Téhéran sûr de la violation de son ciel, Washington interdit les vols commerciaux

21-06-2019

AFP – L’Iran dispose de preuves « irréfutables » montrant que le drone américain qu’il a abattu jeudi était entré dans son espace aérien, contrairement à ce qu’affirme Washington, indique vendredi un communiqué des Affaires étrangères à Téhéran.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, le ministre des Affaires étrangères adjoint Abbas Araghchi a « protesté énergiquement » par téléphone auprès de l’ambassadeur de Suisse à Téhéran (qui représente les intérêts américains) après cet incident et lui a dit qu' »il y avait des preuves +irréfutables+ de ce que le drone avait violé l’espace aérien iranien », indique le communiqué.

« Des débris du drone ont même été retrouvés dans les eaux territoriales de l’Iran », a déclaré M. Araghchi à son interlocuteur, Markus Leitner, au cours de « cet appel téléphonique d’urgence », selon le texte.

« M. Araghchi a exhorté les forces américaines à respecter les frontières maritimes et aériennes de l’Iran », affirmant que « ce n’était pas la première fois que les Américains » violaient ainsi le territoire iranien, ajoutent les Affaires étrangères : « Cela s’était déjà produit plusieurs fois auparavant. »

Le diplomate iranien a répété que l’Iran « ne cherche pas la guerre » et a mis en garde « les forces américaines contre toute mesure inconsidérée dans la région », ajoutant que l’Iran défendrait « résolument son territoire contre toute agression ».

Selon le communiqué, M. Leitner, qui s’est engagé à « transmettre immédiatement » le message iranien au gouvernement américain, a été « invité à se rendre vendredi matin au ministère des Affaires étrangères pour recevoir plus de détails sur l’incident ».

Les Etats-Unis ont interdit jeudi soir les vols des compagnies aériennes américaines dans la zone où l’Iran a abattu un drone militaire américain, une frappe qualifiée d' »énorme erreur » par le président Donald Trump.
Il est ainsi interdit le survol de l’espace aérien contrôlé par Téhéran au-dessus du Golfe et du Golfe d’Oman « jusqu’à nouvel ordre », a indiqué l’Administration aéronautique fédérale américaine.

Ces restrictions sont justifiées par une « augmentation des activités militaires et la tension politique croissante dans la région, qui représentent un risque pour les opérations de l’aviation civile américaine » accompagné d’un risque d' »erreur d’identification », a ajouté la même source qui mentionne le drone militaire américain abattu par un missile sol-air iranien.

L’Iran a assuré jeudi avoir retrouvé, dans ses eaux territoriales, des débris d’un drone américain qu’il a abattu, un incident qui a encore fait monter la tension avec les Etats-Unis où Donald Trump a vivement réagi.
« Notre pays n’acceptera pas cela, je peux vous le dire », a lancé, menaçant, le président américain avant d’essayer de faire baisser la température en évoquant la piste d’une erreur du côté iranien faite par quelqu’un de « stupide ». « J’ai du mal à croire que cela était délibéré », a-t-il affirmé depuis le Bureau ovale.

Selon le New York Times qui cite de hauts responsables militaires américains, Donald Trump a initialement approuvé avant d’annuler des frappes contre « une poignée de cibles iraniennes, comme des radars et des batteries de missiles », en représailles.

La Maison Blanche et le Pentagone ont refusé de commenter cette information.

Auparavant, Washington et Téhéran s’étaient livrés toute la journée à une guerre de communication sur la localisation exacte du drone de l’US Navy au moment de la frappe.

Le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif a assuré que des morceaux de l’appareil avaient été retrouvés dans les eaux territoriales iraniennes, « à l’endroit où il a été abattu ». Le drone « a été touché à 4h05 (23H35 GMT mercredi) par 25°59’43 » de latitude Nord et 57°02’25 » (de longitude Est) », a-t-il tweeté.
De son côté, le Pentagone a assuré qu’il se trouvait à 34 km des côtes iraniennes et n’avait « à aucun moment » violé l’espace aérien iranien.