sucre ne doit pas dépasser 200/230 grammes. « Les Tunisiens consomment beaucoup de sucre car il est présent dans de nombreux aliments de notre quotidien, tels que les gâteaux, les pâtisseries, le café, le pain, les yaourts, etc. », poursuit-elle.

Le sucre dit « caché » est également présent dans beaucoup de produits industriels, dont les fameux cake que l’on achète généralement pour les enfants. Par exemple une part de cake industriel de 100 grammes, contient 70 grammes de sucre. Il en est de même pour les céréales industrielles. Le chocolat en poudre est composé de 20 grammes de cacao et de 80 grammes de sucre.

Ainsi, pour préserver notre santé et faire face à la pénurie de sure, il existe plusieurs alternatives au sucre raffiné. D’abord, Yosra Bornaz conseille de s’en passer complètement pour le café. « Si ce n’est vraiment pas possible, je préconise d’utiliser les édulcorants prescrits par les médecins et nutritionnistes, qui sont ceux à base de stévia ou de sucralose ».

Autre possibilité, celle d’utiliser des produits dits traditionnels et facilement trouvables. C’est le cas notamment du caroube. D’ailleurs depuis la pénurie de sucre, son prix a augmenté. Le kilo se situe entre 18 et 20 dinars.

Caroube

« Il vaut mieux enlever les pépins et l’amener à la « tahouna » pour en faire sortir une poudre. Celle ci permet de remplacer le sucre dans toutes les préparations et de plus il donne un goût agréable. Mais, cependant il ne faut pas en abuser et demander l’avis d’un médecin ou d’un pharmacien si l’on prend des médicaments pour voir la comptabilité et éviter les interactions chimiques », souligne la nutritionniste.

Ainsi, 100 grammes de sucre raffiné peuvent être remplacés par 50 grammes de poudre de Caroube.

Le miel est également une bonne alternative au sucre. Pour autant, il est déconseillé pour les personnes atteintes de diabète ou d’hypertension, car il est tout de même calorique et hyperglycénium. « Il ne faut donc pas l’utiliser de manière trop importante, à toutes les sauces. Privilégiez le miel naturel, sans ajouts de sucre », nous dit Mme Bornaz.

D’autres solutions à la pénurie de sucre blanc existent mais elles sont onéreuses. Le sucre de dattes et de noix de coco. Ces deux produits sont disponibles dans les épiceries fines. Leur index glycémique est en deçà de celui du miel ou du sucre. « Même s’il reste cher, il permet de sucrer avec beaucoup moins de quantité. Cent grammes de sucre classique équivaut à 20 grammes de sucre de datte ou de noix de coco ».

Pour les alternatives 100% naturelles, il est tout à fait possible d’utiliser des fruits pour réaliser des cakes. « Compote de pomme ou de poire par exemple. Toutefois, il faut faire attention aux doses, car le fruit une fois cuit, voit sa teneur en sucre augmenter de manière importante », ajoute la professionnelle.

Deux cafés par jour, pas plus !

Un café au réveil, en arrivant au bureau, puis à 10 heures à la pause, un autre après le déjeuner, au goûter et le soir avant dormir… A croire que les Tunisiens sont accros au petit noir. Nous connaissons l’engouement pour le café, rien qu’à voir les terrasses des cafétérias bondées de monde du soir au matin.

En soit le café n’est pas mauvais pour la santé. Il est anti-oxydant, donne de l’énergie , stimule le système nerveux central…mais seulement, s’il est consommé avec modération.

Ainsi, La pénurie de café dans les grandes surfaces peut être un moyen efficace de diminuer le nombre de tasses bues par jour. Dans ce cas, Yosra Bornaz préconise 2 cafés maximum par jour, en évitant les cafés au lait et les solutions solubles. En effet, café et lait ne font pas bon ménage pour la digestion. « Il vaut mieux boire un café d’un coté et un verre de lait de l’autre », précise-t-elle.

Il en va de même pour le thé, qui empêche l’absorption du fer. « Si vous ne trouvez plus de café du tout dans le commerce, il peut être remplacé par une tisane ou une infusion pour le petit-déjeuner, comme c’est le cas en Turquie, au Liban, au Japon ou au Royaume-Uni ».

L’huile d’olive: l’utiliser c’est l’adopter

L’huile de tournesol ou de maïs viennent également à manquer dans les étals des supermarchés et de plus, le prix du litre a augmenté de manière exponentielle pour atteindre les 8DT. Pour Yosra Bornaz « c’est tant mieux! ».

La solution est dans l’huile d’olive, en abondance dans notre pays. « Même s’il reste plus cher, son goût plus prononcé nous oblige à en mettre moins que l’huile de tournesol », explique-t-elle.

En effet, pas besoin d’en mettre des quantités importantes. « Par exemple, pour une sauce de pâtes, une cuillère à soupe par personne est amplement suffisant ».

L’huile d’olive se pose ainsi comme étant plus économique et meilleur pour la santé. Selon la nutritionniste, elle cotisent de l’oméga 3 et de l’oméga 6. C’est également une huile polyinsaturée. « Plusieurs études menés par des cardiologue de renommée mondiale ont indiqué que l’huile d’olive et bonne la circulation cardio-vasculaire ». Mais ici aussi, la modération est de rigueur.

A noter que l’huile de maïs, que l’on consomme beaucoup en Tunisie, est composée d’une quantité importante d’OGM (organismes modifiés génétiquement).

« Par ailleurs, pour économiser l’huile, il suffit d’éviter les fritures et de privilégier les cuissons au four ou à la vapeur », conclut-elle.

Alors changer d’alimentation est possible…encore faut-il en avoir la volonté. L’impact des différentes crises mondiales qui ont frappé le monde ces dernières années ont démontré l’importance d’utiliser les capacités d’adaptation, presque illimitées, dont dispose le genre humain.

Aujourd’hui, et plus que jamais, ces événements ont également montré qu’une bonne santé est la plus grande richesse de l’Homme. De gestes simples et la détermination sont les clés de sa préservation.

Wissal Ayadi

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