Reportage à la « Rahba » de l’Ariana à deux jours de l’Aïd

09-08-2019

A deux jours de l’Aïd el-Idha, les prix des moutons sont encore en forte hausse. Les tarifs les moins chers oscillent entre 400 et 450 dinars, pour un agneau qui pèse à peine 30 kilogrammes (âgé de moins d’un an). Pour les clients qui sont en quête d’un plus gros mouton (Berkous), les tarifs peuvent frôler les mille dinars.

C’est la fourchette des prix que nous a révélé un éleveur, venu de la délégation de Oueslatia (Kairouan), pour exposer à la «Rahba» d’Ariana, le point de vente municipal, le plus grand de la ville.

Concernant le choix entre l’achat par kilo ou par mouton, il a précisé que les éleveurs proposent des prix concurrentiels de 10 à 11.500 dinars le kilogramme d’un mouton vif, sachant que les prix fixés par l’union tunisienne de l’agriculture et la pêche (UTAP), varient entre 12 et 12.500 le kilo.

Il a imputé la flambée des prix à la hausse des charges de l’élevage qui se répercute sur les tarifs de vente. Un kilo d’aliments pour bétail coûte entre 45 et 50 dinars, et le foin à 15 dinars le kilogramme ».

Un autre vendeur a expliqué qu’il est vrai que les troupeaux s’alimentent de pâturage au printemps, mais en hiver, ou avec la sécheresse de l’été, l’agriculteur serait contraint d’acheter l’aliment pour bétail.

Il a également évoqué l’achat quotidien des citernes d’eau pour hydrater les troupeaux par cette chaleur, durant la période de vente. Soit une autre charge quotidienne de 3 dinars, à part les dépenses personnelles pour passer la nuit au marché municipal». 

« Il ne faut pas oublier aussi, qu’on paye la municipalité 2 dinars pour le placement de de chaque mouton à la « Rahba ». Une fois les bêtes sont vendues, on paye en plus, 2% sur chaque vente ».

Un autre vendeur venu de la délégation de Kesra, du gouvernorat de Siliana, a déploré les conditions des éleveurs et agriculteurs qui se sont déplacés des régions intérieures vers les points de vente des grandes villes, pour vendre leur bétail.

  « On ne dispose ni de robinet, ni d’électricité, ou d’espaces sanitaires.  On dort sous des tentes bricolées, et le matin, on attend l’arrivée des clients à 40 degrés de chaleur, dont l’affluence n’augmente qu’à partir de 18h30, une fois les températures commencent à baisser ».

Les exposants ont confirmé aussi, que ces espaces ne sont pas dotés de sécurité non plus. Par ailleurs, un vendeur a dit avoir failli perdre son argent, suite à une tentative de braquage aux alentours du marché.

« Avant la révolution, je me déplaçais en toute sécurité à l’Ariana, sans craindre d’être agressé. On dinait tranquillement sous nos tentes à la Rahba. Maintenant, même ces petits privilèges ne sont plus possibles », déplore-t-il.

Comment bien choisir son mouton ?

Il faut faire attention aux boutons qui apparaissent sous la peau des joues des moutons, à cause de la chaleur. « Ces boutons sont bénins, mais il faut se méfier des infections qu’on ne voit pas à l’œil nu », a recommandé un berger.

Ce serait mieux aussi, de vérifier davantage les attestations de contrôle sanitaire des vétérinaires, auprès des vendeurs.

Pour ceux qui préfèrent de la viande tendre, un agneau de moins de 12 moins fera bien l’affaire.

 « Ce sont les incisives de la mâchoire inférieure qui déterminent l’âge de la bête. Si les deux dents du milieu deviennent plus larges, cela signifie que l’agneau est passé à l’âge adulte. Un mouton de plus d’un an coûtera plus cher, en plus sa chair serait plus ferme, moins juteuse et relativement grasse ».

Reportage réalisé par Wissal Ayadi et Emna Bhira