Tunisie : Ghannouchi rejette le recours à des élections anticipées et plébiscite Mohamed Ennaceur pour diriger le dialogue

23-02-2021

Le président de l’Assemblée des représentants du peuple, Rached Ghannouchi, a déclaré ce mercredi 24 février, que la Tunisie n’est pas dans le contexte de 2013, en allusion à la crise politique aigüe ayant secoué le pays à l’époque. « La révolution a beaucoup plus mûri, les forces contrerévolutionnaires sont plus faibles de ce qu’elles étaient à cette date », a-t-il estimé.

Dans un entretien accordé à Diwan FM, Ghannouchi a indiqué que « les projets de dialogue sont l’alternative aux projets d’impasse, de conflit, et de rejet mutuel, qui conduisent à la rupture et menacent l’unité nationale ».

La solution à la crise politique réside dans le dialogue entre les trois présidents pour parvenir à des solutions consensuelles, a-t-il dit, signalant que le président de la république n’a pas encore réagi à son initiative qui appelle à une rencontre tripartite sous le parrainage de la présidence de la république, afin d’examiner « les obstacles » qui entravent le processus politique.

Des réunions périodiques entre les trois présidents ont eu lieu sous les différents règnes après la révolution, pour discuter des  affaires nationales majeures, et des principaux dossiers politiques, a-t-il dit en substance.

« La Tunisie avait vécu cinq ans dans la politique de consensus qui l’a sauvée de l’effondrement et en a fait l’exception dans le printemps arabe ».

Ghannouchi s’est montré favorable au choix de l’UGTT de proposer l’ancien président de l’Assemblée, Mohamed Ennaceur, pour conduire le dialogue, signalant que celui-ci aura « une teneur économique et une teneur politique inhérente à la loi électorale, à la Cour constitutionnelle… »

Il a estimé légitime l’appel à la révision du régime politique, signalant que cet amendement devra aller dans le sens de la consolidation du régime parlementaire. « On doit arriver à un régime où il y a un parti au pouvoir et un autre dans l’opposition ».

Ghannouchi a estimé que « les conditions ne sont pas, aujourd’hui, propices pour se diriger vers des élections anticipées, étant face à une crise économique doublée d’une crise politique, dont la résolution nécessite des compromis ».

Selon ses dires, la ceinture politique est soudée, chose qui se traduit par une majorité à l’Assemblée. Rached Ghannouchi a de nouveau pris la défense de Nabil Karoui. « Je ne suis pas convaincu que les accusations qui lui sont adressées, sont fondées. Il bénéficie de la présomption d’innocence, il n’est pas condamné et ne devrait pas se trouver en prison », a-t-il asséné.

Sur un autre sujet, le président de l’Assemblée et président d’Ennahdha a considéré la stabilité en Libye comme étant extrêmement importante pour la Tunisie. « Nous ne faisons pas assez pour défendre nos intérêts en Libye, et aider nos frères libyens à profiter de l’expérience tunisienne », a-t-il regretté.

Gnetnews