Tunisie : L’engouement pour les entreprises innovantes ne se dément pas, en attendant le Start-Up Act 2 !

17-02-2023

Le Start-Up Act est une loi mise en vigueur en 2019 visant à soutenir la croissance des Start-Ups et à les encourager à se développer. Cette loi vise à fournir un cadre favorable à l’innovation et à la création d’entreprises en Tunisie, mettant en place des incitations fiscales et administratives pour les investisseurs et les entrepreneurs.

Elle a également pour objectif de faciliter l’accès au financement pour les start-ups grâce à des mécanismes de soutien.

Le Start-Up Act a été conçu pour encourager la diversification de l’économie tunisienne et pour renforcer sa compétitivité à l’échelle internationale en faisant de la Tunisie un hub pour les start-ups innovantes.

Trois ans après la labélisation des premières entreprises, les acteurs du secteur attendent la parution, imminente, du Start-Up Act 2.0 qui se veut être une sorte de mise à jour de la première version avec des améliorations qui seront apportées grâce aux retours d’expérience.

Pour en savoir plus, nous nous sommes adressés à Zoubeïr Tourki, enseignant universitaire et président du Collège des Start-Up et à Oussama Messaoud, start-upper et secrétaire générale de l’Association Tunisian Start-Ups.

Depuis 2019, 750 start-up ont été labellisées

Le star-up act a débuté en 2019 avec une dynamique très ambitieuse. Celle de délivrer 1000 labels Start-Up Act, créer 10.000 emplois, et atteindre un chiffre d’affaire cumulé des toutes les start-up labellisées de 1 milliard de dinars, tout cela à l’horizon 2024.

« Nous voulions créer une licorne nationale qui donnerait l’exemple à d’autres pays, notamment africains. Aujourd’hui nous avons labellisé 750 start-up. La plupart des entreprises agissent dans le domaine de l’IT dont la FinTech, l’AgriTech, la HealthTech, l’Education et tout ce qui est relation avec l’Intelligence Artificielle », indique Zoubeïr Tourki.

Depuis 2019, Le collège des Start-Ups, chargé de délivrer les labels reçoit chaque mois 50 candidatures. Les dossiers sont évalués sur deux phases. La première étape consiste en un examen fait par Smart Capital qui est un opérateur chargé d’étudier la recevabilité des dossiers.

Une fois validé, c’est au Collège des Start-Up de procéder à l’examen des dossiers. « Nous vérifions les profils, l’opportunité du projet pour évaluer son caractère innovant et sa « scalabilité » pour savoir dans quelles mesures l’entreprise est capable de grandir et de se développer », souligne Tourki.

Depuis le démarrage, les demandes n’ont pas cessé d’affluer, même pendant la période de Covid,  montrant le dynamisme du tissu entrepreneurial tunisien.

D’après l’enseignant universitaire, les profils sont principalement des jeunes ingénieurs mais aussi des promoteurs qui ont envie d’évoluer dans leur secteur. La société InstaDeep, figue d’une success story à la tunisienne, fait partie justement partie des premières start-up labellisées. Idem pour Enova Robotics.

« C’est une reconnaissance dans un écosystème. Cela permet d’avoir plus de crédibilité auprès des bailleurs de fonds puisqu’elles ont été évaluées par un Collège reconnu à l’échelle nationale et internationale », nous dit Zoubeïr Tourki.

Le label Star-Up Act donne également accès à un certain nombre d’avantages comme l’accès à la carte technologique, la possibilité de faire du transfert de devises, l’exonération de la CNSS sur les employés de la start-up pendant les 8 années de labelisation, octroi d’une bourse, etc…

Start-Up Act 2.0: Une nécessité pour pour se mettre à jour avec les besoins du marché

« Pour le Start-Up Act 2.0, nous avons pris acte des faiblesses de la première version du Start-Up Act et nous avons tenté de les améliorer », indique Oussama Messaoud, secrétaire général de l’association Tunisian Start-Up.

Pour se faire, cette association a lancé un questionnaire auprès de plusieurs Start-Ups labellisées afin qu’elles fassent part des difficultés auxquelles elles ont été confrontées. En effet, le Start-up Act est une loi tunisienne qui a été créée pour résoudre les obstacles qui entravaient la croissance des start-ups en Tunisie. Cette loi a pour objectif de s’adapter à la nature unique des start-ups, qui sont des entreprises innovantes et en développement rapide, et pour  leur permettre d’avoir un accès au marché international.

« Malgré cette loi, certaines banques n’ont pas adopté le compte spécial en devises prévu pour les start-ups labellisées. En outre, l’application pratique de certaines dispositions de la loi pose encore des problèmes. Par exemple, la carte technologique, ne fonctionne pas toujours sur les plateformes internationales. Les difficultés liées aux moyens de paiement, telles que les paiements récurrents internationaux, restent également un défi », affirme Messaoud.

Oussama Messaoud / Co-fondateur Datavora et SG Tunisian Start-Ups

En ce qui concerne la carte technologique, la Task Force chargée de faire les proposition pour le Start-Up Act 2.0 a demandé à ce que son plafond, actuellement de 100.000 dinars par an, soit augmenté du double.

Les problèmes d’investissement sont également présents. Oussama Messaoud souligne dans ce sens que les procédures de déclaration de l’investissement sont complexes et prennent beaucoup de temps. Les obstacles pour l’investisseur étranger à retirer sa plus-value ou son retour sur investissement restent également complexes.

Il y a également la volonté de pouvoir donner la possibilité d’alimenter le compte Start-Up à hauteur de 100.000 dinars par an avec une obligation aux banque de délivrer des cartes internationales qui n’ont pas de plafond.

La Task Force a également prôné un assouplissement de la réglementation de change. La lenteur administrative et la bureaucratie excessive rendent difficile le parcours du start-upper et peuvent vite le décourager.

« En Tunisie, les autorités sont en train de se pencher sur la simplification des lois de change pour attirer plus d’investisseurs étrangers dans l’économie en général et dans le secteur de l’innovation. Pour ce faire, ils travaillent sur la création d’un cadre légal plus souple et plus accueillant pour les investisseurs. Le Start-up Act 2.0 pourrait jouer un rôle clé dans cette initiative en introduisant des mécanismes mondialement connus, mais encore non mis en place en Tunisie, pour les start-ups. Ils permettraient de faciliter l’investissement dans ce secteur, améliorant ainsi la situation de financement », affirme le SG de l’association Tunisian Start-Ups.

Autre demande, celle de la prise en charge de la cotisation CNSS du gérant, car pour le moment l’exonération ne concerne que les employés de la start-up.

Zoubeïr Tourki, espère également permettre aux laboratoires de recherches appliquées de bénéficier du label Start-Up Act, afin de développer ce qu’on appelle les « Spin Off » qui sont des startup créées à partir des connaissances et technologies issues de la recherche.

En compétition avec le reste du monde dans l’univers des start-ups, la Tunisie doit se montrer à la hauteur des meilleures pratiques internationales en matière de financement. A cet égard, Oussama Messaoud affirme que les investisseurs pourraient préférer des destinations telles que l’Égypte ou le Maroc, qui offrent un meilleur climat d’investissement pour les start-ups. Il est donc important de faire des efforts considérables pour s’adapter aux mécanismes de financement les plus performants.

En conclusion, bien que la Start-up Act ait apporté des améliorations importantes pour les start-ups en Tunisie, des défis restent à relever pour garantir leur plein potentiel de croissance.

Wissal Ayadi