Tunisie : 48 % des habitants de Tunis vivent autour de la lagune de Sijoumi (étude)

05-10-2022

« L’agglomération Tunisoise offre de plus en plus un tissu urbain contrasté, qui va des « quartiers populaires » non réglementaires aux cités résidentielles luxueuses, en passant par toute une hiérarchie de qualité de site et de bâti correspondant plus ou moins à la hiérarchie sociale et aux contrastes grandissant au fil des années » (…), révèle une étude intitulée « Urbain d’en bas, urbain de non droit : les quartiers des rives de la Sebkha Sijoumi », réalisée par Najem Dhaher, et parue dans les cahiers du FTDES.

« La détérioration des terres agricoles, les difficultés d’accès à l’emploi, à l’éducation, aux soins de santé, la marginalisation des exploitants agricoles et l’absence de stratégies de développement de la campagne ont généré la misère et la pauvreté et ont obligé les individus à quitter leurs propriétés rurales pour chercher des conditions de vie meilleures dans les villes », rapporte cette étude (…).

« Les berges de la Sebkha Sijoumi ont constitué des fronts principaux d’urbanisation où le développement de l’habitat illégal au bord de l’eau a occupé des espaces à risques. Sur ces espaces, qui couvrent près de 2600 ha, se concentrent les formes d’un urbanisme non réglementé qui a généré un paysage urbain hétéroclite et souvent anarchique et vulnérable ».

« Entre 2004 et 2014, la délégation de Sidi Hassine a vu sa population augmenter à un rythme avoisinant 4% par an (la moyenne de l’agglomération Tunis est de 1,63% par an). Cette population est constituée de 30% de jeunes de moins de trente ans. La surface consommée par l’habitat a évolué à un rythme avoisinant les 5% annuellement (3,4% dans le Grand Tunis) ».

« La cadence de progression fait que le bâti occupe aujourd’hui la quasi-totalité des rives de la sebkha. L’afflux des populations rurales vers la capitale, qui n’a jamais cessé depuis des décennies, a contribué au bourgeonnement de ces constructions en majorité sauvages » (…).

« Avec l’avènement de la révolution, la montée des contestations sociales et l’absence totale du contrôle des services municipaux, l’habitat informel et les constructions anarchiques ont proliféré autour de la Sebkha à l’égard de plusieurs espaces dans la capitale. Une étude du ministère de l’équipement indique que la part du logement informel dans la production du logement est passée de 28 % entre 2004 et 2010, à 46 % entre 2011 et 2013. »

« Selon le dernier recensement de 2014, 48 % des habitants de Tunis vivent autour de la lagune. Les quartiers environnants sont particulièrement denses, avec à peu près de 2 800 personnes au kilomètre carré. Plus de 80% des constructions qui bordent la lagune ont été érigés sans autorisation. Ces quartiers souffrent, aujourd’hui, d’un désordre urbain et une mécanique infernale d’habitat informel ».

Extraits d’une étude du FTDES