Tunisie : Des actions de solidarité et d’entraide s’organisent en prévision de la rentrée des classes

12-09-2023

La rentrée des classes approche à grand pas. Il est temps pour les parents de s’atteler à l’achat des fournitures scolaires. D’après l’Organisation tunisienne d’information du consommateur (Otic), les prix des fournitures scolaires ont enregistré une hausse allant de 13 à 15% en comparaison avec l’année dernière. 

Une situation qui ne fait que fragiliser encore plus le portefeuille des Tunisiens déjà en difficulté en raison de la crise économique qui sévit, et ce notamment pour les familles les plus défavorisées.

Pour autant, la Tunisie pourra toujours compter sur un tissu associatif important qui, chaque année, aide les foyers les plus démunis à offrir une rentrée scolaire digne pour leurs enfants.

C’est le cas de l’Association tunisienne des parents et des élèves (ATUPE). Mme Faîka Ben Jannet, président de la section Tunis Nord de l’ATUPE nous en parle.

Des kits de rentrée pour 50 élèves de la localité de Amdoun

La section Tunis Nord de l’ATUPE a réussi mobiliser des fonds afin d’aider 50 élèves de la l’école primaire El Ferch dans la localité de Amdoun, dans le gouvernorat de Jendouba. Mais ce n’est pas la première intervention en faveur de cet établissement puisque l’association à déjà réussi à réaménager un espace pour la restauration et la mise en place d’une bibliothèque. 

« Nous leur avons également fourni des vêtements d’hiver grâce aux dons de nombreux parents venus nous soutenir ».

Si jusqu’à présent, les dons étaient suffisants à mettre en place des actions comme celles-ci, aujourd’hui la situation a bien changé, nous dit Mme Ben Jannet. « L’année dernières nous avons organisé une exposition de tableau destinés à la vente et un concert grappe au concours de nombreux artistes bénévoles. Mais cette année, nous avons trouvé des difficultés à trouver des fonds. Et c’est le cas depuis la pandémie de COVID-19», nous dit-elle.

« Avant les parents ramenaient des fournitures en fonction des niveaux de classe, il nous suffisait de faire un appel. Maintenant nous n’osons plus aller vers les parents directement », ajoute-t-elle.

Comme mentionné plus haut, les fournitures scolaires ont subi une hausse pouvant aller jusqu’à 15% sur certains articles. Selon l’Organisation tunisienne d’information du consommateur, un élève de primaire couterait aux alentours de 800DT!

La crise économique a également touché durement le monde associatif et la solidarité. Ainsi, pour faire face à cette situation, l’ATUPE a répondu à l’appel à projet d’une organisation internationale afin de récolter des fonds et assurer le bon déroulement de la rentrée scolaire dans l’école primaire de Amdoun.

Après une candidature et l’étude du dossier, l’association a eu la chance de pouvoir bénéficier de ce programme et une enveloppe d’un peu plus de 11.000 dinars à pu être allouée.

Avec cette aide précieuse, les bénévoles ont pu venir en aide à tous les enfants de l’école, en leur fournissant un cartable complet avec toutes les fournitures nécessaires en fonction des niveaux, en plus du tablier. Une aide précieuse pour ces familles de milieux ruraux dont es moyens sont très limités.

Hausse du décrochage scolaire

Chaque année, dans le milieu scolaire, l’on observe hausse du nombre d’enfants défavorisés. Mme Ben Jannet indique à cet égard qu’elle a été témoin à plusieurs reprises de jeunes enfants qui venaient à l’école sans même un stylo ou un cahier et ce pendant plusieurs mois.

« L’absentéisme est aussi un phénomène croissant au niveau primaire car les enfants sont contraints d’aider leurs parents notamment au moment des récoltes agricoles », déplore-t-elle.

Dans un rapport datant de 2022, l’Institut tunisien de la compétitivité et des études quantitatives  a indiqué que le taux d’abandon scolaire était très élevé en Tunisie et avait atteint les 100.000 cas. Toujours selon la même source, l’abandon scolaire résulterait principalement de difficultés familiales, scolaires et sociales.

L’importance de la solidarité lors de la rentrée scolaire

A travers cette initiative, c’est un véritable appel que lance Faîka Ben Jannet auprès de la société civile. « Nous devons nous serrer les coudes et être solidaires plus que jamais en ces temps de crise. C’est l’avenir de nos enfants qui en dépend », lance-t-elle.

En effet, même si le pouvoir d’achat pousse les Tunisiens à être moins généreux, il est important de comprendre l’importance d’aider la jeune génération d’accéder dignement à l’éducation.

La Tunisie, comme de nombreux pays, fait face à des inégalités socio-économiques. La solidarité permet de réduire ces écarts en offrant aux enfants défavorisés des ressources et des opportunités éducatives similaires à celles des enfants plus favorisés.

Par ailleurs, comme mentionné plus haut la rentrée scolaire implique des coûts très importants. Pour de plus en plus de familles défavorisées, ces coûts sont prohibitifs. La solidarité permet d’assurer que tous les enfants aient accès à l’éducation, indépendamment de leur situation financière.

Il faut également rappeler que l’éducation est un levier essentiel pour briser le cycle de la pauvreté. En aidant les enfants défavorisés à accéder à l’éducation, l’entraide leur offre une chance égale de réussite et d’amélioration de leur avenir.

La solidarité est enfin une question de cohésion sociale car elle favorise un sentiment d’appartenance et d’unité au sein de la communauté, à l’heure ou la division et la défiance semblent prendre le dessus.

Wissal Ayadi