Tunisie/ Enseignement préscolaire : Facultatif, mais doublement nécessaire pour l’enfant et les parents !

28-10-2021

L’enseignement préscolaire est une étape facultative dans le cursus scolaire des enfants de 3 à 6 ans. Néanmoins, cette partie transitoire dans la vie scolaire, qui précède l’intégration de l’école primaire, est souvent cruciale pour l’apprentissage, la socialisation, et le développement intellectuel et émotionnel de l’enfant.

Pour les mères actives, le recours aux établissements de la maternelle, n’est pas seulement une question d’éducation. Etant incapable de garder leurs enfants chez eux à cause des horaires de travail très serrés, elles se trouvent contraintes de payer des sommes conséquentes pour la garde de leurs mômes.

D’autres parents plus exigeants, optent pour le préscolaire, afin de garantir la meilleur avenir scolaire pour leurs enfants.

Garde, éducation, apprentissage, jeux, hygiène et sécurité. A quel prix les parents accèdent-ils à ces avantages ? Avec la modernisation des nouvelles approches éducatives préscolaires, sur quels critères se basent-ils en choisissant l’établissement adéquat ?

Des parents et institutrices ont bien voulu  répondre aux questions de Gnetnews.

D’après Farah, institutrice dans une école maternelle à Tunis, les approches pédagogiques se sont multipliées ces dernières années. Le choix est, par conséquent, vaste pour les parents qui souhaitent assurer la meilleure scolarité à les enfants.

« Les établissements préscolaires forment désormais un secteur compétitif. Un vaste choix s’ouvre aux pères et mères de famille. Entre écoles francophones, traditionnelles, coraniques,  Kottebs, et ceux proposant des techniques modernes d’éducation, certains ne savent plus vers quel établissement se diriger  Â», révèle-t-elle.

Le problème réside dans l’équilibre du programme, qui doit inculquer aux enfants tout ce qui leur sera utile plus tard à l’école primaire, discipline, intégration, et apprentissage efficient, indique-t-elle.

En parlant du jardin d’enfant dans lequel elle travaille depuis une dizaine d’années, elle a souligné que les critères d’admission des instituteurs jouent un rôle important dans le rendement des enfants.

« Nous n’acceptons que les maitres et maitresses diplômés de l’institut supérieur des cadres de l’enfance (Carthage Dermech), qui maitrisent  les outils pédagogiques. Quant aux matières, certaines sont dédiées à la lecture, l’écriture, mathématiques, la récitation et l’oral. D’autres sont consacrées aux besoins basiques des enfants de 3 à 6 ans, jeux manuels, sport, musique et chant. L’important, c’est d’offrir un contenu  de qualité, qui garantit l’évolution intellectuelle et sociale, pour que ces mômes soient confiants et accomplis  en passant au niveau suivant ».

En parlant des méthodes éducatives les plus efficaces, Wafa, mère de Chedly, un garçon de 5 ans, qui travaille dans une entreprise privée de 8h à 17h, a souligné qu’elle était minutieuse dans son choix d’école maternelle, vu qu’elle n’avait pas assez de temps pour gérer outre l’enseignement de son fils.

 « J’ai fait de longues recherches avec mon mari pour tomber finalement sur cette école qui utilise la méthode éducative Montessori. Le principe consiste à laisser libre cours à l’enfant d’évoluer à son rythme, d’apprendre en jouant manuellement, sans lui mettre la pression », a-t-elle ajouté.

« Mais une année est passée, et il ne maitrisait pas encore l’alphabet ni en arabe ni en français, qui sont les bases à l’âge de 4 ans avec l’apprentissage des couleurs. Cette méthode qui m’a séduite s’est avérée au final une arnaque. Je payais 350 dinars le mois. Sans compter, les contributions obligatoires qui me coutait cher, avec des dépenses sur des serviettes hygiéniques pour l’école, savon pharmaceutique, et gel hydroalcoolique », déplore-t-elle.

Cette maman nous a indiqué que plus tard, elle a su aussi qu’il existe qu’une seule école certifiée en Tunisie, qui suit le programme original de Montessori. Elle a été créée par un danois, et se situe à la banlieue nord de Tunis », nous confie-t-elle désappointée.

Cette année Wafa, a inscrit son enfant dans un autre jardin d’enfant du quartier, qui lui a couté 250 dinars. « L’évolution de Chedly était remarquable, après 1 mois. Il m’a récité par cœur l’alphabet en arabe. Mon fils rentre plus épanouie, et tout ça, grâce aux méthodes pédagogiques traditionnelles, qui comptent les matières habituelles à cet âge, lecture, écriture, chant, et d’autres clubs sportifs et culturelles ».

Ghada, maman de Emna, juge de profession, a inscrit sa fille dans un jardin d’enfants très recommandé du quartier d’Ennaser, à 500 dinars le mois.

« Ce tarif inclut le repas de midi et les clubs. Par ailleurs, la directrice, nous impose de contribuer une fois par mois, par un gouter fait maison, pour toute la classe, soit une vingtaine d’enfants. A l’occasion de ce festin, nous sommes obligés aussi d’apporter des serviettes hygiéniques et des petites bouteilles d’eau  », nous dévoile-t-elle.

Selon Ghada, ces établissements se font fortune sur le dos des parents qui n’ont personne pour garder leurs enfants à cet âge. « Avec ce prix, je cherche ma fille à 17h d’une étroite salle de classe qui regorge d’une quinzaine d’enfants. La directrice a du accepter le surplus des inscriptions, à cause de la forte sollicitation de l’établissement Â», nous confie-t-elle, soulignant que le seul avantage qui la soulage, est que sa fille est bien accompagnée, et les instituteurs sont qualifiés.

Pour Manel, aide ménagère, et mère de Adam, âgé de 3 ans, faute de moyens, elle a introduit son fils dans un jardin d’enfant municipal de Cité El Khadhra. « Mon fils n’a pas l’âge d’apprendre,  car je n’ai personne pour le garder quand je travaille ».

En parlant des conditions de ce jardin d’enfant, elle nous a révélé que l’hygiène laisse à désirer. « Mon fils rentre souvent avec des vêtements sales, et parfois je vois des traces de griffures sur sa peau. Les institutrices laissent souvent les enfants livrés à eux mêmes, ils se bagarrent, dorment mal, en étant entassés dans une petite salle, qui accueille une vingtaine d’enfants. Mais je n’ai pas le choix, je dois patienter jusqu’à ce que mes conditions financières s’améliorent… », nous confie-t-elle avec amertume.

Emna Bhira