Tunisie : Des instances indépendantes dénoncent la manière cavalière dont a été limogé Chawki Tabib

26-08-2020

Les instances publiques indépendantes rejettent la décision du chef du gouvernement d’expédition des affaires courantes, Elyes Fakhfakh d’avoir démis de ses fonctions Chawki Tabib, invoquant le décret-loi n’o 120 de l’année 2011, qui « ne l’habilite pas à casser le mandat du président de l’instance nationale de lutte contre la corruption (INLUCC), dont la durée est de six ans d’affilée, sans rupture, ni reconduction ».

Dans un communiqué dont une copie est parvenue à Gnetnews, les présidents du Comité supérieur des droits de l’Homme et des libertés fondamentales, de l’instance nationale de protection des données personnelles, de l’instance supérieure indépendante des élections (ISIE), de la haute autorité indépendante de la Communication audiovisuelle (HAICA), de l’instance nationale de prévention de la torture (INPT), de l’instance nationale de lutte contre la traite des personnes, et de l’instance d’accès à l’information expriment leur mécontentement envers la décision de Fakhfakh, la qualifiant « de réactionnaire, et  contraire aux convenances et à l’éthique des rapports entre le pouvoir exécutif et les instances constitutionnelles de contrôle ».

Lesdites instances rejettent « cette logique vindicative, et l’abus de pouvoir pour un règlement de comptes personnel, étant donné que l’INLUCC s’est saisie du dossier du chef du gouvernement d’expédition des affaires courantes, lié à un conflit d’intérêt ».

« Personne n’est au-dessus de la loi et du questionnement, à condition que les garanties nécessaires et le respect des droits soient réunis », soulignent-ils, affirmant leur « attachement à l’indépendance des instances constitutionnelles publiques et leur refus de toute mainmise dessus, de la part des symboles du pouvoir exécutif. »

Les instances considèrent le fait « de soumettre l’Instance anti-corruption à un contrôle supplémentaire de la part des services de la présidence du gouvernement d’expédition des affaires courantes,  comme étant contraire à la loi qui habilite uniquement la Cour des comptes à procéder au contrôle financier et administratif des instances ».

Les instances se disent totalement solidaires du président de l’INLUCC, le bâtonnier Chawki Tabib, et saluent les efforts déployés par l’instance en matière de lutte contre la corruption, et d’instauration de la culture d’intégrité et de gouvernance.

Elyes Fakhfakh avait démis de ses fonctions Chawki Tabib à la tête de l’INLUCC, lors d’un conseil des ministres tenu lundi à la Kasbah.

Gnetnews