Présidentielle anticipée : La Tunisie face à un scénario inédit au milieu d’une multitude de candidatures

29-07-2019

Samedi dernier, la Tunisie a donné une belle image d’unité, et de cohésion, comme elle en est souvent capable, pendant les grands évènements. Dans une symbiose entre la classe politique et le peuple, le pays a fait ses adieux à son chef de l’Etat en exercice, disparu, le 25 juillet, et inhumé samedi, lors de funérailles nationales imposantes, dignes des grandes démocraties.

Ce deuil qui en est à son cinquième jour, n’a pas empêché le processus électoral de se poursuivre. Partis, indépendants et coalitions continuent à déposer leurs listes pour les législatives du 06 octobre, auprès du siège central de l’instance électorale et de ses bureaux régionaux ; une opération qui prendra fin ce lundi à 18 heures.

Entretemps, Nabil Baffoun et ses coéquipiers sont à pied d’œuvre pour préparer l’élection présidentielle anticipée, dont le premier tour devra avoir lieu à la mi-septembre.

L’Instance supérieure indépendante pour les élections tiendra demain, mardi 30 juillet, une rencontre avec les partis politiques pour dévoiler le calendrier électoral, en prévision de l’élection présidentielle, qui se tiendra dans des délais serrés, réduits quasiment de moitié, par rapport aux délais prévus en période normale.

L’inversement de l’agenda électoral, et le rapprochement entre la présidentielle et les législatives, bousculent non seulement l’instance électorale, mais aussi les partis politiques, et les candidats déclarés ou non à la présidentielle. D’autant que l’ouverture du dépôt de candidature interviendra dans deux jours, le 02 août pour s’étaler sur une semaine.

Si le calendrier électoral est entériné, et publié au Journal officiel, l’on doit s’attendre dans les tous prochains jours, aussitôt la période de deuil terminée, à l’annonce des candidatures à la magistrature suprême.

Les partis politiques qui ne l’ont pas encore fait, doivent se résoudre soit à présenter un candidat parmi les leurs, soit à annoncer leur soutien à une personnalité qui serait, consensuelle.

De nombreux prétendants indépendants affichent également la volonté d’occuper le palais de Carthage, et la liste promet d’être longue.

L’élection du successeur du président par intérim, Mohamed Ennaceur, se fera dans la précipitation, et une grande cacophonie. L’unité nationale qui a caractérisé le paysage politique après la disparition du défunt président, Béji Caïd Essebsi, ne semble être que de circonstance. Tout porte à croire qu’elle ne fera pas long feu. La campagne électorale sera courte, mais violente, tellement la fonction présidentielle est convoitée.

L’ombre de l’ancien président planera sur cette campagne, et la peur que son nom ne soit instrumentalisé, comme l’a été celui de Bourguiba, au cours de ces dernières années, reste fort probable.

Dès le lendemain de la révolution, la Tunisie aura tout connu. Une période transitoire conduite par le défunt président, alors Premier ministre ; l’élection d’une Assemblée nationale constituante ; des élections législatives et présidentielle démocratiques, plurielles et transparente et un scrutin municipal.

Et voilà que le destin la mette face à une nouvelle épreuve, et un scénario inédit, la perte de son président en exercice à moins de quatre mois de la fin de son quinquennat, et de la tenue d’une élection présidentielle. Un cas de figure prévu par la constitution, qui prévoit que le poste soit occupé par le président de l’Assemblée, en tant que chef de l’Etat, par intérim, c’est désormais un pas bien accompli. Reste à franchir le deuxième, et ô combien crucial, pas, soit l’élection du deuxième président tunisien au suffrage universel direct, et le 7ème président depuis l’indépendance, dans un scrutin anticipé, pour un mandat intégral de cinq ans, dans une période oscillant entre 45 et 90 jours.

La Rédaction