Quelle stratégie pour le développement durable des oasis en Tunisie ?
Le ministère des affaires locales et de l’environnement organise les 10 et 11 avril 2019, un atelier préparatoire du congrès régional pour le développement des oasis en Afrique du Nord, prévu en Mai à Douz (Kébili) en partenariat avec la banque mondiale.
Cet atelier vise à renforcer la coordination entre ces pays, en matière de conservation durable et de soutien des écosystèmes oasiens, à travers des projets communs d’exploitation rationnelle des ressources naturelles, au profit d’une meilleure dynamisation des investissements locaux et de l’écotourisme.
Les oasis tunisiennes représentent la principale source d’emploi et de revenu dans le Sud. S’étalant sur 41 000 hectares, elles se concentrent principalement sur 4 gouvernorats, Kébili, Gabes, Gafsa, Kébili, et Tozeur.
Ces écosystèmes sont fragiles et subissent beaucoup de pressions, dues aux effets croissants du changement climatique, de la surexploitation des nappes phréatiques et aquifères profonds, de l’empiètement des zones urbaines, et de l’absence d’une vision d’intérêt du développement durable des oasis tunisiennes.
Dans une déclaration à GnetNews, le ministre des affaires locales et de l’environnement, Mokhtar Hammami, a expliqué que ces richesses naturelles sont menacées par le manque d’eau, et l’empiètement urbain qui commence à couvrir les oasis, ce qui a causé l’extinction de plusieurs variétés biologiques de plantes. D’où l’intérêt de promouvoir des produits agricoles phares, comme les dattes tunisiennes, qui occupent la 4ème position des fruits locaux destinés à l’exportation.
« Depuis 2016, et avec un budget de 56 millions d’euros, la banque mondiale, a équipé et préparé 6 oasis, dans 4 gouvernorats, soit 405 hectares, au profit de 1052 agriculteurs, dont 32% étaient des femmes. Notre objectif est de prolonger ce projet de rénovation sur 5 ou 6 ans, pour que 426 oasis bénéficient des mêmes avantages, en plus de l’amélioration de la qualité des dattes, et l’exploitation des palmiers dans les créations artisanales, pour donner une dimension culturelle au projet ».
Le ministre de l’environnement, a dévoilé également, que « ces zones sont menacées par les changements climatiques, dus au réchauffement climatique, soit une augmentation des températures de 1.1 degré en 2030 à 2.1 degré en 2050 selon les dernières études de l’ONU, ce qui va entrainer l’extinction de ces richesses naturelles et patrimoniales», conclu-t-il.
En commentant ces défis, le représentant de la Banque mondiale Taoufik Bennouna, a révélé que le projet de gestion durable et des écosystèmes oasiens (GEDO) a été créé, en vue d’améliorer la gestion durable des ressources naturelles et de promouvoir la diversification des moyens de subsistance de 6 oasis pilotes : Ezzarrat à Gabes, Elgtar à Gafsa, Chebika, Tmaghza, et Nwayera à Kébili, et Midès à Tozeur.
Selon lui, l’approche du projet GEDO consiste à mettre les populations locales « au siège du conducteur », et les associer d’une manière efficiente à toutes les étapes des préparation et exécution du projet.
L’objectif, est d’éradiquer le chômage, d’appuyer les microprojets, de conserver la biodiversité, de nettoyer les oasis, de protéger les sangliers, de réhabiliter la diversité biologique, la lutte biologique phytosanitaire et la promotion des techniques d’irrigation économe, ainsi que les énergies renouvelables.
L’expert en écologie a expliqué que, les écosystèmes oasiens étaient ces dernières années au centre d’intérêt de multiples initiatives en Tunisie, grâce au plan directeur des eaux du sud (PDES). Celui-ci concerne la valorisation des eaux souterraines et la création de périmètres. Il a p par ailleurs évoqué le programme d’amélioration de l’irrigation dans les oasis du sud (Projet APIOS), pour la réhabilitation des canaux tertiaires d’irrigation et les réseaux de drainage. Le projet de gestion durable des écosystèmes oasiens GDEO, est lui, destiné, au développement d’un nouveau modèle institutionnel de gestion.
*Olfa Saddoud, représentante de la banque nationale des gênes, a expliqué que la BNG, dispose de moyens nécessaires pour développer ce secteur, soit une capacité de stockage de 300.000 échantillons de gènes, en plus de 9 équipes de travail concernant les gênes marines, 10 chambres froides de conservation, un laboratoire de culture de tissus, et 20 hectares pour la préservation des olivets, vignes, agrumes…
Il n’en demeure pas moins que l’absence d’une loi relative à la protection des oasis en tant qu’écosystème vulnérable, demeure le principal obstacle à l’intégration de ces territoires dans un schéma de développement.
Les projets dédiés à ces oasis littorales tunisiennes, de montagne et sahariennes, uniques dans leur genre, nécessitent néanmoins, un arsenal juridique, qui protège ces richesses naturelles et patrimoniales des exploitations anarchiques.
L’atelier se poursuit ce jeudi 11 avril 2019, en présence des représentants des municipalités d’El Guettar, Chenini et Gafsa, et la participation des délégations d’experts d’Algérie, d’Egypte, de Lybie, et du Maroc.
Emna Bhira