Tunisie : Découverte d’un sous-marin de la première guerre mondiale au large du Cap Bon

09-10-2020

AFP – Des plongeurs tunisiens ont découvert l’épave d’un sous-marin français datant de la Première guerre mondiale, l’Ariane, reposant depuis un siècle au large du Cap Bon, après avoir été coulé par un sous-marin allemand en 1917.

L’épave a été découverte le 21 septembre dernier dans le nord-est du pays par les dirigeants d’un club de plongée qui étaient à la recherche de sites à explorer. « Dès la première plongée on est tombé sur un sous-marin », a raconté mercredi 7 octobre à l’AFP le directeur de plongée du club de Ras Adar, Selim Baccar. Malgré la gangue d’algue, on distingue sur l’épave quasi intacte les écoutilles et le périscope, qui abritent désormais une multitude de poissons et crustacés.

Après avoir interrogé plusieurs experts, le club en a déduit qu’il ne pouvait s’agir que de l’Ariane, qui était basé à Bizerte (nord), à l’époque un port français. « C’est le troisième sous-marin retrouvé en Tunisie, et le seul de la Première guerre (mondiale), c’est passionnant, comme si on lisait un livre d’histoire en direct ! », s’est réjoui Selim Baccar.

Durant la Première guerre mondiale (1914-1918), les sous-marins allemands ont fait des ravages au large des côtes tunisiennes, où ils étaient initialement déployés pour couper les Alliés de leurs renforts en hommes et provisions venant des colonies, a expliqué jeudi à l’AFP l’historien Ali Aït Mihoub, de l’Institut supérieur de l’Histoire contemporaine à l’université de la Manouba (nord).

Environ 80.000 Tunisiens ont été mobilisés à l’époque pour combattre ou travailler dans les usines françaises, rappelle-t-il. L’Ariane a été torpillé en 1917 par un U-Boot allemand alors qu’il était encore en surface, et seuls huit des 29 hommes d’équipage ont pu être sauvés, selon l’association générale des Amicales de Sous-Mariniers (Agasm).

«Ce n’est pas courant de retrouver des épaves de sous-marins, surtout de la Première guerre, car on ne sait pas exactement où ils ont coulé», a ajouté l’amiral Dominique Salles, président de l’Agasm, rappelant que les moyens de communication et de navigation étaient alors beaucoup moins performants. Les engins français, qui n’avaient ni lit ni même de toilettes dans la cabine à l’origine, restaient la plupart du temps en surface, selon l’Encyclopédie des sous-marins français. Ils ne plongeaient que quelques heures d’affilée pour des attaques, durant lesquelles hommes et vivres s’entassaient dans la salle des machines.