Tunisie/ Restrictions pendant l’Aïd el-fitr : Les Tunisiens entre approbation et perplexité (Reportage)

06-05-2021

En cette fin du mois saint, les courbes des contaminations et des décès dus au Coronavirus, continuent leur ascension, et cela malgré le durcissement des restrictions durant la deuxième quinzaine du mois de Ramadan.

Prolongation de l’arrêt des cours dans les établissements d’enseignement primaire, secondaire et universitaire, fermeture des espaces intérieurs des cafés, et interdiction de circuler en véhicule entre 19h et 5h du matin dans tout le territoire Tunisien…. autant de décisions dont l’impact sur l’endiguement de la pandémie n’était pas palpable, voire inexistant…

Les professionnels de la santé alertent sur la saturation des hôpitaux et sur une probable pénurie d’oxygène, sans parler des milliers de familles qui ont perdu leurs proches, ayant succombé au coronavirus…

Afin d’éviter les pires des scénarios dans les prochains jours, en prévision de l’Aïd où  les visites en famille se multiplient, le comité scientifique a proposé au gouvernement un confinement général les deux premiers jours de l’Aid, ainsi que l’interdiction des déplacements entre les gouvernorats à partir de ce samedi 08 mai.

Des propositions qui sont jugées diversement par des citoyens que nous avons rencontrés aujourd’hui, à l’avenue Habib Bourguiba, qui regorgeait de monde dès le petit matin…

Les avis des Tunisiens sur un probable confinement pendant les fêtes de la Aïd sont mitigés. Si certains pensent qu’il s’agit d’une bonne solution pour éviter une propagation du virus plus importante qu’elle ne l’est aujourd’hui, d’autres estiment que cela n’aura aucun impact.

Un commerçant, propriétaire d’une boutique de vêtements, sous les arcades de l’Avenue Habib Bourguiba, explique que la suspension des déplacements entre les gouvernorats aura un contre-effet. « Tout le monde va se ruer vers les louages et autres moyens de transport pour aller visiter la famille avant que la décision ne tombe », dit-il.

Par ailleurs, il affirme que le gouvernement devrait décaler l’horaire du couvre-feu, à minuit, pour que les Tunisiens puissent faire leurs dernières courses avant l’Aïd dans le calme et imposer un confinement général pendant les trois jours de la célébration de la fin du ramadan.

Un autre passant, indique lui aussi qu’un éventuel confinement dans les prochains jours pourrait encore plus fragiliser la situation économique et sociale. « Les gens n’en peuvent plus, ils sont stressés, certains sans travail, la mendicité a décuplé et on nous impose des mesures restrictives dans l’improvisation la plus totale et de plus sans compensation », lance-t-il. A cet égard, il souligne que les moyens de transport sont pleins, les rues commerçantes aussi, et que ce n’est pas en confinant pendant l’Aïd que le nombre de contaminations et de décès sera en baisse.

En effet, à l’approche de la fête de l’Aïd, le centre ville est noir de monde, profitant des derniers jours de jeûne pour acheter les vêtements et les fruits secs.

Une femme d’une quarantaine d’année que nous croisons, explique que les Tunisiens manquent encore de consciences vis à vis de la gravité de la situation sanitaire et est donc favorable aux recommandations du comité scientifique.

Une autre passante, accompagnée de ses deux enfants, affirment quant à elle que ces restrictions sont bonnes mais qu’elles arrivent trop tard. « Cela fait plusieurs semaine que nous sommes entrées dans une vague sans précédent. Nous arrivons à un point où il n’y a plus d’oxygène dans les hôpitaux… C’est beaucoup trop tard ! », dit-elle.

La seule solution pour sortir de cette situation reste celle de la vaccination massive. A cet égard, un passant qui vit à l’étranger, bloqué en Tunisie depuis 4 mois, souligne que la stratégie de vaccination du gouvernement est beaucoup trop floue, car selon lui, l’arrivage des vaccins est tardif, ralentissant considérablement le but espéré de l’immunité collective.

Une dame que nous approchons, nous confirme qu’elle a bien reçu le SMS l’incitant à s’inscrire sur la plateforme EVAX, dédiée à la vaccination. Pour autant, elle explique qu’elle n’ira pas se faire vacciner car elle aurait entendu dire que le vaccin pourrait avoir des effets secondaires graves sur les personnes atteintes de maladies chroniques. Un témoignage qui montre une lacune dans la stratégie de communication du gouvernement dans l’incitation à se faire vacciner.

Retrouvez dans la vidéo ci-dessus, notre micro-trottoir.

Reportage réalisé par Emna Bhira et Wissal Ayadi

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Taoufik bhs

On n’est pas entrain de toucher l’essentiel afin d’éviter la propagation de ce virus :
– Regulariser le Transport en commun
– Obligation du port du masque dans tous les endroits
– Régulariser ttes ces longues files d’attente devant les administrations publiques et les commerces.