Balade à travers les artères du centre-ville, les Tunisiens entre insouciance et discipline !

Pour renforcer sa stratégie de lutte contre le Coronavirus, le gouvernement a mis en place des mesures sanitaires supplémentaires, comme l’interdiction des tables et chaises dans les cafés et les fast-foods, la mise en place d’un couvre-feu de 21h à 5h du matin du lundi au vendredi, et de 19h à 5h les samedi et dimanche, l’interdiction de toute sorte de manifestation pour éviter les rassemblements, en plus de l’obligation du port du masque dans les endroits publics qu’ils soient ouverts ou fermés.
L’impact de ces mesures sur la baisse de la contagion ne seront visibles qu’après quatorze jours, période d’incubation du virus, a précisé Dr.Nissaf Alaya, coordinatrice du programme national de lutte contre le Coronavirus.
En effet, la Tunisie est en train de vivre, ce que certains définissent comme une première vague, considérant celle vécu au printemps comme étant une « vaguelette ». Le pays enregistre en moyenne entre 1000 et 1200 cas par jour, portant aujourd’hui le bilan total à 34.790 personnes contaminées depuis l’apparition du virus en mars dernier.
Malgré ces chiffres alarmants, les citoyens semblent encore inconscients de la gravité de la situation. Pourtant le ministère de la Santé a fait du non-respect des gestes barrières une infraction passible d’une amende.
Cependant, le port du masque semble être rentré dans les habitudes des Tunisiens. En effet, si au mois de septembre ils n’étaient que 10% de la population à se munir d’un masque, au mois d’octobre ce chiffre est passé à 40%. Une évolution jugée positive par Faycel Ben Salah, le directeur de la santé publique, mais insuffisante pour stopper la propagation de la pandémie.
La distanciation sociale reste, de son côté, encore difficile à faire appliquer.
Afin de se rendre compte de la réalité de la situation en Tunisie, nous nous sommes rendus sur la plus célèbre et fréquentée artère de la capitale, l’Avenue Habib Bourguiba. Connue pour étant un quartier d’affaires et de shopping, l’ambiance y a complètement changé.
Les fameuses terrasses sont vides, plus tables ni de chaises dans les cafés, qui encombraient autrefois les trottoirs. Les boissons sont servies dans des gobelets et la nourriture est à emporter.
Même à midi, heure de pointe, l’ambiance est morose. Les gens sortent moins pour prendre l’air et déjeuner.
En revanche, au cœur des petites ruelles du centre-ville, au croisement des rues Charles de Gaulle, d’Allemagne et d’Espagne la foule est au rendez-vous. On y retrouve notamment les marchands ambulants illégaux qui se cachent pour vendre leurs produits, loin des barrages de police qui encerclent l’Avenue. Ainsi, la distanciation sociale est quasiment impossible, les gens étant agglutinés devant ces étals sans qu’aucun contrôle ne soit fait.
Nous nous engouffrons dans le marché central. Si les clients respectent quasiment tous la réglementation du port du masque, pour les vendeurs, il n’en est rien. Ils n’hésitent pas à crier leur prix à tout va sans protéger ni les gens ni les produits qu’ils vendent.
Si faire les courses alimentaires est une nécessité, le shopping, lui n’en est pas une… et cela est flagrant quand on entre dans les ruelles du souk de la médina de Tunis. En effet, si les commerçants ont commencé à se faire à l’idée qu’ils ne faillaient pas qu’ils comptent sur les touristes, il semble que les Tunisiens aussi ont déserté le souk.
Avant l’apparition du virus, les boutiques d’artisanat, de bijoux ou encore de vêtements bon marché ne désemplissaient pas, aujourd’hui il est très facile de se balader sans se bousculer et piétiner.
Reportage réalisé par Emna Bhira et Wissal Ayadi