Tunisie : Saïed cite Laurel et Hardy, et plaide à Paris pour un nouvel ordre mondial fondé sur les grands idéaux

22-06-2023

Le président de la république, Kaïs Saïed, a plaidé ce jeudi 22 Juin à Paris, pour un nouvel ordre mondial fondé sur la justice, et l’équité, où l’on portera un seul regard sur l’humanité. « Que l’on soit Africains, Asiatiques, Européens ou Américains, l’on appartient tous à la même race, soit la race humaine », a-t-il souligné.

Intervenu à une table ronde de haut niveau autour de « la solidarité pour sortir du piège de la dette », tenue en marge du Sommet de Paris « pour un nouveau pacte financier mondial », Saïed a dénoncé « les inégalités qui ne cessent de se creuser entre le Nord et le Sud », signalant que « les pays du Sud veulent être partenaires dans la construction d’un nouveau monde profitable, à l’ensemble de l’humanité, selon un travail d’égal à égal pour réaliser les grands idéaux que nous avons en partage ».

Commençant son propos en Français, lors de ce cercle de débat auquel ont pris part les présidents tchadien et Seri-lankais, le Premier ministre Rwandais, la Directrice Générale du Fonds monétaire international, le président du groupe de la banque africaine de développement, ainsi de hauts responsables d’organismes financiers, régionaux et internationaux, Saïed a indiqué que « l’on est passé de Charlie Chapelin à Laurel et Hardy ».

Kaïs Saïed saluant Kristalina Georgieva avec le sourire, même s'il n'a pas été tendre avec le FMI...
Kaïs Saïed saluant Kristalina Georgieva avec le sourire, même s’il n’a pas été tendre avec le FMI…

« Vous vous souvenez de la chanson par laquelle commençait chaque film de ce duo, c’est moi Laurel et toi Hardy, c’est moi le grand et toi le petit. Avec cet esprit de grand et de petit, on ne peut pas aller vers un monde meilleur, et on n’est pas petits », a-t-il affirmé.

Pour évoquer la situation des finances dans le monde, Kaïs Saïed a repris un extrait du discours de François Hollande au Bourget (pendant la campagne présidentielle de 2012), où il avait affirmé : « mon véritable adversaire n’a pas de nom, n’a pas de visage, n’a pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature et pourtant il gouverne, cet adversaire c’est le monde des finances ».

« Le temps est venu pour le monde de penser différemment »

Passant à la langue arabe, le chef de l’Etat s’est interrogé : « Pourrait-on construire un nouveau système des finances mondial selon les mêmes principes et les mêmes critères mis en place après la deuxième guerre mondiale ? »

Les pays du Sud étaient à l’époque colonisés, et n’ont pas contribué à mettre les règles de Bretton Woods, a-t-il lancé, en présence de Kristalina Georgieva à la tête du Fonds monétaire international, l’institution financière incarnant aux côtés de la banque mondiale, ces accords.

Le chef de l’Etat a considéré cette conception, comme étant désuète, et n’est plus propre à l’emploi. « Nous devons penser d’une manière totalement différente par rapport à la réflexion ayant régné pendant des années et des années qui n’a fait qu’approfondir les disparités entre la partie Nord du Globe, et la partie sud ; laquelle souffre depuis sept décennies de dénuement et de pauvreté ».

« Le temps est venu pour le monde de penser différemment et de regarder le passé et ses douleurs, et ceux qui en ont été à l’origine. Pourquoi dans certains pays d’Afrique, l’espérance de vie ne dépasse pas les 40 ans seulement, pourquoi les enfants meurent dans notre continent de faim et de guerre ? »

Le président de la république a considéré que « l’on ne pouvait reconstruire, sans parler franchement, et sans affronter la réalité avec responsabilité ». « Qui assume la responsabilité du réchauffement climatique, et du déficit pluviométrique ? Qui assume la responsabilité des pandémies ? s’est-il demandé, affirmant que les pays du Sud en ont lourdement payé le prix, sans en être responsables.

Kaïs Saïed a réitéré son appel à la restitution des avoirs spoliés. Les fonds spoliés dorment dans les banques du Nord, pourquoi ne reviennent-ils pas à nos peuples ?, s’est-il demandé, considérant que les prêts accordés à de nombreux pays ont été extorqués, et n’ont pas profité aux populations.

Gnetnews