Tunisie : Ennahdha, Echaâb et Attayar rejettent « un gouvernement de compétences nationales »

11-08-2020

L’annonce du chef du gouvernement désigné, Hichem Mechichi, de former un gouvernement de compétences nationales, a été largement rejetée par les partis politiques, notamment ceux représentés au parlement. Même s’ils n’ont pas la même position et la même conception sur la nature du futur gouvernement, Ennahdha, Echaâb, et Attayar, pour ne citer qu’eux, réclament un gouvernement politique, appuyé par l’Assemblée.

Le dirigeant d’Ennahdha, Ali Laaridh, a déclaré que le gouvernement a besoin d’un large soutien politique, pour mettre en œuvre les réformes. « Un gouvernement politique appuyé par l’Assemblée et composé de compétences partisanes, dotées de rayonnement, de compétence et d’intégrité est le mieux à même de régler les problèmes socioéconomiques », a-t-il souligné.

Intervenu hier sur el-Wataniya, Ali Laâridh a considéré qu’un gouvernement non appuyé par les partis politiques allait se heurter à la réalité, car on ne peut laisser de côté les résultats de urnes.

Le mouvement Ennahdha (54 députés) avait appelé lundi au lendemain de la tenue son instance suprême, Majless el-Choura, le week-end dernier à Hammamet, à la formation « d’un gouvernement d’unité nationale, doté d’une large ceinture politique, et tenant compte des équilibres au sein de l’Assemblée et des résultats des élections législatives ».

Le député et dirigeant du mouvement Echaâb, Heykel Mekki, a déclaré que « le mouvement du peuple est, a priori, avec la formation d’un gouvernement politique, étant donné que la vie politique est fondée sur les partis qui devront jouer leur rôle. »

« La constitution tunisienne et le régime politique sont fondés sur les partis, qui ne peuvent-être exclus totalement du pouvoir et du gouvernement », a-t-il souligné, dans une déclaration à Shems.

Selon ses dires, la formation d’un gouvernement de compétences indépendantes aura des difficultés à obtenir la confiance de l’Assemblée.

« Le fait de pousser vers un gouvernement de technocrates, sans la participation des partis, sous prétexte que ceux-ci craignent des élections anticipées, est une question à relativiser par Méchichi, étant donné que les élections anticipées sont meilleures que la non-participation au pouvoir », a-t-il souligné en substance.

Le dirigeant du Courant démocrate, et président du bloc démocratique à l’Assemblée (38 députés), Hichem Ajbouni, a déclaré qu’Attayar avait informé le chef du gouvernement désigné, lors d’une rencontre précédente, qu’ils étaient pour un gouvernement formé par des partis politiques et des technocrates.

Dans une déclaration à la même radio, il a indiqué qu’Attayar avait informé Mechichi que « le gouvernement de technocrates n’est pas capable de faire face aux difficultés que la Tunisie aura à affronter la prochaine période ».

« Attayar était surpris par la décision de formation d’un gouvernement de compétences nationales, et va exprimer sa position lors de sa rencontre ce mardi avec Hichem Mechichi », a-t-il ajouté.

Ajbouni a, par ailleurs, déclaré que « le gouvernement de compétences aura des difficultés à travailler, notamment pour ce qui est du vote des lois, étant donné que le gouvernement de technocrates n’aura pas de ceinture politique et parlementaire ».

Il encore indiqué qu’ils auraient préféré que les ministres de l’actuel gouvernement, ceux qui se prévalent d’une prestation satisfaisante et convaincante, soient, en majorité, maintenus, dans le cadre de la continuité.

Gnetnews