Rentrée des classes : inquiétude ambiante face au manque des moyens de prévention !

26-01-2021

C’est dans une ambiance pour le moins chaotique que la reprise des cours a été effectuée hier, lundi 25 janvier dans les établissements scolaires, après une suspension de 10 jours, décidée par les pouvoirs publics afin de freiner la propagation du coronavirus en milieu scolaire. 

En effet, dans plusieurs délégations du gouvernorat de l’Ariana, les cours ont été suspendus par le cadre éducatif. C’était le cas dans  le lycée Kheiredine Pacha, le collège Borj Baccouche et le lycée Attarine où les cours ont été suspendus durant une heure.

Le personnel a organisé une marche de protestation, pour dénoncer notamment le non-respect du protocole sanitaire dû à un manque criant d’équipements. Il en va de même dans le gouvernorat de Nabeul où la suspension a également été suivie dans 70% des établissements éducatifs pour les mêmes raisons.

Grève ouverte des surveillants

Aïda, est institutrice dans une école primaire d’El Menzah IV. Elle est aussi représentante syndicale. Il y a quelques mois nous l’avions déjà contacté pour savoir si le protocole sanitaire était respecté.

 A l’époque, elle nous avait expliqué que la direction de l’école avait demandé aux enseignants eux-mêmes de se fournir en produits ménagers et désinfectants afin de nettoyer leurs classes…. Aujourd’hui c’est toujours le cas.

 « Nous pensions que ces 10 jours de suspension avaient servi à fournir l’établissement en matériel… Mais en réalité, rien n’a changé et nous devons encore nous protéger par nos propres moyens », avoue-t-elle.

A noter que les surveillants et surveillants généraux ont décidé depuis vendredi dernier la poursuite de leur grève ouverte, nuisant fortement au fonctionnement de l’établissement. De nombreux élèves sont lâchés dans la nature car les absences ne sont pas comptabilisées. Les surveillants dénoncent les tergiversations du gouvernement concernant la promotion exceptionnelle des surveillants et surveillants généraux et l’augmentation de la prime de fournitures de la rentrée scolaire.

Le port du masque n’est pas systématique

Depuis la rentrée scolaire (15 septembre 2020) jusqu’à la date du 11 janvier 2021, une vague de contaminations a été enregistrée en milieu scolaire. Un total de 5854 personnes ont été testées positives selon le dernier bilan du ministère de l’éducation, dont 1772 élèves, 514 administratifs, cadres pédagogiques, surveillants et surveillants généraux…

Ainsi, plusieurs lycées ont dû fermer à cause du nombre important des malades  du covid-19 repérés. Le retour en classe y était inquiétant autant pour les parents que pour les enfants. Comme c’est le cas au lycée Menzeh VI dans lequel 47 élèves et cadres enseignants ont été dépistés positifs au Coronavirus sur un total de 75 tests rapides effectués.

Une semaine après sa fermeture, Gnetnews s’est rendu dans cet établissement  et a échangé avec des élèves, qui ont regagné leurs classes dans une ambiance inquiétante. Après les échos qu’ils ont eus sur la souffrance de leurs camarades atteints du virus, ils nous ont confiés leur intention d’appliquer fermement les mesures sanitaires et d’hygiène.

En revanche, ils estiment que leur lycée n’était pas assez préparé pour les accueillir. Selon quelques élèves, la dernière campagne de stérilisation a été menée en septembre dernier par une association (Interract). Sinon, le lycée compte sur ses propres moyens pour nettoyer en cas de contamination.

D’autre part, ils ont souligné que les enseignants ne portent pas des masques que dire des élèves. « Quant aux surveillants, ils sont présents dans tous les coins du lycée, mais en étant en grève, ils n’interviennent jamais pour rappeler à l’ordre les personnes qui enlèvent leurs masques et qui n’appliquent pas les gestes barrières, pendant la récréation ».

C’est ce que nous a révélé un élève du lycée Menzeh VI. Pour eux, le manque de vigilance est marquant dans cet établissement malgré le nombre record de contaminations qu’ils ont pu trouver…

« Actuellement, nous comptons sur nous même pour nous protéger », a ajouté une autre lycéenne. « Il est vrai que des gels hydroalcooliques sont placés dans toutes les classes, et le système d’enseignement par groupe a allégé l’encombrement dans les salles, mais ceci n’empêche pas réellement une éventuelle contamination. Il faut que toutes les personnes qui fréquentent le lycée aient un minimum de conscience quant à la gravité de la situation sanitaire en milieu scolaire, car ne nous représentons qu’un infime pourcentage qui prend ses précautions, parmi une autre centaine d’élèves totalement inconscients… ».

Les propos de cette adolescente indignée par le laxisme de ses camarades ont été confirmés, quand nous nous sommes rendus dans le café d’en face. Des groupements de jeunes élèves s’attablaient autour d’un café. Entassés les uns contre les autres, ils jouaient aux cartes, ne portaient pas de masques, et n’appliquaient pas non plus la distanciation sociale…

Reportage réalisé par Emna Bhira et Wissal Ayadi