Tunisie : Les départs collectifs vont impacter la cohésion du mouvement, les démissionnaires auraient pu attendre le Congrès (Ghannouchi)

28-09-2021

Le président de l’Assemblée suspendue, et président d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, a dit « regretter vivement les démissions survenues à Ennahdha, qui vont, sans doute, impacter le mouvement et sa cohésion ».

Dans sa première réaction à la démission de 131 membres d’Ennahdha, y compris des dirigeants de premier plan, Ghannouchi a indiqué ce mardi 28 septembre, dans un entretien accordé à al-Jazeera.net, que son mouvement « a investi dans les démissionnaires pendant des dizaines d’années, ce sont des militants au sein de ses structures ».

« Ces frères se sont précipités à annoncer leur démission, bien que le dialogue et la recherche de solutions médianes étaient possibles, dans la perspective du prochain congrès prévu avant la fin de cette année, mais à chacun son appréciation, » a-t-il souligné.

Il a ajouté que « ce type de démissions incitait le mouvement à développer ses institutions, afin qu’elles soient des espaces de dialogue et d’inclusion de toutes les orientations existantes en son sein, ainsi que de renouveau au niveau de la pensée, de la politique et du discours, en ouvrant la voie devant les jeunes dirigeants ». « Nous sommes déterminés à ce que la réconciliation ait toute sa place, et que la concorde ne soit pas rompue du fait de ces différends », a-t-il indiqué en substance.

Sur un autre plan, Ghannouchi s’est dit être toujours attaché à sa qualité parlementaire, à la tête de l’ARP.

Divergences grandissantes

Samir Dilou avait la veille imputé cette démission collective à de nombreuses erreurs (en termes de choix politiques, d’alliance…) commises par Ennahdha, dont Ghannouchi assume, en grande partie, la responsabilité.

Intervenu hier soir sur la chaîne Attessia, l’ex-dirigeant d’Ennahdha a ajouté que « la politique n’a aucun sens si elle n’est pas au service des gens et ne contribue pas à en améliorer le quotidien ».

Il a affirmé que « les différends entre Ghannouchi et son entourage d’un côté, et les démissionnaires de l’autre allaient en s’accroissant. L’écart n’a eu de cesse de se creuser entre ces deux lignes parallèles au point qu’il n’y ait plus de points de convergence, d’où cette décision de départ collectif », a-t-il souligné.

Samir Dilou  a ajouté que la direction actuelle du mouvement n’avait pas réagi à cette démission collective, « personne ne nous a appelés », a-t-il lancé.

Son collègue Abdellatif Mekki, qui fait partie des démissionnaires, avait auparavant déclaré que la direction du mouvement souhaitait leur départ.

Intervenu lundi sur Mosaïque, il a affirmé que « les divergences entre les deux courantes de pensée au sein d’Ennahdha remontaient à 2011 ». Il y avait d’un côté une sensibilité attachée aux considérations idéologiques et confessionnelles, et de l’autre une tendance plus pragmatique, ayant une vision plus moderne de la gestion de la chose publique, a-t-il déclaré en substance.

Il a imputé ce retrait collectif à l’absence de toute intention d’ »une réforme immédiate ou stratégique » du mouvement.

Gnetnews