Tunisie : Encore loin du vif du sujet, à trois semaines d’une élection décisive !

26-08-2019

Dans tout juste une semaine, le lundi 02 septembre, commence la campagne électorale, et se poursuivra jusqu’au 13 septembre, en prévision de l’élection présidentielle anticipée de la mi-septembre. Les candidats auront douze jours pour mobiliser, séduire les électeurs, et les convaincre du bien-fondé de leur programme et de leurs choix. En toute logique, les postulants à la fonction présidentielle, dont la liste définitive sera dévoilée le 31 août par l’instance électorale, auront à entrer tout au long de cette période dans le vif du sujet. Que proposent-ils au juste pour sortir la Tunisie de l’ornière, la réformer, la redresser, en redorer le blason sur les plans intérieur et extérieur, et répondre aux attentes des Tunisiens.

Un tel débat de fond est quasiment absent à trois semaines d’un scrutin décisif, qui donnera lieu à l’élection d’un nouveau président de la république au suffrage universel pour un mandat de cinq ans.

Le climat qui était d’emblée dominé par les querelles politiciennes, s’est envenimé encore plus ce week-end, avec l’arrestation vendredi 23 août, du propriétaire de Nesma et candidat à la présidentielle du parti Au cœur de la Tunisie. Une affaire purement judiciaire qui s’invite dans cette dernière phase de précampagne et se transforme en un scandale politique, attisant encore plus le feu de la compétition. Au détriment des principales thématiques devant être évoquées, discutées et analysées par les prétendants à la magistrature suprême.

Celles-ci devront être en cohérence avec les prérogatives accordées par la constitution tunisienne au président de la république, qui est, selon l’article 72, le chef de l’Etat, symbole de son unité, et garant de son indépendance et sa continuité.

Le Président de la République est chargé, selon l’article 77, de représenter l’État, de définir les politiques générales dans les domaines de la défense, des relations étrangères et de la sécurité nationale relative à la protection de l’Etat et du territoire national des menaces intérieures et extérieures…

Il est habilité à nommer et à révoquer à de hautes fonctions, notamment des fonctions militaires, diplomatiques et de la sécurité nationale. Il peut aussi présider des conseils de ministres et dispose de l’initiative législative.

Le président de la république qui partage le pouvoir exécutif avec le chef du gouvernement, comme le veut le régime politique mixte inscrit dans la constitution de 2014, est doté de pouvoirs réels, et son rôle sera déterminant dans la manière où les choses évolueront dans le pays.

De celui qui sortira victorieux des urnes au premier tour de la présidentielle anticipée, ou à défaut au second tour, dépendra le cheminement qui sera emprunter par le pays, par la suite : serait-ce la poursuite et la consolidation de la transition démocratique, de la préservation des droits et libertés, le déblocage des énergies et de l’amorce réelle de cet élan réformateur en vue de redresser le pays et de mettre un point d’arrêt à cette dégradation rampante, ou à l’inverse, serait-ce la consécration de l’ancien système et de pratiques que l’on croyait révolues, et qui ne cessent, au cours de ces dernières années, de tenter de prendre l’ascendant par tous les moyens.

La guerre larvée entre l’ancien et le nouveau ira crescendo pendant cette bataille électorale, ravivée par une certaine nostalgie envers le bon vieux temps, où les choses étaient en apparence mieux organisées, et moins embrouillées.

Le pays qui a réalisé des avancées démocratiques pendant les huit dernières années, a, parallèlement, connu plusieurs reculs, notamment sur le terrain socio-économique, ayant rendu la vie des Tunisiens plus difficile et engendré leur paupérisation. Comme il s’est accommodé du laisser-aller et du laxisme, conséquences naturelles de la faiblesse de l’Etat et de son incapacité à appliquer la loi. C’est dans cette fragilité ambiante, que la corruption, ce fléau qui gangrène notre société, a prospéré.

Notre futur président devant se prévaloir d’exemplarité, d’intégrité et de compétence, devra donner le la pour qu’il soit mis fin à ces dérives, et pour que les Tunisiens puissent retrouver espoir, et se résoudre à prendre le destin de leur pays en main.

La Rédaction