Reportage : Peu d’affluence en ce premier jour de Ramadan au Marché Central de Tunis

24-04-2020

C’est un ramadan pas comme les autres que vont vivre les Tunisiens cette année. La crise sanitaire a effacé toute trace de festivités et de ferveur. C’est confiné chez eux que les citoyens vont tant bien que mal essayer de passer ce mois saint, ou du moins sa moitié, si la date du 04 mai est maintenue pour un déconfinement progressif.

En ce premier jour de ramadan, nous nous sommes rendus au Marché Central de Tunis. C’est le rendez-vous incontournable des consommateurs afin d’acheter la nourriture qui sera cuisinée pour la rupture du jeune. Pourtant, ce matin l’ambiance semble très calme. Les allées du marché sont presque vides, alors qu’à l’habitude c’est la foule. « On sent que ce n’est pas un ramadan comme les autres. Il n’y a pas beaucoup de clients », regrettent la plupart des commerçants que nous avons rencontrés. Pour la plupart d’entre eux, ils ont observé une perte de recette allant jusqu’à 50%.

Les prix sont, eux, corrects. Si à l’accoutumée, ceux-ci ont tendance à flamber grâce à une demande importante, cette fois ils sont stables. Parmi les principaux éléments du panier de la ménagère, on retrouve la pomme de terre vendue à à 1,2DT le kilo, les piments à un peu plus de 2DT/kg, l’oignon proposé à 1,3DT/kg et enfin la tomate, qui elle est plus chère, qui atteint presque les 2,7DT/kg, contre 1,5DT sur le marché de gros.

Les clients, de leur côté, disent trouver leur bonheur. En effet, la crise du coronavirus leur a fait craindre une pénurie alimentaire. « Il y a tout ce qu’il faut, mais les prix restent élevés », nous dit une femme venant faire ses courses. Un autre client nous interpelle et nous explique que selon lui, c’est la frénésie qui entraîne l’augmentation des prix. Il regrette par ailleurs le manque de poisson sur les étals.

En effet, dans le pavillon réservé aux produits de la mer, de nombreux commerçants sont absents. « Le poisson est cher et rare », lance un poissonnier. Côté prix, le kilo de sardine est proposé à 4,6DT le kilo et la dorade d’élevage à presque 14DT/kg.

L’autre produit phare de ce mois de ramadan, c’est bien évidemment la datte. Elle peut aller de 5DT le kilo en vrac à 12DT en grappe.

Mais les commerçants ont une autre préoccupation.Depuis le début du confinement, l’accès au marché central est de plus en plus difficile. Ouvert de 7h à 14h, Tes tunisiens se précipitent tous les matins afin de faire leur course avant qu’il ne ferme. Cela crée donc une foule que la police essaye de maîtriser, mais pas toujours de la bonne manière. Tous les marchands nous ont expliqué que tous les jours vers 10h du matin, les forces de l’ordre ferment l’accès au marché. Les clients sont donc contraints de partir. « Il faut qu’on nous dise si l’on doit travailler ou fermer. Après tout, nous contribuons à fournir à manger à la population confinée », dit avec amertume un vendeur de fruits et légumes.

En effet, le marché central dispose de 8 entrées et seulement deux ont été laissées ouvertes par la municipalité afin d’éviter la foule et le risque de contamination.

Mais dans cette ambiance difficile, les quelques clients croisés ce matin semblent avoir pris conscience de l’application des gestes barrières. Ils étaient nombreux à porter des masques. Une habitude, donc, qui commence à s’installer doucement.

Retrouvez dans la vidéo ci-dessus, notre reportage au Marché Central de Tunis.

Wissal Ayadi