Tunisie : Le gouvernement décide le retrait du PLF complémentaire, après le refus de la BCT de le financer

30-10-2020

Le président de la commission des finances à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), Heykel Mekki, a affirmé ce vendredi 30 octobre que le ministre des Finances l’a informé de l’approbation par le gouvernement, de la demande de la commission, du retrait du projet de loi des finances complémentaire de l’année 2020.

Dans une déclaration aux médias, il a indiqué que la réunion de la commission des Finances prévue aujourd’hui, pour l’examen de ce projet de loi, était annulée, suite à l’acceptation du retrait du projet de loi par le ministère.

La commission des Finances avait annoncé mercredi « son rejet du PLF complémentaire de l’année 2020, dans sa version actuelle, et a demandé son retrait et son réexamen par le gouvernement ».

Le gouvernement de Hichem Mechichi envisage « de couvrir le déficit du budget de l’année 2020, par le financement intérieur, après avoir atteint un seuil sans précédent, soit 13,4 % du PIB ».

Le gouvernement a planifié le recours au financement intérieur qui atteindrait les 14,3 milliards de dinars dans le projet de loi de finances complémentaire, contre 2.4 milliards prévu dans le projet de loi de finances initial.

La BCT a opposé une fin de non-recevoir au gouvernement, et l’ a appelé à revoir sa copie.

Le gouverneur de la BCT, Marouane Abassi, a indiqué que les scénarios du PLF complémentaire, comprenaient des risques élevés susceptibles de se refléter sur les équilibres globaux.

Lors d’une audition devant la commission des Finances, Abassi a pointé les graves dangers inflationnistes et la spirale des prix et des salaires, ainsi qu’une atteinte à la croissance économique, l’érosion du pouvoir d’achat du citoyen, et sa capacité d’épargne outre l’entrave à l’investissement.

Il a, par ailleurs, évoqué la dégradation des équilibres extérieurs, les fortes pressions sur les réserves et le taux de change, ainsi que les prévisions du glissement de la monnaie et la hausse de l’inflation importée.

Une telle politique est à même de porter atteinte à la crédibilité de la BCT, ainsi qu’à sa mission principale qui concerne la préservation de la stabilité des prix, et son incapacité à maitriser les anticipations inflationnistes, selon Abassi.

Elle donnera lieu, également, à une mauvaise appréciation des investisseurs, organisations internationales, et agences de notation quant à la capacité du gouvernement à mettre un terme au déséquilibre budgétaire, ainsi qu’à des difficultés d’accéder aux marchés mondiaux, a ajouté, en substance, le chef de l’Institut d’émission.

Gnetnews