Tunisie : Les députés risquent gros, toutes les éventualités sont envisageables (Collectif de défense)

04-04-2022

Une conférence de presse a été organisée ce lundi à Tunis par le  Comité de défense des députés qui ont été entendus par la brigade antiterroriste, suite à la tenue à distance de la plénière de l’Assemblée des représentants du peuple, mercredi dernier.

Elle a réuni plusieurs figures politiques qui dénoncent les mesures exceptionnelles prises par Kaïs Saïed au soir du 25 juillet, les considérant comme coup d’Etat, mais aussi la dissolution de l’Assemblée par le chef de l’Etat.

Le premier à avoir pris la parole est l’ancien bâtonnier, Abderrazak Kilani. Il a, tout abord, fait savoir que «depuis la dissolution du Parlement, les Tunisiens vivent dans un Etat sans institutions ».

Evoquant la convocation devant la brigade anti-terroriste des sept députés dans l’affaire de la plénière, Kilani a affirmé qu’il s’agit là d’une preuve que « le pouvoir exclusif utilise la justice afin d’appliquer un pouvoir exécutif ». « Les personnalités politiques, les médias ainsi que les avocats sont tous menacés par cette méthode utilisée par le chef de l’Etat », a-t-il souligné.

« Les députés ayant organisé cette plénière se sont appuyés sur l’article 80 qui permet au Parlement de demeurer en session permanente et ont donc pleinement le droit de la tenir », a-t-il précisé.

Abderrazak Kilani a aussi affirmé que les accusations adressées aux sept députés en question sont passibles de la peine de mort. « C’est une honte pour la Tunisie et sa transition démocratique », a-t-il conclu.

De son côté, Samir Dilou, qui s’est présenté à cette conférence comme étant le représentant des députés convoqués par la justice, a estimé qu’il s’agit une fois de plus d’une tentative d’intimidation émanant du président de la république, Kaïs Saïed. « S’il croit  nous faire peur avec cette décision, il faut qu’il sache que nous ne sommes pas effrayés » a-t-il souligné en substance.

Dans un déclaration à Gnetnews en marge de cette conférence de presse, Samir Dilou a affirmé à  que les députés qui étaient entendus par la brigade antiterroriste seront auditionnés ce mardi 4 avril par le ministère public. « D’après ce dont ils font l’objet, ils sont accusés d’atteinte à la sureté de l’Etat, comme le stipule l’article 72 du code pénal, et cela est passible de la peine de mort », a-t-il dit.

« Ils peuvent être maintenus en état de liberté à disposition de l’enquête, ils peuvent être également arrêtés…Tous les scénarios sont envisageables », a-t-il ajouté.

Bechir Essid, avocat et ancien bâtonnier, a déclaré que « ces pratiques ressemblent à un retour en arrière comme c’était le cas sous les ères Bourguiba et Ben Ali ». Il a également estimé que « c’est une affaire purement politique et non constitutionnelle ».

La comparution des sept députés devant la justice constitue un dépassement dangereux, a déclaré Ahmed Nejib Chebbi. « Kaïs Saïed peut mettre tous les députes en prison, cela ne réglera rien», a-t-il souligné.

Il a dans ce sens appelé la société civile et les personnalités politiques à s’unir afin de sortir de cette crise politique sans précédent et tracer un nouveau chemin pour la Tunisie.

Retrouvez ci-dessus les déclarations de Abderrazak Kilani, Samir Dilou et Ahmed Nejib Chebbi.

Wissal Ayadi