Tunisie : Kaïs Saïed se prononce sur « le coup d’Etat constitutionnel », et affirme que l’article 80 est déjà en vigueur

27-05-2021

Le président de la république, Kaïs Saïed, a affirmé hier, qu’ »il y a un seul Etat, avec ses institutions, sa diplomatie et ses représentants dans tous les secteurs ».

Dans une allocution prononcée à l’occasion d’une rencontre avec le chef du gouvernement, et chargé de l’intérim à la tête du ministère de l’Intérieur, Hichem Méchichi et du ministre de la Défense nationale, Brahim Bartabi, le chef de l’Etat a déploré la dernière controverse autour du « Coup d’Etat constitutionnel », dans la foulée du document fuité, publié par le site Middle East Eye.

Nécessaire complémentarité entre les institutions

« Ils parlent d’un coup d’Etat constitutionnel, nous sommes déjà sous l’article 80, qui régit l’état d’urgence, le putsch ne pourrait être mené que contre la légalité », a-t-il souligné.

« La constitution tunisienne accorde au président de la république une compétence déterminée, selon des conditions déterminées…et des dispositions déterminées », a-t-il dit. 

« Il est regrettable de focaliser sur une question tranchée par la constitution », a déclaré Saïed, évoquant « une contradiction en soi, le coup d’Etat est le fait de sortir de la légalité ».

« Nous ne sommes pas des tenants de coups d’Etat, et nous ne cherchons pas à sortir de la légalité, nous sommes des tenants de complémentarité entre les institutions dans le cadre d’un seul Etat, indépendamment des positions divergentes, des conceptions, et des approches différentes » …, a-t-il martelé.

Il a appelé à ce qu’il y ait « une totale coordination entre les institutions dans le cadre d’un seul Etat et dans le cadre de la loi ; « ces institutions ne peuvent travailler séparément. »

« Il y a un président de la république, un chef du gouvernement et un président de l’assemblée, devant œuvrer, chacun selon ses compétences, dans le cadre de la complémentarité et de la concertation… ».

Il a estimé que les divergences sont normales même au sein d’un seul parti, évoquant le pluralisme politique au sein du PSD en 1971.

Il a, par ailleurs, appelé à ce qu’un tel débat n’ait pas lieu en public car il touche l’Etat.

25 plaintes envoyées à l’Assemblée par le ministère de la Justice

Au sujet du document fuité, sans le confirmer, ni l’infirmer, Saïed a estimé paradoxal que « l’on devienne objet de reproche, lorsque l’on reçoit une lettre ou une correspondance, c’est le monde à l’envers ».

Il a, par ailleurs, exhorté la justice à jouer pleinement son rôle dans le cadre de ce climat délétère, « le parquet doit agir de son propre chef, et la loi doit être appliquée à tous sur un pied d’égalité ».

Il a révélé qu’ »il existe 25 requêtes transmises par le ministère de le Justice au parlement concernant des députés, mais elles n’ont pas été examinées par l’Assemblée et non pas été discutées en plénière ».

Il a rappelé que l’immunité était levée sur un député ayant commis un accident de la route à Tabarka en 1959, et plusieurs autres fois, il était question de levée de l’immunité, signalant qu’il existe des cas en flagrant délit à l’Assemblée et des députés en état de fuite.

Il appelé le parquet militaire ayant émis un avis de recherche (ndlr contre le député Rached Khiari) à jouer son rôle, estimant qu’il était capable « de le mettre en exécution en un temps record ».

« L’Etat n’est pas fondé sur le règlement de comptes, mais repose sur les institutions et le respect de la loi », a-t-il souligné, se défendant de travailler dans l’obscurité ou de s’allier avec quiconque, « mon seul allié est le peuple ».

Kaïs Saïed a, également, demandé de s’informer sur les résultats de la dernière visite de Méchichi en Libye, en prévision de la visite attendue du président du conseil présidentiel libyen en Tunisie.

Gnetnews