Photoreportage : De la Marsa à Sidi Bou Saïd, la banlieue nord désertée

17-03-2020

La Tunisie est désormais en état d’alerte suite à l’épidémie du Coronavirus. Avec 24 cas de personnes infectées, les Tunisiens sont appelés à limiter leurs déplacements… Cafés, bars, restaurants ferment leurs portes à 16h, heure à partir de laquelle la vie s’arrête dans la capitale.

Il est exactement 16h30, ce lundi  16 Mars. Nous nous sommes dirigés vers la banlieue Nord de Tunis, pour voir si les  Tunisiens respectent les mesures restrictives prises par le gouvernement, et si les commerces sont vraiment fermés au public. Un premier épisode de notre série de photoreportages autour des effets du Coronavirus sur le quotidien des gens.

La banlieue nord est connue pour son bon vivre, ses cafés, restaurants, commerces… Pourtant en ce premier jour de la semaine, la petite ville cossue de La Marsa est vide….

Seuls quelques dizaines de passants ont décidé de braver les risques d’infection pour aller prendre l’air sur la fameuse corniche en bord de mer… « Nous avons besoin de sortir… nous ne pouvons pas rester cloîtrées à la maison », me disent deux jeunes filles arborant des masques pour éviter les risques.

Un peu plus loin, dans une rue piétonne où d’habitude la foule s’empresse d’aller prendre son petit café de l’après-midi, c’est une atmosphère presque apocalyptique… Il n’y a pas âme qui vive. Ce silence est seulement troublé par le cliquettement de quelques bouteilles en plastique jonchant le sol. Soudain, attablé seul à une terrasse de café fermé, un homme buvant son petit café noir dans un gobelet en carton, sans doute acheté avant que le patron n’ait baissé son rideau, semble profiter de ce calme. Il a amené avec lui une petite radio à pile… Il se laisse bercer par les chansons de la Diva Oum Kalthoum. « J’ai mes habitudes et je ne veux pas qu’elles changent », nous lance-t-il. 

Il est 17h30. Il est temps d’aller à Sidi Bou Saïd pour manger un « Bambalouni », ces fameux beignets au sucre tant renommé. La ville bleue et blanche est vide, du jamais vu… Seul les vendeurs de souvenirs sont ouverts dans l’espoir d’un miracle ou d’un touriste de passage. Ils portent tous des gants et des masques, sous lesquels le désespoir marque leur visage, d’habitude si enjoués. 

Un peu plus loin, le vendeur de « Bamablouni » est fermé… Porte close, cadenas bien enfoncé… Un des vendeurs ambulant nous confie qu’il est désormais fermé toute la journée…

Sur la route du célèbre « Café des Délices », emblème de Sidi Bou Saïd, le silence est assourdissant. En temps normal, il est très difficile de trouver une place pour siroter un thé tout en admirant la vue incroyable sur le golfe de Tunis, mais aujourd’hui la terrasse pleure ses clients…

 

Cette ambiance nous fait revenir quelques années en arrière, après la Révolution… Mais rappelez-vous que nous l’avons surmonté grâce à la mobilisation de tout un peuple!

Encore une fois, les Tunisiens semblent avoir pris la mesure du danger… Une bonne nouvelle dans cette lutte contre cette catastrophe sanitaire qui a fait des milliers de morts à travers le monde. 

Wissal Ayadi