Tunisie : Ces jeunes doués à développer leurs soft skills, dans des activités parallèles à leurs études

18-02-2022

Parmi les milliers de CV que reçoivent les entreprises de la part des candidats à la recherche de travail, seuls les meilleurs profils sont retenus pour un éventuel recrutement. Avec l’explosion du nombre des diplômés, les exigences du monde professionnel sont de plus en plus drastiques. Une formation théorique semble insuffisante pour accéder au poste de son rêve, en étant jeune diplômé.

 Désormais, ce sont les Soft Skills acquises au biais d’une activité dans la société civile ou encore par la pratique de petits boulots en parallèle des études, qui peuvent être parfois décisives, pour propulser sa carrière professionnelle.

Bien que ces activités permettent aux jeunes de s’épanouir, de développer leurs aptitudes, certains pensent à en faire leur principale activité professionnelle plus tard, tout en terminant leurs études, pour avoir un certain niveau d’instruction, signe de reconnaissance et de réalisation de soi en société…

C’est le cas de Fatma Maghraoui, passionnée par le 7ème art, elle vise d’intégrer une école prestigieuse de cinéma à Paris après l’obtention de son baccalauréat. Pour réaliser son rêve, elle a choisi d’intégrer tôt le monde du travail, à l’âge de 14 ans.

«J’ai découvert à travers mon père, directeur de photo, l’univers du cinéma ; un domaine qui m’a attiré dès mon plus jeune âge. J’ai donc effectué des stages durant 4 ans dans différents plateaux de tournage, en été ou dans mon temps libre. Et, grâce à mon passage d’un département artistique à un autre, j’ai découvert que mes domaines de prédilection sont l’éclairage et l’image », confie-t-elle dans un entretien accordé à Gnetnews.

Cette jeune élève a pour ambition de se forger professionnellement, afin de pouvoir mériter sa place plus tard dans le monde du travail et se distinguer par rapport à ses futurs collègues.

 Côtoyer des gens du métier m’a appris tant sur le niveau intellectuel qu’humain, indique-t-elle. Pour elle, passer des mois sur des tournages avec une équipe artistique composée de techniciens, réalisateurs, monteurs, décorateurs, costumiers, ingénieurs de sons, acteurs… lui a permis aussi de tisser des liens professionnels et des amitiés dont elle est fière.

En pratiquant sa passion, Fatma a pu également développer ses compétences en matière de communication et a su se construire sitôt une culture cinématographique solide. « Bien que j’arrive difficilement à concilier entre mes études et mes activités extra-scolaires, je trouvais beaucoup de plaisir à consacrer tout mon temps libre dans ma passion, qu’est le cinéma », nous confie-t-elle.

A l’âge de 18 ans, Fatma Maghraoui a déjà réalisé son premier court métrage intitulé Essaida.  Elle a aussi participé bénévolement dans la création de films notables, comme « La fuite » (long métrage de Ghazi Zaghbani), « Entre deux » ( long métrage de Sahar Echi ) , au film « Porto farina » de  Ibrahim Ltaeif… 

Pour Selim Ben Henia, 25 ans, jeune diplômé de l’Université Tunisienne de Carthage (UTC) et du Wall Street English Tunisie, il a été depuis ses 18 ans, actif dans la société civile. Passionné par le volontariat, il a occupé plusieurs postes clés dans différentes associations, en tant que responsable  logistique à Enactus-UTC, président à Club THEOS-ITC, responsable événementiel à Tunivisions, et depuis 2 ans il est président de Lions Club Tanit Soukra.

Ce jeune a confié à Gnetnews que les compétences les plus importantes qu’il a pu acquérir à travers ces expériences dans la société civile, sont la communication, l’efficacité et la gestion du temps. « Le fait de réussir à organiser une action de bénévolat demande une large communication avec une équipe. Outre la capacité d’exprimer clairement ses idées et ses objectifs que j’ai pu acquérir grâce aux échanges en équipe, qu’on effectuait entre adhérents. D’ailleurs cette partie qui résume mon activité extra universitaire, a été appréciée par mes employeurs », assure-t-il.

En tant que responsable export dans une entreprise de renommée en Tunisie, Selim a tout de suite remarqué l’apport bénéfique de la vie associative. Pour lui, cet engagement dans le volontariat était une période de préparation à la vie professionnelle.

« Une fois j’ai intégré mon nouveau poste, j’ai tout de suite constaté que l’association, comme l’entreprise, les deux sont composées de structures de marketing, sponsoring, ressources humaines. Ce domaine nous apprend aussi à accepter la différence et d’être plus tolérants, puisqu’on gère avec des différents caractères et mentalités…Sans oublier aussi le traitement des argumentaires pour convaincre les donateurs et la gestion des finances, et le réseautage qui se crée. Dans chaque action, je fais appel aux municipalités, autorités régionales, sponsors, ou encore à des organisateurs d’évènementiel…Des contacts ayant construit mon portefeuille, qui m’étaient très utiles dans mon métier également. », Nous a expliqué le président de Lions Club La Soukra.

Nous avons aussi contacté Mohamed Melek Ben Abdallah, 20 ans, étudiant en commerce à l’Ecole supérieure des sciences économiques et commerciales de Tunis, et membre de Rotaract Club ESSEC.

Ce jeune étudiant a commencé son activité dans le milieu associatif à Interact Club, destiné aux 12-18 ans, et parrainé par Rotary International, pour ensuite adhérer à Rotaract. 

Pour lui, ce club est plus qu’une association. « Il s’agit d’une source inépuisable d’apprentissage et de développement personnel et professionnel. Avec les formations qu’on reçoit à Rotaract, et l’ambiance qu’on retrouve avec l’équipe, le club est devenu indispensable », déclare-t-il. 

Vu que les membres étudient tous dans la même spécialité, Melek Ben Abdallah nous a parlé des formations en matière de sponsoring et de marketing. « Ces ateliers sont bénéfiques pour toute personne qui envisage d’entamer une carrière proche de ces domaines. Pour ma part, j’ai appris à communiquer avec les sponsors, responsables de sociétés et de banques qui financent nos actions de solidarité. Outre la pratique de gestion de projets dédiés aux familles nécessiteuses ou encore celles dédiées aux plus démunis, il y a le plaisir d’aider les autres et de voir le sourire sur leur visage. Sur tous les niveaux, la vie associative est épanouissante. Je conseille tous les jeunes d’y adhérer, par la même occasion… », recommande-t-il. 

D’après ce membre du comité directeur de Rotaract ESSEC, il est important pour les jeunes d’exercer des activités extra universitaires qui soient utiles et enrichissantes. C’est même recommandé par les employeurs, qui exigent désormais ces genres de profils, qui une fois diplômés, ils auront ainsi acquis d’autres compétences comme l’esprit d’équipe, la répartition des tâches, et le savoir faire nécessaire pour atteindre des objectifs, souligne-t-il.

Emna Bhira