Tunisie/ Soldes d’hiver : En quête de bonnes affaires, les Tunisiens repoussés par des tickets rédhibitoires (Reportage)

04-02-2022

Les soldes d’hiver ont démarré en Tunisie le 01 février 2022, pour se poursuivre jusqu’au 13 mars. Il s’agit d’une période tant attendue par les commerces, qui peinent déjà à vendre leur marchandise, en pleine crise économique, avec un pouvoir d’achat en régression, et une inflation sans précédent.

En effet, lors de cette première démarque, l’affluence des consommateurs demeure timide. Derrière cette réticence, un mauvais Timing des soldes après un mois de janvier plein de dépenses pour les fêtes, ou les acheteurs préfèrent attendre les 3ème et 4ème démarques pour des réductions plus intéressantes de 60 et 70%.

Gnetnews s’est rendu dans quelques commerces pour découvrir les raisons derrière ce désintérêt ambiant des citoyens pour les soldes.

Dans un centre commercial à la Marsa, où sont concentrées les principales enseignes étrangères de vêtements, maroquinerie, accessoires, décoration et parfums, les visiteurs contemplent les tickets de prix, tournent en rond dans les rayons, mais rares sont les personnes qui passent à la caisse.

« Les réductions allant de 10 à 30% ne sont pas tentantes jusqu’à maintenant. Ce ne sera pas une bonne affaire pour moi, d’acheter une pièce de 500 dinars qui se vend à 430 dt après une réduction de 20% », a commenté Miriam, une jeune cadre dans une société, qui a profité de sa pause déjeuner pour se rendre au Mall.

 « Je préfère attendre les 3ème et 4ème démarques, avant de céder aux achats, qui seront également effectués en fonction de mes besoins», nous confie-t-elle.

En effet, c’est la cherté qui est la principale cause de cette réticence dans les commerces. Un manteau à 500dt, une doudoune à pas moins de 200dt, des jeans à 80 dt et des chaussures à pas moins de 150 dt ; des tarifs qui ne semblent pas avoir pris en compte les budgets restreints des Tunisiens …Avec des citoyens qui peinent à finir le mois, leurs crédits qui s’accumulent, et leur incapacité de gérer le quotidien, acheter des vêtements est devenu le dernier de leurs soucis.

Par ailleurs, parmi les autres clients qui se sont permis ce privilège de dépenser pour des vêtements, certains ont dénoncé les fausses promotions, et réclament plus de transparence auprès des magasins.

«Il faut que les anciens et nouveaux prix soient affichés pour qu’on sache s’il y a eu vraiment une réduction. Car, en décollant les étiquettes rouges des soldes, on s’aperçoit pas mal de fois, qu’il s’agit d’une promotion mensongère…Un acte qui a malheureusement discrédité les soldes en Tunisie », a déploré une autre mère de famille, en fouillant entre les cintres.

Les autres réclamations des Tunisiens, concernent la médiocrité de la qualité des vêtements durant les soldes.  Un cinquantenaire qui faisait du lèche-vitrine devant un magasin pour homme, a évoqué l’envahissement de nos marchés par la marchandise turque. « Pourtant les vêtements fabriqués localement sont encore moins chers. Je ne comprends pas cette obsession des jeunes par les produits importés,  dont les prix sont plus élevés et la qualité laisse à désirer  », s’interroge-t-il.

Nous avons aussi échangé avec une vendeuse dans une boutique pour femmes, concernant les collections exposées. Elle nous a répondu que c’étaient des anciennes collections qui datent d’un an ou deux et parfois plus.

 « Les gens ont différents gouts et peuvent parfois être attirés par des pièces vintage…Mais la plupart du temps, ce sont les articles les plus stylés et plus ou moins neufs, qui attirent les clientes. Un seul obstacle pour elles, c’est que leurs prix sont chers et s’approchent des tarifs des nouvelles collections…Un dilemme qui repousse aussi les clientes… ».

Par ailleurs, malgré la baisse de l’affluence des Tunisiens, le président de la chambre syndicale nationale du commerce du prêt à porter, Mohsen Ben Sassi, reste optimiste.

Intervenu hier, sur les ondes de Mosaique Fm, il a souligné qu’il est encore tôt pour évaluer les soldes de l’hiver 2022. « Sachant qu’ils ont débuté un mardi, en milieu de semaine, il est préférable d’attendre ce weekend et les semaines à venir pour juger… », a-t-il conclu.  

Emna Bhira