Plusieurs pays européens suspendent le vaccin AstraZeneca, espoir suscité par l’arrivée de Johnson & Johnson

12-03-2021

Le vaccin d’AstraZeneca contre le Covid-19 était dans l’œil du cyclone jeudi, avec la suspension des injections par le Danemark, l’Islande et la Norvège, au moment où l’arrivée dans l’Union européenne d’un quatrième vaccin, celui de Johnson & Johnson, fait cependant espérer une accélération des campagnes d’immunisation.

L’Agence nationale danoise de la Santé, la première à annoncer cette décision, a invoqué la prudence face à des « cas graves de formation de caillots sanguins chez des personnes vaccinées », même si « à l’heure actuelle, on ne peut pas conclure à l’existence d’un lien entre le vaccin et les caillots sanguins ».

Les autorités sanitaires norvégiennes et islandaises ont également invoqué le principe de « précaution ».

Le laboratoire anglo-suédois et le gouvernement britannique ont réagi pour défendre un vaccin « sûr » et « efficace ».

De son côté, l’Agence européenne des médicaments (AEM) a affirmé que le risque de caillot sanguin n’était pas plus élevé chez les personnes vaccinées, alors que déjà lundi, l’Autriche avait décidé de cesser d’administrer un lot de vaccins du laboratoire après la mort d’une infirmière l’ayant reçu, suivie dans la foulée par l’Estonie, la Lituanie, la Lettonie et le Luxembourg, et jeudi par l’Italie.

Dans l’attente des résultats de l’enquête en cours, le régulateur européen a estimé que le vaccin pouvait continuer à être utilisé.

La France a elle aussi jugé qu’y avait pour l’instant « pas lieu de suspendre » les injections de vaccin AstraZeneca.

Il n’y a « pas lieu de suspendre » les injections du vaccin anti-Covid d’AstraZeneca en France, a jugé jeudi le ministre de la Santé, Olivier Véran, contrairement à ce que trois pays nordiques ont décidé par précaution le temps de statuer sur d’éventuels effets indésirables.

« Le bénéfice apporté par la vaccination est jugé supérieur au risque à ce stade », a affirmé M. Véran en conférence de presse.

Le Danemark, la Norvège et l’Islande ont pris la décision inverse en raison de craintes liées à la formation de caillots sanguins, mais ce risque n’est statistiquement pas plus fort chez les patients vaccinés avec AstraZeneca que chez les autres, a souligné M. Véran.

C’est aussi ce qu’a estimé l’Agence européenne des médicaments (EMA), qui a conseillé de poursuivre les injections.

Le vaccin AstraZeneca administré à des millions de personnes en Grande-Bretagne

« Les investigations sont en cours en France et à l’étranger. L’Angleterre, qui a vacciné des millions de personnes avec le vaccin AstraZeneca, enjoint à poursuivre la campagne et n’a pas (observé) à très large échelle de sur-risque d’effet indésirable grave », a expliqué M. Véran, qui avait auparavant demandé l’avis de l’Agence nationale du médicament (ANSM).

« Sur 5 millions d’européens (vaccinés avec AstraZeneca, ndlr), 30 personnes ont présenté des troubles de la coagulation », a-t-il poursuivi, en soulignant que cela ne constituait pas de « surrisque statistique » par rapport à des gens non-vaccinés.

Pour autant, « chaque dossier est analysé » pour déterminer s’il existe « un lien de causalité avec la vaccination », a-t-il ajouté. « Si la situation devait évoluer, nous prendrions des décisions, mais à ce stade, il n’y a pas lieu de suspendre la vaccination ».

Pour autant, cet épisode risque de ternir un peu plus la réputation de ce vaccin produit par le laboratoire anglo-suédois AstraZeneca et développé avec l’université britannique d’Oxford.

Son efficacité chez les personnes de plus de 65 ans a d’abord été mise en doute en Europe, avant que des études se montrent rassurantes, et ses effets secondaires plus importants, proches des symptômes de la grippe, ont été pointés du doigt.

Un vaccin à injection unique

L’Union européenne a par ailleurs donné son feu vert jeudi au vaccin à injection unique, le premier de ce type, du laboratoire américain Johnson & Johnson, le quatrième autorisé dans l’UE.

« Plus de vaccins sûrs et efficaces arrivent sur le marché », s’est réjouie la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, rappelant que 200 millions d’Européens pourraient être vaccinés grâce à ce nouveau sérum.

Le déploiement de la vaccination est devenu un enjeu majeur alors que le Covid-19 a fait au moins 2.621.295 morts dans le monde, avec plus de 117.982.000 cas diagnostiqués, selon un bilan établi jeudi par l’AFP.

La Commission européenne, qui s’inquiète de « plusieurs points chauds », a annoncé jeudi qu’elle étendait jusqu’à fin juin son mécanisme de contrôle des exportations de vaccins, imposé depuis fin janvier.

« Ce sont les petites choses de la vie qui sont les plus importantes », pour Biden

Les autorités sanitaires allemandes ont ainsi fait état d’une forte hausse des infections, s’alarmant du déclenchement d’une « troisième vague » (…).

Les Etats-Unis, pays le plus touché au monde avec plus d’un demi-million de décès, ont réalisé déjà plus de 93 millions d’injections, et des commandes ont été passées pour recevoir d’ici fin mai assez de doses pour vacciner l’ensemble des adultes.

Dans une vidéo rendue publique jeudi, quatre anciens présidents américains, Jimmy Carter, George W. Bush, Bill Clinton, Barack Obama, encouragent la population à se faire vacciner.

« Ce vaccin est synonyme d’espoir », y déclare Barack Obama. « Ils vous protégera et protégera ceux que vous aimez ».

Le président américain Joe Biden a vanté jeudi soir les progrès spectaculaires dans la vaccination anti-Covid qui permettent d’espérer l’amorce d’un retour à la normale aux Etats-Unis d’ici la fête nationale du 4 juillet.

Dans un discours à la tonalité tour à tour grave et optimiste, le locataire de la Maison Blanche a ordonné à tous les Etats la levée progressive des restrictions d’âge afin que tous les Américains adultes soient éligibles au vaccin d’ici le 1er mai. « C’est beaucoup plus tôt que prévu! », a-t-il martelé.

Il a évoqué une trajectoire permettant d’avoir « une bonne chance » d’avoir un 4 juillet festif où les Américains pourraient se réunir en petits groupes autour du traditionnel barbecue.

« Ce combat est loin d’être terminé », a-t-il mis en garde avant de dire sa conviction que de « meilleurs jours » étaient à venir.

Les Etats-Unis démontreront bientôt qu’ils ont « vaincu l’une des périodes les plus sombres et les plus dures » de leur histoire, a-t-il ajouté au moment où, au sein de l’Union européenne, l’arrivée d’un quatrième vaccin, celui de Johnson & Johnson, permet d’envisager une accélération des campagnes d’immunisation.

Le Covid-19 a fait plus de 2,6 millions de morts dans le monde, selon le dernier bilan établi par l’AFP.

« Nous avons tous perdu quelque chose », a souligné le président américain, évoquant l’année écoulée. « Ce sont les petites choses de la vie qui sont les plus importantes et ce sont celles qui nous manquent ».

Joe Biden, qui a dénoncé les attaques inacceptables contre les Américains d’origine asiatique, a également annoncé le déploiement de 4.000 soldats supplémentaires pour participer à la campagne de vaccination, portant leur nombre total à 6.000.